SECTION ACADÉMIQUE SE-Unsa d'AMIENS - 4 RUE PAUL SAUTAI - 80000 AMIENS
Tél. 03 22 92 33 63 - Fax. 03 22 92 50 51 - Por. 06 75 23 65 17 - ac-amiens@se-unsa.org

 
RĂ©fĂ©rĂ© de la Cour des comptes : une nouvelle attaque contre la voie professionnelle
Article publié le jeudi 19 mars 2020.
  • Lnk_facebook
  • Lnk_google
  • Lnk_twitter
Dans sa communication au ministre de l’Éducation nationale, la Cour des compte Ă©trille les lycĂ©es professionnels. Sur quoi la Cour s’appuie-t-elle pour dresser un tableau aussi sombre ?


Le lycéen professionnel coûterait trop cher
 
D’abord, le rapport pointe le coût annuel moyen du lycéen en formation professionnelle. Il est plus élevé que celui du lycéen général et technologique (+15 %).
Ce constat est une rĂ©alitĂ© mais la Cour feint d’ignorer les spĂ©cificitĂ©s de la voie professionnelle : plateaux techniques, diversitĂ©s des formations et diplĂ´mes, PFMP, accompagnement renforcĂ© pour les Ă©lèves les plus fragiles. 

Par ailleurs, ses préconisations de regroupement des établissements ne sont pas nouvelles. Déjà dans son rapport de 2015, cette idée était avancée pour tenter de réduire les coûts du lycée en général et du lycée professionnel en particulier.
Pourtant, force est de constater que le mouvement de regroupement s’est accĂ©lĂ©rĂ© ces dernières annĂ©es : fusions de LP et de LGT, mises en rĂ©seau d’établissements, direction commune pour les petites structures… Les personnels ont très souvent fait les frais de ces fusions. La malheureuse expĂ©rience de la fusion des lycĂ©es de Chauny est lĂ  pour nous rappeler ces erreurs. Nos collègues en font les frais tous les jours.

Cette politique de rationalisation a ses limites. C’est une particularitĂ© de la voie professionnelle : il faut accepter que certains lycĂ©es proposent des filières spĂ©cifiques qui ne peuvent ĂŞtre « raccrochĂ©es Â» Ă  d’autres Ă©tablissements. 

La Cour juge que l’offre de formation est « trop statique ». Elle prĂ´ne une Â« contractualisation entre l’État et les rĂ©gions d’une programmation pluriannuelle opĂ©rationnelle coordonnĂ©e de la carte des Ă©tablissements et de la carte des formations ».
Cette recommandation méconnaît de facto le travail déjà réalisé au sein des CREFOP (Comité régional de l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelles). L’adaptation d’une carte plus souple est un enjeu majeur. Localement, les rectorats et les régions travaillent de conserve afin de trouver le point d’équilibre entre les besoins du tissu économique et les exigences du Service public d’Éducation. Même s’il doit être amélioré, ce travail de fond est déjà engagé. Contrairement à ce que sous entend la Cour, nous ne partons pas d’une page blanche.
 

Mettre fin aux corps professionnels spécifiques à la voie professionnelle

Didier Migaud, le premier PrĂ©sident de la Cour, recommande dans son rĂ©fĂ©rĂ© de Â« fusionner les corps des PLP et des certifiĂ©s en confirmant la bivalence des enseignants des disciplines gĂ©nĂ©rales et en l’étendant au collège ».
Il prĂ©conise donc de recrĂ©er un nouveau corps… des PEGC. 
Mais sous couvert de lutter contre Â« le sentiment de dĂ©classement et de manque de considĂ©ration » des PLP, il s’agit uniquement d’envisager le statut Ă  travers le prisme de l’économie budgĂ©taire.

