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Conférence de presse de rentrée Se Unsa
Article publié le mercredi 29 août 2018.
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Intervention Stéphane Crochet,

secrétaire général du Se UNSA

Le 29 août 2018

 

Après 15 mois de politique du mouvement perpétuel, rue de Grenelle comme dans les autres ministères, cette année scolaire qui débute est marquée par l’inquiétude, la lassitude et la tension qui montent chez les personnels de l’Éducation nationale.

Les personnels n’en peuvent plus des politiques successives qui leur demandent sans cesse de défaire et refaire et déconsidèrent à chaque fois ce qu’ils faisaient juste avant.

Il y a un an, c’était la première rentrée d’un nouveau ministre, d’un nouveau gouvernement et, au-delà, d’une nouvelle majorité. La légitimité démocratique et le bénéfice du doute avaient placé les enseignants dans une attitude prudente mais ouverte.

Depuis, la volonté du gouvernement de faire et de faire vite est confirmée mais, le plus souvent, sans jamais dire complètement ce qui est prévu voire peut-être sans forcément avoir complètement prévu le point d’arrivée.

Pour le SE-Unsa, les conditions de la mĂ©fiance voire de la dĂ©fiance sont rĂ©unies. Ce quinquennat est en passe de rater l’essentiel en Ă©ducation : l’adhĂ©sion des enseignants pourtant toujours prĂŞts Ă  se mobiliser pour la rĂ©ussite de leurs Ă©lèves.

Certaines perspectives pourraient être intéressantes en théorie, qu’il s’agisse du futur bac général et technologique, de la rénovation de la voie professionnelle ou encore de la rénovation de la gestion des ressources humaines mais la méthode politique globale nous interdit d’être optimistes.

En cette rentrée, le président et, derrière lui, les ministres confirment vouloir garder le cap. Pour le SE-Unsa, programmer le Gps cela veut dire entrer clairement la destination et recalculer les itinéraires en chemin pour tenir compte des nouvelles données. De plus, le SE-Unsa veut rappeler au gouvernement du 80 km/h que le Gps n’exonère pas le conducteur de regarder la route, de contrôler son allure pour tenir compte de l’état de la chaussée, de la circulation ou des conditions météorologiques et, surtout, cela ne l’exonère pas de prendre soin de ses passagers et de leur demander leur avis. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas à l’Éducation nationale.

Dans le premier degrĂ© comme au collège, après des « recommandations Â» en avril, des modifications de programmes en français, en mathĂ©matiques et en Ă©ducation morale et civique sont parues pendant l’étĂ©. Des repères annuels vont bientĂ´t ĂŞtre publiĂ©s. Tout cela pour une mise en Ĺ“uvre immĂ©diate en dĂ©pit de leur travail de planification et de conception. Les enseignants du premier degrĂ© et du collège se dĂ©sespèrent de ces changements incessants, des injonctions Ă  faire autrement et de la petite musique qui dit que ce qu’ils faisaient juste avant n’était pas sĂ©rieux.

Au lycée général et technologique comme dans la voie professionnelle, l’inquiétude, la lassitude et la tension des professionnels sont également bien présentes. Elles proviennent du flou dans lequel ils sont face aux changements induits pour le nouveau bac, tout en sachant qu’ensuite il faudra aller très vite.

Pour l’heure, les grandes lignes du nouveau bac sont arrĂŞtĂ©es (nombre et noms des spĂ©cialitĂ©s, types d’épreuves et coefficients) mais il reste Ă  dĂ©terminer tous les contenus d’enseignement dans les deux mois qui arrivent afin que les Ă©lèves de seconde et leurs familles aient rapidement de la visibilitĂ© sur les spĂ©cialitĂ©s qu’ils devront choisir. Il faudra que chaque lycĂ©e prĂ©pare son offre de formation dans l’urgence. En classe, il faudra aussi prĂ©parer les Ă©lèves aux nouveaux types d’épreuves. En français, c’est dès l’annĂ©e prochaine que les Ă©lèves passeront ces nouvelles Ă©preuves et leurs professeurs voudraient pouvoir les travailler dès cette annĂ©e de seconde.

 

Au lycĂ©e professionnel, on ne connaĂ®t que les grandes orientations de sa transformation. Instruits par le passĂ© et alors que le gouvernement veut faire des Ă©conomies, les personnels craignent des rĂ©cupĂ©rations de postes et des conditions d’enseignement encore plus difficiles pour les Ă©lèves les plus fragiles. LĂ  aussi, impossible d’anticiper puisque les grilles horaires ne sont pas connues !

Le ministre se veut rassurant mais il faut très vite apporter des éléments concrets comme il s’y est engagé dans un courrier adressé cet été à l’intersyndicale voie pro dont le SE-Unsa fait partie.

