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SE-UNSA LILLE


 Par SE-UNSA Lille
 Le  vendredi 9 septembre 2016

Mesures de sécurité dans la société , et... à l’école

 

Dans le contexte actuel sécuritaire dans la société, le Ministre de l’Education Nationale et le Ministre de l’Intérieur  ont émis une  circulaire le 29 juillet relative aux mesures de sécurité dans les écoles et établissements scolaires à la rentrée 2016 .

http://circulaires.legifrance.gouv.fr/pdf/2016/08/cir_41169.pdf

En ce qui concerne la sécurité, les personnels appliqueront ces mesures  avec professionnalisme, afin d'accueillir les élèves dans les meilleures conditions possibles.

En ce qui concerne les premiers secours et leur formation, la circulaire précise : " La formation aux premiers secours avec la généralisation d'une sensibilisation aux gestes qui sauvent de tous les élèves en classe de 3e, et de la formation au PSC1 de tous les élèves délégués de classe constitue une modalité individuelle et collective". Des instructions particulières devraient avoir été adressées sur ce sujet avant la rentrée (2016).

Sur l'ensemble de cette circulaire de 5 pages, seul ce paragraphe fait référence à cette formation vers les élèves.

Pour le Se-UNSA, cela demeure un peu court, à l'image des différentes circulaires précédentes  (dont celle de 2006) qui avaient l'affichage volontariste de la formation aux premiers secours, sans la prévision des moyens nécessaires.

En effet, d'une part, s'il faut former les élèves aux  premiers secours et "aux gestes qui sauvent", il nous semble tout aussi important d'avoir des personnels formés eux aussi, en particulier, les enseignants, qu'ils soient en école, collège ou lycées... Or nous sommes toujours loin du compte.

D'autre part, pour former des élèves aux premiers secours, il faut des personnels qui soient formateurs dans ce domaine, donc aient validé un monitorat. Et c'est là que cela se gâte, car il n'y en a pas tant que cela. Par ailleurs, quand il y en a, ce sont des personnels ayant déjà une ou des missions dédiées.

Par exemple, un-e infirmier-e scolaire, un-e CPE, ont déjà leurs missions, et former toute une cohorte d'élèves, par petits groupes (comme la réglementation le stipule...), cela prend du temps sur des missions déjà définies. Mais un-e "prof de...", dont le métier est d'enseigner le "de...", et qui est aussi formateur/trice en secourisme, comment pourra-t-il/elle faire? Là, demeure le mystère...

Un exemple: un-e "prof de..." et formateur/trice en secourisme a dans son collège une centaine de 3e. Pour les former au PSC1*, il  doit faire des groupes de 10 élèves pour les former sur un créneau horaire de 7h chacun . Pour 100 élèves,  il/elle a donc 10 groupes de 7h, soit 70h  à effectuer, répartis sur l'année scolaire (qui comporte des cours, des sorties, des stages, des épreuves communes...)

Si de même, comme l'indique la circulaire,  on forme les délégués de classe de toutes les classes du collège, par exemple, un collège à 20 classes, donne 4 groupes (si on ne compte que les délégués titulaires ), soit 28h de formation (ou 56h si on compte les délégués et les suppléants) ; quant aux "initiations aux gestes qui sauvent", pour tous les 3e, le format de formation n'est pas défini.

De fait, tout ce temps de formation, à dispenser aux élèves, sera fait sur quel temps des élèves?

Il sera pris sur quel temps des enseignants : en banalisant des heures de cours ? en rémunérant en heures supplémentaires...?

Cela, aujourd'hui, pas plus qu'hier, personne ne le sait. Et on ne parle pas du matériel nécessaire et spécifique (et onéreux) pour mettre en place des formations aux premiers secours (mannequins, défibrillateur, sang artificiel, etc). Et à défaut de personnel formé et volontaire, on ne parle pas non plus du coût d'intervenants extérieurs pour les établissements.

Dans les plans précédents, les problèmes matériels et financiers n'ont jamais été intégrés.

Pour le Se-UNSA, il serait dommage que l'Education Nationale se satisfasse encore d'un affichage de seulement quelques élèves formés au secourisme dans tel ou tel établissement, sans se donner les moyens de former tous les jeunes d'une génération donnée dans leur cursus de collège, comme feu le précédent socle et son LPC le prévoyaient déjà en 2006.

Il est pour nous urgent de prendre la mesure de l'enjeu et d'enfin prévoir, sans attendre de miracle.

 

* PSC1: Prévention et Secours Civique niveau 1

 

 

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