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Recommandations pĂ©dagogiques au BO : dĂ©marche surprenante, contenu sans intĂ©rĂŞt
Article publié le jeudi 26 avril 2018.
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En signant de sa main quatre notes de service, le ministre s’adresse aux enseignants pour leur faire des recommandations pédagogiques. Ces recommandations, concernant l’enseignement primaire et pour certaines le collège, font suite aux évaluations PIRLS (lecture) et TIMSS (maths). Elles traitent de la lecture, de l’enseignement de la grammaire et du vocabulaire, de la résolution de problème et de l’enseignement du calcul.

 

 
 
Le contenu
Ces textes mĂ©langent des lieux communs, des prĂ©conisations vagues avec d’autres très dĂ©taillĂ©es, le tout sous-tendu par une conception plutĂ´t archaĂŻque des apprentissages. Il faut expliciter, systĂ©matiser, modĂ©liser, entraĂ®ner, automatiser, aller du simple vers le complexe... est-ce un rappel des Ă©lĂ©ments faisant Ă©videmment partie de l’enseignement ? Est-ce une injonction Ă  le faire davantage en excluant d’autres approches comme les approches intĂ©gratives, la pĂ©dagogie de projet, les situations complexes ? 
 
L’exemple de la lecture
Par ailleurs, ces textes ne sont pas concentrĂ©s sur ce qui pose le plus problème Ă  nos Ă©lèves. Ainsi, le dĂ©codage, la fluence et la lecture de textes littĂ©raires sont très prĂ©sents dans la note sur la lecture. Or, c’est bien la comprĂ©hension, notamment de l’implicite, qui pĂŞche le plus. Les textes littĂ©raires sont abondamment recommandĂ©s alors qu’ils sont dĂ©jĂ  beaucoup travaillĂ©s Ă  l’école et que les Ă©lèves français Ă©chouent tout particulièrement dans la comprĂ©hension des textes informatifs. L’instruction sur la lecture est complĂ©tĂ©e par un guide Pour enseigner la lecture et l’écriture au CP : 131 pages promouvant l’apprentissage syllabique et prenant la forme d’un argumentaire s’appuyant sur des cautions scientifiques.  
 
L’avis du SE-Unsa
Ces quatre notes de service sont disparates et pas toujours très prĂ©cises. En commentaire accompagnant ce BO, le ministre a dĂ©clarĂ© que « la libertĂ© pĂ©dagogique n’était pas l’anarchisme pĂ©dagogique » ; le SE-Unsa lui rappelle que l’efficacitĂ© ne rime pas non plus avec l’archaĂŻsme. 
Le SE-Unsa demande que le ministère propose plutĂ´t aux enseignants des formations de qualitĂ©, s’appuyant sur les dernières avancĂ©es de la recherche pour les aider Ă  mettre en Ĺ“uvre les programmes de 2015 et 2016.

 

  1. Le BO spécial et le guide pour enseigner la lecture et l’écriture au CP

Le BO spécial est composé de 4 notes de service sans portée réglementaire. La seule référence qui s’impose aux enseignants, ce sont les programmes.

Ces 4 notes de service :

« Lecture : construire le parcours d'un lecteur autonome Â» concerne l’école primaire et le collège

« Enseignement de la grammaire et du vocabulaire : un enjeu majeur pour la maĂ®trise de la langue française Â» concerne les cycles 2, 3 et 4

« Enseignement du calcul : un enjeu majeur pour la maĂ®trise des principaux Ă©lĂ©ments de mathĂ©matiques Ă  l'Ă©cole primaire Â»

« La rĂ©solution de problèmes Ă  l'Ă©cole Ă©lĂ©mentaire Â»

            Elles ne contiennent pas de « rĂ©vĂ©lations Â» pĂ©dagogiques mais ont pour point commun de prĂ´ner une pĂ©dagogie « explicite Â», conçue comme une progression structurĂ©e du simple au complexe, fondĂ©e sur l’acquisition d’automatismes et sur la pratique d’exercices plutĂ´t « traditionnels Â».

Ces exercices sont présentés comme ayant fait la preuve de leur efficacité, y compris avec les élèves les plus fragiles. On peut juste se poser la question de pourquoi il y avait de l’échec scolaire au moment où l’école ne fonctionnait que sur ce modèle-là.

Ces notes de service, ainsi que le guide publiĂ© sur Ă©duscol  

http://cache.media.eduscol.education.fr/file/Actualites/50/3/Lecture-ecriture_PM2_936503.pdf  ,

sont présentés comme s’appuyant sur des discours scientifiques irréfutables. Ils ne font pas de place à la nécessité de donner du sens aux activités d’apprentissage pour faciliter l’adhésion des élèves et leur motivation interne et remettent en cause certaines démarches conseillées dans les programmes.

 

  1. La communication du ministre et du syndicat

 

Cette publication est accompagnĂ©e d’un plan de communication du ministre, en particulier une double page dans le Parisien d’aujourd’hui, qui va au-delĂ  des recommandations pĂ©dagogiques elles-mĂŞmes, pour s’adresser au grand public. On retrouve dans cette communication le « populisme politique Â» beaucoup trop frĂ©quent en Ă©ducation, qui consiste Ă  communiquer sur un programme d’action publique « flattant les attentes perçues de la population sans tenir compte des propositions et des connaissances produits dans le cours de l’action publique par les corps intermĂ©diaires ou les spĂ©cialistes du sujet Â» (X.Pons).

Ainsi, le ministre met en avant la mĂ©thode syllabique, le calcul mental et la dictĂ©e… et dĂ©nonce de manière inutilement polĂ©mique « l’anarchisme pĂ©dagogique Â».

Nous ne revendiquons pas la liberté pédagogique comme un acquis social mais comme une responsabilité professionnelle d’exercer des choix pédagogiques pour répondre aux besoins diversifiés des élèves. Les modèles de leçons-types minutées sont à cet égard contre-productifs et irrespectueux de la professionnalité des enseignants.

Enfin, en laissant entendre qu’il se fait n’importe quoi dans les classes, le ministre nourrit la défiance des familles vis-à-vis de l’école alors que la réussite des apprentissages au CP passe par une alliance éducative fondée sur la confiance dans l’action de l’enseignant.

4 priorités pour renforcer la maîtrise des fondamentaux au BO spécial du 26 avril 201

Pour enseigner la lecture et l'Ă©criture au CP

 
 
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