Après 15 mois, les personnels ont bien entendu que la dĂ©termination ministĂ©rielle est sans faille mais ils ont aussi appris que ce sont eux, sur le terrain, qui doivent composer pour mettre en Ĺ“uvre les dĂ©cisions : c’est le cas pourDevoirs faits, pour les rythmes dans le premier degrĂ© ou le retour en arrière sur la rĂ©forme du collège.

Le tĂ©lĂ©phone portable est un de ces exemples, mĂŞme si l’enjeu pour notre système Ă©ducatif n’est pas de mĂŞme nature. Après des mois de communication sur le sujet, la loi s’est donnĂ© la posture de l’autoritĂ© qui interdit tout en renvoyant aux règlements intĂ©rieurs la dĂ©finition des conditions de l’usage du tĂ©lĂ©phone, y compris la reconnaissance des usages pĂ©dagogiques pourtant nĂ©cessaires.

Du cĂ´tĂ© de leur carrière et de leur pouvoir d’achat,les enseignants sont Ă©galement plus que mĂ©fiants. Les annonces se sont multipliĂ©es, qu’elles soient propres Ă  l’Éducation nationale ou qu’elles concernent toute la Fonction publique ou tous les salariĂ©s. Pour l’Éducation nationale, le gouvernement a annoncĂ©, dans l’étĂ©, le dĂ©veloppement du pouvoir d’achat des enseignants par les heures supplĂ©mentaires, la nĂ©cessitĂ© d’introduire une part de mĂ©rite, le dĂ©veloppement des postes Ă  profil, le renforcement de la formation continue obligatoire « dans le respect des apprentissages des Ă©lèves Â». Pour la Fonction publique, il y a les chantiers ouverts sur la rĂ©munĂ©ration au mĂ©rite Ă©videmment, mais aussi le recours accru aux personnels sous contrat et la rĂ©duction drastique des instances paritaires oĂą siègent les reprĂ©sentants des personnels qui protègent de l’arbitraire. Et comme tous les salariĂ©s, les enseignants sont inquiets de la rĂ©forme des retraites.

Le gouvernement a choisi le cĹ“ur de l’étĂ© pour faire ces annonces pour l’éducation suite Ă  Cap 2022, ce comitĂ© d’experts chargĂ©s de faire des propositions pour moderniser l’État.

Si le Premier ministre repousse l’idée de créer un nouveau corps du second degré avec un temps de service supérieur à celui des professeurs certifiés, la feuille de route pour l’Éducation de Matignon tente de remettre en perspective le projet présidentiel pour l’École tout en renforçant sa coloration libérale.

Nous nous sommes exprimés par communiqué de presse dans l’été sur ces annonces et je viens de revenir sur un certain nombre d’entre-elles. Il y a beaucoup à dire sur les autres aussi mais pour ne pas être trop long, je ne fais que citer les sujets (...)

Il y a les sujets qui sont dans la feuille de route et il y a ceux qui n’y sont pas.

Pour le SE-Unsa, il manque des sujets importantscomme l’offre éducative sur l’ensemble du territoire, qu’il s’agisse du milieu rural ou des territoires spécifiques comme l’académie de Créteil, celles de Versailles, de Guyane ou de Mayotte, l’orientation des élèves, la scolarisation des élèves en situation de handicap ou la direction d’école.

Pour l’École en zone rurale, il y a urgence à travailler une offre éducative de qualité en milieu rural pour dépasser les seuls effets des cartes scolaires annuelles qui suppriment des classes au gré des baisses démographiques.

De la même façon, les académies de Créteil, Versailles, de Guyane et de Mayotte sont face à des défis de recrutement et de formation des personnels pour lesquels les dédoublements en Cp et Ce1 et la future prime Rep+ ne sont pas suffisants.

S’agissant de l’orientation, la Loi pour choisir son avenir professionnel a confiĂ© l’information Ă  l’orientation aux rĂ©gions. Elles auront aussi un rĂ´le important Ă  jouer pour les 54 h annuelles d’orientation au lycĂ©e. Les psychologues de l’Éducation nationale-Edo, ex conseillers d’orientation psychologues, sont inquiets. Ils s’interrogent sur la mise en Ĺ“uvre du volet information Ă  l’orientation par les rĂ©gions dans les Eple et sur le maintien des Cio. Ils sont mobilisĂ©s dans une intersyndicale Ă  laquelle participe le SE-Unsa.

S’agissant de la scolarisation des Ă©lèves en situation de handicap, les ministres Blanquer et Cluzel ont rĂ©itĂ©rĂ© des annonces dans l’étĂ© sans que l’on sache concrètement comment on avance alors que c’est une nĂ©cessitĂ© de stabiliser les modalitĂ©s d’une inclusion scolaire rĂ©ussie pour les Ă©lèves concernĂ©s comme pour le reste de l’École.

Pour la direction d’école, une mission parlementaire flash a rendu ses conclusions dans l’été et le sujet est inscrit à l’ordre du jour de l’agenda social pour début 2019. Le rapport fait des constats que nous partageons et fait des propositions ambitieuses, y compris en termes de moyens. Nous ne les partageons pas toutes, en particulier celle de la création d’un nouveau corps, mais nous voudrions savoir si la détermination à avancer est partagée par le gouvernement.

