Lors du Conseil Social d'Administration du 2 février l'UNSA Education a interpellé le Recteur sur les incohérences des diminutions d'heures (et donc des suppressions de postes).  En pièce jointe également les DGH de tous les Lycées (LP et LGT) de l'académie.

   Monsieur le Recteur,

Le discours ministériel faisant de la mixité sociale et scolaire une priorité forte sonne donc particulièrement creux quand on le croise avec les DHG alloués aux LGT de notre académie à la rentrée 2023.

En effet, que l’on soit à IPS^* favorisé ou au contraire défavorisé, tout le monde est logé à la même enseigne, celle des restrictions. La déclinaison des 65 suppressions de moyens d’enseignement dans le 2nd degré dans notre académie se traduit par un rabotage systématique des dernières marges qui restaient dans les établissements, à savoir très peu, avec une exception pour les LP ménagés pour cause de réforme de la voie professionnelle annoncée, mais impréparée et donc très largement contestable et contestée.

Quelques chiffres : 887 heures, c’est le nombre d’heures que vont perdre les LGT de notre académie à la rentrée 2023, dont plus de la moitié incombe aux établissements de la Somme. Pour autant, les lycées généraux et technologiques de notre académie n’accueilleront que 417 élèves en moins en septembre prochain.

On peut même faire un focus sur l’Oise cette fois-ci avec une perte de 154 heures pour un prévisionnel de 9 élèves en moins… Le ratio est pour le moins éloquent. Examinons maintenant cela à l’échelle des établissements : dans la Somme, 7 LGT perdraient des élèves, mais 10 perdent des moyens.

Mais peut-être qu’un examen des indices de positionnement social des établissements aura permis qu’une attention particulière bénéficie à ceux qui accueillent une majorité d’élèves issus des catégories socio-professionnelles les moins favorisées ? La réponse est non. Quelques exemples : Le LGT Jean Bouin de St Quentin (IPS 85,5) : 7,5 heures en moins pour 28 élèves prévus en moins Le LGT Jules Uhry de Creil (ISP 82,4) : 42 heures de plus pour des effectifs prévisionnels en hausse de 110 élèves. Sachant que 26,5h d’enseignement commun en 2nde sont nécessaires, cette dotation ne permet même pas d’ouvrir 2 divisions alors que 110 élèves supplémentaires sont attendus. Enfin, le LGT Delambre d’Amiens (IPS 82,9) pour lequel on réalise la prouesse d’un retrait de moyens malgré une hausse d’effectifs évaluée à 26 élèves. Dans un établissement qui accueille en très grande majorité des élèves ayant réalisé la quasi-totalité de leur scolarité en éducation prioritaire renforcée et dont 40 relèveront l’année prochaine du dispositif UPE2A, comment peut-on honnêtement penser que former des divisions de 35 élèves en seconde est un gage de réussite pour ces derniers ?

Construisons ensemble (mais avec moins de personnels) pour une Ecole engagée (dans l’impasse), voici malheureusement un slogan bien plus proche de la réalité, à l’image de l’état de nos services publics dans notre pays.

IPS: Indice de positionnement social: plus il est haut, plus l'établissement est fréquenté par des familles aisées. La moyenne nationale pour les LP est de 87, celle des LGT est de 104.