De l’élitisme à la notion d’excellence dans les écoles de la République.

Ne jouons pas sur les mots. Il y a une vraie différence, et pas seulement sémantique, entre l’élitisme et l’excellence. On pourrait même dire qu’il s’agit d’une philosophie différente, d’une autre façon de percevoir le monde.

Tous les parents, et c’est bien naturel, veulent s’assurer de l’accès à la meilleure éducation possible pour leurs enfants. Les enjeux sont importants, il s’agit de l’avenir d’une future génération d’adultes, du respect des principes d’égalité des chances et d’équité.

Mais que faire lorsque les critères complexes de la réussite scolaire ne semblent pas réunis selon les parents ? L’une des solutions pourrait être le contournement de la carte scolaire. Je ne vous apprends rien en vous disant que c’est une pratique, certes marginale, mais qui existe notamment pour l’entrée au collège ou au lycée. Outre son aspect amoral qui l’assimile à une tricherie (domiciliation de complaisance, fausse déclaration…), cette façon de procéder fait fi de l’effort financier consenti par la Nation pour la réussite de chacun (moyens supplémentaires en REP, REP +, politique de la ville…) mais surtout de l’investissement des personnels d’éducation souvent jeunes et passionnés par leur métier. Si tout le monde pouvait choisir son établissement, qu’adviendrait-il de l’école de la République telle que nous la concevons au SE-Unsa ? Un lieu où l’élève est au centre du projet éducatif, un espace de réussite et d’accomplissement.

Il est vrai que depuis de nombreuses années, et la tendance s’accélère, apparaissent dans de nombreuses académies des sections ou des établissements internationaux proposant un enseignement approfondi d’une ou plusieurs langues vivantes. Est-ce là la solution proposée aux ambitions familiales de réussite, ou une façon d’éviter la carte scolaire de façon légale lorsqu’il s’agit d’un établissement non sectorisé ? La réponse n’est pas aisée, et l’on ne peut faire de dichotomie sans rentrer dans le cliché. Cependant, l’on peut distinguer l’élitisme de l’excellence selon un certain nombre d’indicateurs. L’élitisme, c’est créer une classe sociale à part, déconnectée des réalités de la société. On reste entre soi, notamment par des droits d’inscription élevés ou un choix d’élève qui relève de la cooptation. L’excellence, c’est proposer au plus grand nombre la possibilité de choisir une formation pointue, qui corresponde à des attentes légitimes, sans frais d’inscription. Dans les établissements d’excellence, les élèves sont recrutés uniquement en fonction de leur motivation et de leurs capacités scolaires, indépendamment du niveau de revenu de leurs parents et de leur origine, et peuvent bénéficier dans une large proportion de bourses scolaires.

L’engagement des enseignants, de la maternelle au supérieur, est la meilleure garantie de la réussite de nos élèves, quel que soit le cursus choisi. Gageons que notre société fera le choix de l’excellence dans les années à venir. C’est un choix audacieux qui donne des perspectives d’avenir à notre jeunesse.

Gilbert Ribeiro-Picquart