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SE-UNSA LILLE


 Par SE-UNSA Lille
 Le  vendredi 20 mars 2020

#J5Confinement

 

Évidemment, les circonstances sont exceptionnelles et donc chaque situation ne saurait avoir une réponse autre qu'exceptionnelle. Toutefois, il semble qu'il faille rappeler quelques éléments de bon sens aussi bien à des collègues qu'en direction de certains supérieurs et de parents d'élèves (n'évoquons même pas notre ministre, dont la parole était déjà largement discréditée). Par-delà certaine frontière proche, il est des ministres de l'Éducation qui sont plus conscients des réalités et qui donnent des consignes claires aux personnels plutôt que de courir les médias.

Évidence : il n'y aura pas de réelle continuité pédagogique. Tou·te·s les collègues cherchent à assurer un suivi pédagogique, malgré toutes les difficultés techniques, mais il ne saurait être possible de « faire cours » normalement.  L’ensemble des personnels s’engage dans une obligation de moyens, pour autant il ne saurait y avoir une obligation de résultats.

N'oublions pas que pour certain·e·s de nos élèves, le confinement est déjà une forme de violence, ainsi que pour certains parents, dans l’incapacité d'aider leurs enfants. Certain·e·s élèves n'ont pas d'espace de travail, ou pas d'ordinateur (ou un seul pour plusieurs), ou pas d'imprimante et comment échanger des documents « papiers » dans une période de confinement ? La continuité pédagogique n'est pas la même pour tous quoiqu'on en dise. Certain·e·s diront que ce n'est pas la majorité, mais bien d'autres parents sont en difficulté. Même bien équipé·e, un·e élève ne saurait assumer son emploi du temps habituel. Cela crée des conflits dans une situation qui est déjà parfois tendue... et çela ne va pas s'arranger. Pour autant assurer la continuité de la scolarité serait déjà une grande victoire, notamment pour les plus fragiles (segpa, voie pro, REP,...) et les plus éloignés (territoires ruraux en particulier).  

Dans ces contextes, chaque collègue a passé cette semaine à chercher des solutions, d'autant plus que les « solutions » proposées par l'institution ont prouvé très rapidement leurs limites, techniques comme pédagogiques (tout en étant toujours priorisées par cette institution, histoire de ne pas reconnaître les défaillances). Non, l'institution n'est pas préparée à l'enseignement à distance, surtout massivement. N'en déplaise à certain ministre et aux aveuglé·e·s de l'intelligence artificielle, un·e professeur·e est plus efficace devant sa classe/son groupe et produit plus de résultat qu'un algorithme. Un·e professeur·e accompagne pédagogiquement ses élèves, tous différent·e·s et s'adapte en permanence.

Ne culpabilisons pas; et ne faisons pas culpabiliser. Il convient de limiter toute forme de pression (qu’elle soit institutionnelle, hiérarchique ou même individuelle), et relativiser. Cessons de courir après des programmes, essayons de prendre un peu de recul. Essayons de trouver ensemble les moyens de minimiser l'impact de cette crise.

Cette semaine, nous avons travaillé d'arrache-pied pour préparer le travail pour nos élèves tout en cherchant/construisant les outils adaptés pour leur communiquer, puis gérer leurs retours et bien souvent, leurs angoisses. Tout cela en devant gérer nos propres contraintes (il semblerait, mais cela reste à démontrer qu'il y ait des parents parmi nous) et le retour des clichés sur notre supposé manque de travail, alimentant donc des injonctions visant à nous fliquer.

C'est assez pour la semaine, le SE-Unsa nous conseille donc de nous reposer ce weekend et de nous occuper de nous et nos proches.