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SE-UNSA MONTPELLIER


 Par SE-UNSA MONTPELLIER
 Le  vendredi 2 septembre 2022

[Contractuels] Nouveau concours printemps 2023 : quel intérêt pour les enseignants, CPE et psyEN non-titulaires ?

 

Lors de sa conférence de presse de rentrée, le ministre de l’EN a annoncé, la création d’un concours au printemps 2023 qui devrait concerner les contractuels d’enseignement et probablement les CPE et les psyEN qui dépendent du même cadre de gestion. Ce n’est pas la première fois que ce type de concours est organisé. Dans un passé récent, il y avait déjà eu en 2014 une session exceptionnelle des concours de recrutement de l’EN, et un peu plus loin dans le temps la loi Sauvadet en 2012 avait entraîné la tenue 4 sessions (prolongées pour 2 années) de concours réservé aux contractuels qui remplissaient des conditions particulières d’ancienneté.   Si aucune des modalités pratiques n’ont été encore définies, pour le concours version printemps 2023, nous avons suffisamment de recul avec les exemples précédents pour savoir ce qui a fonctionné ou pas et surtout répondre à la principale question, quel intérêt pour les contractuels, mais aussi quels sont les écueils à éviter pour que cette session exceptionnelle tienne toutes ses promesses. Le SE-UNSA vous livre son analyse …

 

LES POINTS POSITIFS

Davantage de postes offerts aux concours

Les deux expériences, que sont la session exceptionnelle de 2014 ou le concours réservé ont été accueillies très positivement, tout comme la session du printemps 2023. En effet, une session supplémentaire de concours, c’est mathématiquement des places supplémentaires au concours voir des disciplines supplémentaires ouvertes (on croise les doigts) qui ne le sont pas forcément dans les concours traditionnels. Cela augmente donc statistiquement les chances de réussir son concours car au final il y aura plus de lauréats.

 

Des épreuves plus adaptées aux candidats.

Les premières informations qui nous parviennent sur la session du printemps 2023, font état d’un concours ouvert plus spécifiquement pour titulariser des contractuels.  Dans le passé avec le concours réservé, les épreuves proposées aux candidats non-titulaires étaient d’ordre professionnelles. Nous espérons qu’il en sera de même pour ce concours ouvert aux contractuels. Le SE-UNSA ne peut qu’encourager le gouvernement sur cette voie, car il s’agit moins de recruter des personnels qui ont un niveau universitaire que des agents qui sont en capacité d’enseigner une discipline de manière adaptée aux besoins de leurs élèves. Dans ces conditions, il nous semblerait difficilement compréhensible que l’épreuve écrite ne soit pas un dossier de reconnaissance des acquis de l’expérience professionnelle (RAEP) pour tous comme lors du concours réservé, dont les épreuves étaient réellement adaptées au statut des participants.

 

Une volonté politique de recruter ?

Enfin, l’ouverture d’une session supplémentaire. C’est un signal positif aux futurs candidats mais aussi au reste de la population sur la volonté du gouvernement de recruter des personnels. Faut-il encore qu’au-delà de l’effet d’annonce, les modalités pratiques soient réunies pour que ce concours soit une vraie réussite.

 

LES ECUEILS A EVITER

La mobilité géographique

La première cause de réticence a passé le concours pour les contractuels notamment en CDI est la mobilité géographique, car ils ne veulent pas prendre le risque d’être muté à l’autre bout de la France en cas de réussite. Cela concerne un grand nombre de contractuels en CDI mais aussi des contractuels en CDD qui ont fait du cumul d’activités ou bien qui pour des raisons familiales ne veulent pas quitter leur département. Pour que cette session 2023 fasse le plein et soit une réelle réussite, il faudrait donc assurer les lauréats qu’ils resteront sur leur académie d’origine.  

