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SE-UNSA LYON


 Par SE-UNSA LYON
 Le  jeudi 8 juin 2017

Comité Technique Ministériel du 8 juin : attention aux projets de décrets !!!

 

On ne peut pas dire que les projets de décrets qui seront présentés au CTM du 8 juin réjouissent les enseignants qui voyaient dans la Refondation de l'Ecole l'occasion d'assurer une certaine équité entre les élèves.

Trois sujets principaux préoccuppent le SE-Unsa: les rythmes scolaires, le dispositif PDMQDC et la Réforme du Collège.

Semaine scolaire, le retour en arrière se précise:

Un projet de nouveau décret sur l’organisation de la semaine scolaire sera examiné au mois de juin. Si le cadre de référence reste les neuf demi-journées, la rédaction proposée par le texte ajoute une nouvelle dérogation possible en supprimant les cinq matinées obligatoires.
 
Si le texte est validé après son passage au Conseil Supérieur de l'Education et au Comité Technique Ministériel, il permettra de répartir les 24 heures d’enseignement sur huit demi-journées soit 4 jours. Cette dérogation sera possible sur une demande conjointe commune/conseil(s) d’école(s). Cette demande de dérogation devra être validée par l’IA-Dasen. Contrairement à toutes les autres dérogations, celle-ci sera la seule à ne pas devoir être justifiée par un PEDT.

Le calendrier imposé ne laisse pas de place à la concertation et rend difficile la possibilité de poser un regard partagé sur ce qui est bénéfique pour les élèves, en particulier les plus fragiles.

La précipitation avec laquelle le ministère souhaite rendre possible immédiatement une promesse de campagne pourrait, par ailleurs, ne pas être sans conséquences sur l’organisation des familles, des enseignants et des personnels engagés sur le temps périscolaire entre autres.

Le dispositif PDMQDC

Le SE-Unsa, le Snuipp-Fsu et le Sgen-CFDT ont adressé un courrier au ministre concernant la disparition programmée du dispositif Plus de maîtres que de classes.
 
À la suite des annonces présidentielles, le ministre a demandé  aux recteurs de repérer les écoles en Rep +  où le dédoublement des classes de CP serait possible dès la rentrée. Le ministre entend ainsi redéployer environ 2200 postes de PDMQDC sur des CP dédoublés.
 
Pour nos organisations syndicales, il faut entendre les enseignants et les chercheurs avant de décider de l’avenir du dispositif qui est en cours d’évaluation.
 
Dans ce domaine comme dans d’autres, le SE-Unsa rappelle que détermination ne rime pas avec précipitation et appelle les enseignants à s’engager pour une école durable : http://ecoleetsociete.se-unsa.org/Moi-aussi-je-m-engage-pour-une-Ecole-durable

Vous trouverez le texte de ce courrier en cliquant ici.

 

Le projet de décret Blanquer autorise le détricotage de la Réforme du Collège:

Quelles sont les principales dispositions ?
 
  • Les horaires des enseignements obligatoires sont maintenus à l’identique (enseignements communs et enseignements complémentaires)
  • L’organisation des enseignements complémentaires n’est plus cadrée nationalement :
    • La répartition des 3 heures en 6e et des 4 heures en cycle 4 entre Accompagnement personnalisé et Enseignements pratiques interdisciplinaires est laissée à l’appréciation des équipes.
    • Les élèves d’un même niveau, voire d’une même classe, pourront ne pas bénéficier de la même répartition entre EPI et AP : par exemple, certains pourraient n’avoir que des EPI, d’autres que de l’AP.
    • Les 8 thématiques des EPI en lien avec les programmes disparaissent. La seule référence, c’est le lien avec les 4 parcours.
    • L’obligation d’au moins 6 EPI au cours du cycle 4 sur 6 thématiques différentes pour tous les élèves disparaît.
  • Le décret ouvre la possibilité d’enseigner une discipline non linguistique en langue vivante étrangère ou régionale dès le collège, pour au maximum la moitié de l’horaire de la discipline concernée.
  • La dotation horaire supplémentaire (3 heures par division) est maintenue mais elle doit servir à financer les enseignements facultatifs qui remplacent les Enseignements de Complément.
  • Les enseignements facultatifs proposés sont les suivants :
    • Les Langues et Cultures de l’Antiquité :1 heure en 5e, 3 heures maximum en 4e et 3e
    • La LV2 dès la 6e (sans condition de continuité) avec un horaire de 2 heures maxium
    • Une LV renforcée dès la 5e (2 heures maximum)
    • Les Langues et cultures régionales : 1h en 6e maximum  et 2 heures au cycle 4 maximum
  • En tout, 22 heures pourront être ponctionnées sur la DHS dans un collège qui ouvrirait un groupe de chaque enseignement facultatif. Pour un collège de 16 divisions, cela représente 46% de sa DHS.
 
L’avis du SE-Unsa
 
Ces assouplissements vont à l’encontre à la fois de l’équité et de l’efficacité en rendant possible une quasi-restauration du collège d’avant 2016. Pourtant celui-ci avait fait la preuve de son incapacité à répondre au défi d’assurer à tous les élèves la maîtrise des compétences nécessaires à la poursuite de leur formation vers la qualification et l’insertion sociale et professionnelle.
Les deux grands principes de la réforme du collège - la réorientation d’une partie des moyens en faveur des plus fragiles et la garantie de l’accès de tous les élèves à des dispositifs pédagogiques variés, culturellement riches et stimulants, les conduisant à l’autonomie intellectuelle - pourront être remis en cause localement sans qu’aucune évaluation n’ait été mise en œuvre. De plus, les possibilités multipliées de différenciation par les enseignements facultatifs et par l’absence d’un cadre commun pour les enseignements complémentaires peuvent conduire à la mise en place de quasi-filières au sein des collèges.
L’année scolaire 2016/2017 a été une année éprouvante pour les équipes dans les collèges : nouveaux programmes, nouvelles organisations, nouvelle évaluation, la barque était bien chargée. Les personnels ont fait preuve d’un engagement professionnel remarquable. Il n’est pas acceptable de leur laisser entendre que tout cet investissement était inutile en rendant facultatifs les changements qu’ils ont entrepris.  L’effet yoyo est désastreux, il nourrit le découragement et l’attentisme.
La préparation de la rentrée 2017 est déjà très avancée. Les choix qui ont été faits ne doivent pas être brutalement remis en cause au prix d’une désorganisation des équipes et de conséquences sur les services des enseignants. La dotation horaire supplémentaire doit être utilisée pour améliorer les conditions d’enseignement et d’apprentissage de tous les élèves, elle ne doit pas être confisquée au profit d’une minorité. Pour le SE-Unsa, l’ouverture éventuelle de nouveaux enseignements facultatifs - si tel est le choix de certains établissements -  ne peut s’envisager  que par un complément de dotation spécifique sur projet validé par les instances rectorales.