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SE-UNSA LILLE


 Par SE-UNSA Lille
 Le  mardi 15 décembre 2020

Langue vivante 3 : à bout de souffle ?

 

Un groupe de travail sur les langues vivantes C (LV3) en lycée s'est tenue en visio le 27 novembre 2020. Il avait pour objectif de présenter la situation des LV3 dans l'académie et d'imaginer les solutions à apporter ou les pistes à explorer pour enrayer la désaffection des élèves pour ces options.

La variation entre les rentrées scolaires 2015 et 2020 a été de 40% d'élèves en moins à l'entrée en seconde. Le pourcentage est d'autant plus élevé qu'on est sur de très petits effectifs, quelques dizaines, voire quelques centaines selon les langues, néanmoins, la question de la survie de certaines options est posée.

Les raisons avancées de cette décrue sont notamment liées aux récentes réformes : la fin des dérogations depuis la rentrée 2017,  la fin des enseignements d'exploration en 2nde depuis 2019, le nouveau bac pour lequel l'option ne rapporte plus de points …  D'aucuns ont également avancé d'autres éléments de démotivation pour les élèves : le fait de ne plus pouvoir permuter les langues vivantes pour le bac, les horaires mal placés des options (peut-on vraiment faire autrement ?) et le regroupement de niveaux dans certains établissements (pour cause d'effectifs très réduits).

L'honnêteté intellectuelle oblige toutefois à préciser que la déperdition existait déjà, dans des  proportions importantes, avant les différentes réformes, mais elle se produisait alors entre les classes de seconde et de première. Le problème, aujourd'hui, c'est que les élèves ne semblent plus vouloir prendre une option qu'ils arrêteraient au bout d'un an, comme c'était le cas auparavant.

Le temps de redresser la barre, la sanctuarisation des moyens et le maintien coûte que coûte de l'offre de LVC sur l'ensemble des bassins sont posés pour garder une diversification linguistique dans l'académie et péréniser des postes bien souvent partagés et précaires. Mais est-ce vraiment envisageable en dessous d'un seuil critique d'élèves ?

Une vision plus à long terme oblige à s'interroger sur ce qui motive un élève à choisir une option (notamment une LV3 quand il étudie déjà deux langues vivantes) et comment lui donner des perspectives. Etait-ce réellement plus satisfaisant  que des élèves choisissent une LV3 sans autre motivation que celle d'intégrer un lycée particulier plutôt qu'un autre, pour l'abandonner dès l'année suivante ?

On peut se désoler que les élèves ne choisissent pas une option pour le simple plaisir de son apport culturel, mais aujourd'hui, force est de constater que l'utilité à court et moyen termes prévaut pour un grand nombre d'entre eux. Dès lors, si la perspective d'une poursuite d'études n'est pas envisagée ou même possible dans le supérieur, difficile, sans intérêt personnel, de se motiver pour l'apprentissage d'une nouvelle langue qu'on imagine mal maîtriser au bout de trois ans.

C'est donc à la fois l'appétence des élèves pour les langues vivantes en général qu'il faut développer bien avant le lycée et  les perspectives professionnelles que donnent  le plurilinguisme et la pratique de langues rares qu'il faut mettre en avant et encourager après le bac. Seul un vivier suffisant d'élèves interessés et motivés a priori permettra à terme de maintenir la variété de l'offre linguistique sur l'ensemble du territoire. Car, dans ce domaine, l'offre seule ne peut suffire à développer la demande.