 

Une sélection drastique des jurys

L’autre point qui risque de poser problème et qui est malheureusement inhérent à tous les concours d’enseignement de l’EN : les exigences démesurées du jury. Lors du concours réservé, on avait vu une nette différence entre les disciplines professionnelles, où les membres du jury avaient fait preuve de la bienveillance prônée dans les textes, et le concours des disciplines générales, que la plupart des jurys avaient transformés en capes bis … Ici pas de bienveillance et beaucoup de candidats restés sur le carreau.  Pour que cette session 2023 exceptionnelle atteigne son objectif, il faudra donc qu’il y ait un nombre de places suffisant mais surtout que les membres du jury jouent le jeu et ne transforme pas les oraux en jeu de massacre, au nom de la sacro-sainte discipline qu’ils représentent. Inutile de convoquer une session supplémentaire de recrutement, si c’est pour que la même sélection ultra-drastique s’applique.

 

Un concours ouvert au premier et au second degré

Parmi les informations que le ministère laisse fuiter la possibilité que le concours soit davantage ouvert aux contractuels du 1er degré, car plus facile à organiser que le second degré et sa multitude de disciplines. Le SE-UNSA rappelle que l’essentiel des contractuels se trouvent dans le second degré et que faire un concours où les personnels de collège et de lycée seraient mise de côté consisterait à faire une demi-mesure aux effets très limités. Le SE-UNSA demande bien sûr que tous les contractuels soient concernés avec un maximum de postes offerts.

 

Ressource associé :

Concours exceptionnels : partout où il y a des besoins !

 

Une session extraordinaire ne suffit pas

La résolution de la crise du recrutement dans l’EN ne saurait se limiter à l’ouverture d’une session extraordinaire. Celle-ci ne résoudra pas à elle seule les problèmes d’attractivité de nos métiers. En complément de l’ouverture de postes, qui nous espérons, seront nombreuses, il faut que d’autre mesures soient prises pour améliorer la rémunération, les conditions de travail, et de manière plus générale l’image que les médias renvoient de l’EN.  La crise que nous connaissons est en large partie liée à la politique de destruction massive des moyens décidée par le gouvernement lors de ces 5 dernières années pour faire des économies sur le dos des personnels. Si le ministère veut dépasser le simple effet d’annonce et ne pas s’engager dans une politique schizophrène où il ouvre des postes en détruisant des moyens, il devra changer ses priorités budgétaires.

 

L'avis du SE-UNSA 

En déposant une alerte sociale dès la publication des résultats gravement déficitaires des concours 2022, le SE-Unsa a demandé cette mobilisation de l’institution pour recruter par tous les moyens possibles, y compris par contrat, tout en veillant immédiatement à se soucier de l’avenir économique et professionnel de celles et ceux qui viendraient permettre à l’École d’être au rendez-vous.

Le ministre a entendu la demande du SE-Unsa. Il faut maintenant travailler à la mise en œuvre de cette annonce pour que l’objectif soit bel et bien atteint. En effet, ces concours exceptionnels ne doivent ni être un miroir aux alouettes ni une mission impossible. Se préparer à des épreuves pour le printemps ne doit pas rendre l’année encore plus difficile pour des contractuels, nouveaux ou non, aux conditions d’emploi difficiles (postes partagés, changement au gré des besoins….) et aux missions professionnelles identique aux titulaires (enseignement, préparation, évaluation, suivi individualisé des élèves, accompagnement à l’orientation, travail d’équipe, coordination…)
 
Lors de sa rencontre avec le ministre Pap Ndiaye, lundi 29 août, le SE-Unsa a pointé les questions des publics éligibles (enseignants, CPE, PsyEN… ), d’ancienneté requise, de diplôme détenu, de reconnaissance de l’expérience, de format des épreuves, de conditions de stagiairisation (formation, affectation géographiques, quotité de service…), de valorisation du parcours déjà effectué.
 
Le SE-Unsa  a rappelé les écueils des derniers concours réservés (issus de le loi Sauvadet de 2012) qui n’avaient pas réussi à atteindre l’objectif de déprécarisation massive. Entendre le SE-Unsa lors du dernier quinquennat aurait souvent permis de prévenir les crises. L’entendre maintenant pourrait permettre de réussir à les guérir.