Ă€ ces grands sujets s’ajoutent de nombreux dossiers catĂ©goriels qui seront traitĂ©s dans le cadre de l’agenda social. L’agenda social, d’ailleurs, est confortĂ© par le communiquĂ© de presse de Matignon. Sur cette mĂ©thode de l’agenda social, nous voulons redire que nous sommes satisfaits d’avoir obtenu ces discussions et cette planification des sujets. Les personnels ont des attentes fortes quant Ă  la mise en Ĺ“uvre de leurs nouvelles carrières et la correction des premières applications de la mesure de la valeur professionnelle, leur mobilitĂ© gĂ©ographique ou leur parcours professionnel. RĂ©pondre Ă  ces attentes serait un gage important de la reconnaissance du ministre. La bataille, durant des mois, pour obtenir les promotions hors-classe 2018 dans le cadre des nouvelles carrières, hypothĂ©quait le bon dĂ©roulement de cet agenda social. Leur publication en juillet en respectant les engagements lève cette hypothèque.

C’est donc une nouvelle année scolaire chargée en sujets et en dossiers qui s’ouvre, d’autant que nous ne sommes jamais à l’abri qu’un autre sujet éducatif populaire surgisse en cas de trou d’air politique de l’exécutif.

Pour cette rentrée 2018, le SE-Unsa veut s’adresser aux enseignants, nos collègues, et aux parents d’élèves pour leur dire qu’ensemble nous devons protéger l’École de la politique politicienne qui veut absolument transformer une alternance politique en alternance éducative.

Au SE-Unsa, nous pensons qu’ensemble, parents et enseignants, nous devons affirmer, nous devons témoigner que nos élèves, nos enfants doivent bien sûr toujours mieux développer leur savoir lire, écrire, compter et leur respect d’autrui mais que cette formule populaire est réductrice. Nous souhaitons que le ministre abandonne ces éléments de langage. Nous savons que cette formule ne peut résumer ce que nos élèves, nos enfants, devraient faire et développer à l’école et au collège. Nos enfants, nos élèves, n’attendent pas d’être adultes pour réfléchir, comprendre, inventer et découvrir. C’est même comme ça qu’ils apprennent et se construisent.

Si la mise en œuvre des dernières recommandations pédagogiques devait aboutir à une vie d’élève s’entraînant à des exercices scolaires pour répondre à des tests standardisés et réguliers, l’École ne ferait qu’étouffer leur curiosité et leur motivation, en particulier pour les plus fragiles et les moins scolaires. Nous sommes convaincus que ce n’est pas ce que les parents veulent pour leurs enfants.

Ensemble, enseignants et parents d’élèves, nous devons affirmer que la vie de la classe, les projets collectifs et les attentions individuelles sont essentiels à la réussite de chacun des élèves. Nous devons donc affirmer qu’enseigner est un acte complexe qui travaille sur de l’humain et qu’à ce titre, des préconisations nationales normées ne peuvent être que des repères, des repères utiles mais seulement pour étayer un travail collectif de conception, d’accompagnement et d’émancipation. Je voudrais insister sur ce dernier mot, l’émancipation. Au SE-Unsa, syndicat promoteur de la laïcité, nous voudrions que le pouvoir politique porte un message clair et fort sur la laïcité alors que le président s’est jusqu’ici employé à surtout rassurer les religions.

Le SE-Unsa estime que pour être utile à l’École et aux personnels, à notre place d’organisation syndicale, nous devons sécuriser nos collègues qui prendront le temps de donner du sens à tout ce qui tombe au jour le jour de la rue de Grenelle. Enseigner est un métier qui a du sens.

« Agir aujourd’hui, penser l’avenir Â», est la formule que le SE-Unsa propose aux enseignants pour dĂ©finir leur mĂ©tier mais aussi leurs exigences envers le pouvoir politique.

Au SE-Unsa, nous jugeons que la politique conduite vise davantage la conquĂŞte Ă©lectorale par le mouvement En Marche que la construction de l’avenir.

Par ce slogan, nous proposons à nos collègues de réaffirmer, aux yeux de tous, qu’ils sont mobilisés tous les jours dans leurs écoles, dans leurs établissements, avec leurs élèves pour l’avenir de chacun d’entre eux et, globalement, pour l’avenir d’un pays qui est miné par ses fractures.

Le SE-Unsa ne dit pas au gouvernement que le défi est facile à relever mais que, pour réussir, il faut cesser de vouloir cliver sans cesse et se poser comme les sauveurs d’un pays ou d’une École qui seraient à la dérive.

La réussite de l’École repose sur ses personnels. Les personnels, pour faire réussir l’École, ont besoin de visibilité et de soutien. Ces deux conditions ne sont pas réunies mais il n’est pas trop tard pour bien faire.

 
 
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