Les rĂ©formes des lycĂ©es et l’orientation prise par le ministère ces dernières annĂ©es ne vont pas dans le sens des idĂ©es prĂ´nĂ©es par la Cour. 
C’est ainsi que le rapprochement voie techno/voie pro souhaité par la Cour est à rebours des évolutions de la voie technologique qui se rapproche de plus en plus de la voie générale.
Au regard du fonctionnement de nos structures et de la diversité des métiers d’enseignants, cette fusion des corps n’est ni réaliste ni acceptable.

Une réflexion sérieuse sur un corps unique du second degré demanderait in fine une refonte totale du système, une nouvelle articulation entre les structures ainsi qu’une redéfinition des finalités des enseignements et des missions des enseignants.
En revanche, le dĂ©veloppement de lycĂ©es polyvalents est une perspective intĂ©ressante Ă  plus long terme car cela facilite les passerelles et pourrait contribuer Ă  rĂ©duire les « hiĂ©rarchies Â».
 
 
Annualiser les obligations de services des enseignants : le vieux rĂŞve libĂ©ral

Le rĂ©fĂ©rĂ© prĂ©conise encore Â« l’annualisation des obligations de service des enseignants de la voie professionnelle ».
La Cour est favorable Ă  cette mesure pour l’ensemble des enseignants. Elle estime cela Â« particulièrement nĂ©cessaire » dans la voie professionnelle.
Comme souvent, les LP sont considérés comme des laboratoires dans lesquels les futures réformes peuvent être testées…
Il est évident que l’articulation entre le suivi des PFMP et le temps d’enseignement est dans le collimateur de la Cour. Dans cette période de restriction budgétaire pour la fonction publique, nul doute que cela représente une perspective d’économie.

Le risque de dĂ©tricotage du statut est donc bien rĂ©el. Au-delĂ  des difficultĂ©s sur le plan pĂ©dagogique, la mixitĂ© de publics induite par la loi « sur la libertĂ© de choisir son avenir professionnel Â» a dĂ©jĂ  montrĂ© certaines incompatibilitĂ©s entre le statut des PLP et la prise en charge d’apprentis dans une classe d’élèves sous statut scolaire.
La volonté d’annualiser tout ou partie du temps de travail des PLP serait le premier pas vers une remise en cause profonde du statut de tous les enseignants.
 

L’avis du SE-Unsa
 
Ce rapport très technocratique ne prend en compte ni la diversitĂ© de la voie pro, ni la rĂ©alitĂ© des publics et leurs besoins (accompagnement renforcĂ©, formation de proximitĂ©,...).
Il considère la voie professionnelle comme une structure non rentable. Cette formation en alternance tente pourtant de rĂ©soudre la quadrature du cercle en conciliant missions de service public, rĂ´le social des lycĂ©es professionnels et besoins du marchĂ© du travail.

Les lycées professionnels évoluent dans un contexte très concurrentiel en particulier depuis la libéralisation du marché de la formation suite à la loi du 5 septembre 2018.
Dans une vision dogmatique et caricaturale, elle n’accepte pas pour les LP ce que l’on accepte pourtant pour les CFA et notamment pour le CFA privĂ©s pour lesquels aucun seuil n’est requis pour les ouvertures de classe.  Le rapport nie la responsabilitĂ© des entreprises dans la faible diffusion de l’apprentissage en prĂ©-bac et stigmatise des enseignants dont la charge s’alourdit sans cesse au grĂ© des rĂ©formes.
Le ministre n’a pas (encore) donnĂ© suite Ă  ce rĂ©fĂ©rĂ©. Le SE-Unsa veillera Ă  ce que ces dispositions ne soient pas reprises.

Le SE-Unsa revendique la valorisation de la voie professionnelle, la garantie du statut des PLP et la reconnaissance des efforts qui leur sont demandés notamment dans le cadre de la mise en œuvre de la transformation de la voie pro.

Nous exigeons une égalité de traitement entre les enseignants de la voie pro et les professeurs certifiés. C’est pourquoi nous revendiquons une pondération pour les classes à examen.
 
 
 
PĂ©tition
 
Nos campagnes
 
Santé
 
Aides spécifiques
 
Mouvement
 
Conditions de travail
 
Concours
 
ALC