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SE-UNSA LILLE


 Par SE-UNSA Lille
 Le  vendredi 11 janvier 2019

Comment dévoyer une bonne idée pour économiser des postes ?

 

C’est une évidence, la mise en œuvre de la réforme du lycée se révèle chaotique.

À l’origine, l’initiative portée par le rapport Mathiot consistait à casser les filières et proposer une individualisation des parcours.

Au regard de la sclérose du système et des déséquilibres constatés, l’idée pouvait paraître séduisante. Bien entendu, des critiques de fond pouvaient être émises contre ce projet. Mais nous n’aurons même pas eu l’occasion de débattre réellement de ces passionnantes et délicates questions sur l’articulation des enseignements en lycée, l’orientation des élèves et les incidences pédagogiques d’une nouvelle architecture.

En effet, la logique comptable du gouvernement a de facto confisqué une grande partie du débat.

Le ministère a réussi à dévoyer les ambitieuses pistes de travail du rapport originel pour satisfaire son objectif de réduction drastique de postes de fonctionnaires.

Il est possible de mener une réforme sans dégâts collatéraux et sans s’aligner sur le moins- disant. L’esprit dans lequel sont menées les lois est presque aussi important que le texte lui-même. En l’occurrence, le ministre s’inscrit dans une idéologie conservatrice qui donne une tonalité particulière à cette réforme du lycée.

Dans notre académie, malgré les 300 élèves supplémentaires, les LGT vont perdre des moyens d’enseignement et contribuer à hauteur d’une vingtaine de postes. Mais avec la sournoise manipulation consistant à basculer des heures supplémentaires en heures postes, l’impact sur l’emploi se situera au-delà de 90 postes.

 La réforme du lycée s’effectuera donc à grand renfort d’heures supplémentaires. On aurait pu espérer que les moyens fussent à la hauteur de l’enjeu, il n’en sera rien, bien au contraire.

Sur le terrain, les acteurs sont dans l’expectative. Certes, c’est une première, tous les paramètres ne sont pas maîtrisés et on peut s’attendre à des corrections au fur et à mesure sur les cartes des spécialités et l’enseignement de certaines options nouvelles. La conscience professionnelle de tous les agents permettra in fine une mise en œuvre du nouveau dispositif.  Il n’en reste pas moins que l’opportunité de revoir l’organisation du bac et du lycée restera ternie par l’action d’un gouvernement obsédé par la réduction des déficits et la dépense publique. L’éducation est un investissement mais le ministre feint de ne pas le comprendre.

Finalement, comme nous l’affirmons depuis le début, une bonne idée aura accouché d’un texte bancal qui sera mis en œuvre de manière précipitée dans l’objectif d’économiser des postes…

Mohamed ATTIA, Secrétaire académique SE-Unsa