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SE-UNSA LILLE


 Par SE-UNSA Lille
 Le  lundi 7 septembre 2020

Nous sommes prêts ...

 

« Nous sommes prêts à tout » : les personnels, leurs élèves et les parents ne méritent-ils pas mieux qu'un nouvel Edmond Le Boeuf  ?

 

Pour les deux du fond, Edmond Le Boeuf fut le ministre de la Guerre de Napoléon III qui déclara « Nous sommes prêts et archiprêts. La guerre dût-elle durer deux ans, il ne manquerait pas un bouton de guêtre à nos soldats » juste avant la déclaration, suivie de la déroute de la guerre franco-prusse de 1870. Cette déclaration catégorique est à peu près la seule postérité de son médiocre travail. Il est probable qu'en faisant ce genre de déclaration, notre ministre n'avait pas conscience de la filiation. À force de se contenter de déclarations péremptoires à destination d'un public choisi (futur électoral ?) en fuyant la contradiction, personne n'a dû lui faire remarquer le parallèle.

Entre les matchs de football et le départ du tour de France, le nouveau ministre des sports semble avoir eu du mal à s'intéresser à ses responsabilités plus anciennes mais toujours actives de ministre de l'Éducation Nationale, surtout en période de Covid-19. En conséquence, les personnels ont attendu longtemps les consignes pour la rentrée et, une fois celles-ci baclées l'ultime semaine, on ne peut pas dire que les collègues aient pu faire leur rentrée de manière rassurée.

Certes, notre ministre suit la ligne titubante de ses gouvernements : tous les ministres crient maintenant la nécessité du port du masque après avoir nié son utilité pendant longtemps. Le nouveau premier ministre demande d'éviter les fêtes familiales un jour après avoir incité à fréquenter les cinémas et les théâtres (surpassant le président qui, lui, avait attendu 5 jours entre la même incitation à fréquenter les théâtres et la déclaration « de guerre » du confinement). M Castex demande aussi aux grands-parents « d'éviter d'aller chercher les petits-enfants à l'école » (la vie est simple pour celles et ceux qui ont les moyens de se payer du personnel) "quitte à renforcer le périscolaire" ce qu'il est bien incapable de faire, en bon conseilleur n'étant pas le payeur.

Évidemment, dans cette situation exceptionnelle, il faut tempérer les analyses et nos gouvernants trouveront facilement pire ailleurs pour se comparer (gageons que, pour une fois, « l'exemple allemand » sera moins cité). De même, il n'y a guère d'unanimité sur le plan médical. Néanmoins, notre ministre pourrait s'astreindre à ne pas déclamer tout et son contraire : balancer devant les micros « on peut enlever le masque si distanciation » puis sortir un protocole où est inscrit « le masque est obligatoire partout » relève d'un dilletantisme préoccupant, pour ne pas dire scandaleux.

Les personnels, les parents d'élèves et les élèves, tous content·e·s que l'école reprenne, se retrouvent à essayer d'interpréter un protocole tellement laxe (on peut le résumer en « vous faites si c'est possible mais sinon, vous ne faites pas ») que chaque école ou établissement pourrait avoir un fonctionnement sanitaire différent. Et pendant que le ministre pérore, il est flagrant que pas grand chose n'est prêt. Ainsi, pour un·e collègue qui serait « cas contact » (donc pas malade), rien n’est précisé concernant a) les situations où le télétravail n’est pas possible b) qui informe officiellement l’agent de sa position administrative et c) qui donne l’instruction à l’agent de ne pas se rendre sur le lieu de travail. Rien de prêt non plus pour les parents d'élèves en cas de fermeture de classe ou d'école comme solution pour garder leur enfant. Des questions « accessoires » ? Qui ne se sont pas présentées dès les premiers jours de la rentrée ?

Finalement, même si aucun pays ne peut être certain d'avoir assuré une rentrée parfaite du point de vue sanitaire, il reste que la préparation ministérielle s'est faite a minima, surtout si l'on réfléchit pédagogiquement... ce qui, normalement, devrait être un préalable dans ce ministère. La coupure de plusieurs mois n'a entrainé aucun dispositif réfléchi pour réduire les dégâts dans un système déjà inégalitaire. Pas d'adaptation des programmes, pas de recrutement, pas d'effectif réduit, les déclarations péremptoires sur les « vacances apprenantes » ou sur le « million d'heures supplémentaires » ne peuvent masquer l'absolu vide de réflexion et/ou l'impuissance totale concernant ce sujet.