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SE-UNSA AIX-MARSEILLE


 Par SE-UNSA AIX-MARSEILLE
 Le  lundi 1er mars 2010

Circulaires sur la réforme du lycée : l’avis du SE-UNSA

 

  Le B.O. spécial du 4 février 2010 est consacré à la réforme du lycée. Il contient les textes réglementaires précisant les nouvelles grilles horaires mais également six circulaires d’application.

L'avis du SE-UNSA ( Circulaires sur la réforme du lycée)

Aux côtés des textes réglementaires de la réforme du lycée, le B. O. spécial du 4 février 2010 publie également six circulaires d’application concernant l’accompagnement personnalisé, le tutorat, l'apprentissage des langues, les stages de remise à niveau, l'accès des lycéens à la culture et les Maisons des lycéens. Si la parution de ces textes survient au bon moment, leur contenu est assez indigent. Les circulaires consacrées à l’accompagnement et au tutorat sont ainsi assez largement « impressionnistes ». C’est bien sûr particulièrement regrettable, tant ces dispositions importantes de la réforme appellent un cadrage national pour éviter des dérives prévisibles dans leur mise en œuvre au plan local.

 Vous trouverez ci-dessous quelques éléments d’analyse relative à trois de ces circulaires.

 Circulaire « Accompagnement personnalisé »
Le problème ne réside pas dans la définition de l’accompagnement personnalisé (AP). Dans la continuité de l’arrêté de la classe de seconde, la circulaire recense de nombreuses formes et modalités pouvant être prises par l’accompagnement (travail sur les compétences de base, travaux interdisciplinaires, réflexion sur l’orientation etc.). Si l’énumération fait un peu catalogue, il est bien évident que ce sont les équipes qui devront bâtir un projet cohérent en puisant dans ce répertoire d’activités. Encore faudrait-il pour cela qu’ils aient les moyens de conduire une pédagogie réellement adaptée aux besoins de leurs élèves dans le cadre de groupes à effectifs réduits. Or, et malgré nos demandes, la circulaire n’insiste pas suffisamment sur ce point absolument crucial : pour donner des résultats, l’AP ne peut se dérouler dans le cadre d’une classe de 35 élèves ! Sans une incitation beaucoup plus forte et explicite à utiliser les deux heures anciennement attribuées à l’Aide individualisée (heures qui se retrouvent dans l’enveloppe globale de 10 heures hebdomadaires dont le conseil pédagogique doit déterminer l’emploi), à mettre en barrette au moins deux divisions pour constituer des groupes de besoin, variables selon le moment de l’année, on ne voit pas comment on répondra « de manière très diversifiée aux besoins de chaque élève avec toute la souplesse nécessaire ».

 Circulaire tutorat :
La circulaire ne fait qu’esquisser les contours de cette fonction nouvelle. Elle présente le tuteur sous les traits d’un guide, qui doit aider le lycéen dans l’élaboration de son parcours de formation et d’orientation, sans pour autant se substituer aux autres acteurs de l’orientation que sont le COP et le professeur principal. Une fois qu’on a dit cela… Pour le SE-UNSA, les activités de tutorat impliquent des modalités de regroupement variables, qui vont de l’entretien individuel au travail en groupe. La circulaire aurait dû mentionner explicitement que ces variations sont possibles. Une réflexion doit être menée sur les conditions matérielles de ces rencontres (locaux, par exemple).
Renvoyant au conseil pédagogique et au conseil d’administration la responsabilité d’arrêter l’organisation du tutorat, la circulaire ne fixe même pas le nombre maximum d’élèves pouvant être suivis par un tuteur. Pour le SE-UNSA, celui-ci ne peut dépendre du chef d’établissement et doit faire l’objet d’un cadrage national. Il doit être fixé en cohérence avec les règles de calcul de l’indemnité, règles pour l’instant inconnues (un décret doit paraître à ce sujet). En tout état de cause, le nombre d’élèves ne saurait excéder 8 si l’on souhaite que le tuteur puisse assurer un suivi de qualité.
La circulaire prévoit des actions spécifiques de formation pour les tuteurs durant le premier semestre 2010. Pour le SE, la formation ne saurait se limiter au début de l’année scolaire. Le tutorat doit faire l’objet d’une démarche type « recherche-action » tout au long de l’année. 
Rappelons que grâce à l’action du SE-UNSA, les CPE pourront s’investir dans la fonction de tuteur.

Circulaire Stages (remise à niveau et passerelle)
« Articulés avec l'accompagnement personnalisé, ces stages ont pour objectif de favoriser la réussite scolaire des élèves en proposant une offre éducative complémentaire. Selon les cas, ces stages visent à prévenir les redoublements ou à permettre un changement d'orientation ».
L’organisation des stages relève de la politique d’établissement. S’agissant des stages de remise à niveau, deux modalités sont prévues : des sessions d’une à deux semaines durant les vacances scolaires mais également des stages « filés »,  pouvant intervenir hors temps d’enseignement (concrètement, le soir, le mercredi, ou le samedi). Ils seront centrés sur l’acquisition des compétences, disciplinaires ou méthodologiques. Les stages « passerelle » ont vocation à faciliter les réorientations. Ils concerneront donc en priorité les élèves de première. 
Si ces possibilités nouvelles présentent un intérêt pour les élèves, et pour les enseignants qui voudront s’y impliquer (rémunérés en HSE), elles font courir le risque d’un alourdissement des contraintes pesant sur les CPE, dont l’éventuelle implication et rémunération n’est pas évoquée par le texte. Le SE-UNSA questionnera le ministère et sera particulièrement vigilant sur ce point. Plus largement, les modalités d’ouverture d’un établissement pendant les vacances ne sont pas déclinées concrètement. On sait que le coût en sera en partie supporté par les collectivités régionales, dont l’avis n’a pas été sollicité.
L’utilisation du temps de vacances pour « compenser » les difficultés est un principe contestable qui se situe dans la logique de l’offre payante de soutien ponctuel. Cette démarche ne nous satisfait pas, mais l’emploi du temps très chargé et très contraint des lycéens n’autorise que très peu de souplesse. Seule une organisation modulaire, avec un horaire « strictement disciplinaire » à la baisse pourrait autoriser des parcours souples. La réforme, sur ce point - et cela est largement dû à l’opposition du SNES et du SNALC au projet de Gaudemar – est restée au milieu du gué.

 Circulaire Langues vivantes
Former des citoyens capables de communiquer dans deux langues étrangères, élever le niveau de compréhension et d’expression orales, sont affichés comme une « priorité nationale ».
Le SE-UNSA ne peut qu’être satisfait de cette priorité donnée à la communication, et en particulier à la communication orale. Il milite depuis longtemps pour un enseignement des langues rénové, s’appuyant sur la référence du Cadre Européen qui place au cœur de l’apprentissage le développement de la capacité à agir ensemble entre Européens.
Concrètement, peu de moyens pour mettre en œuvre cette priorité :
-          La LV2 devient un enseignement obligatoire pour tous.
-          Les nouveaux programmes de seconde intègrent le Cadre Européen et l’entrée par les activités langagières : ils marquent un tournant radical qui devra avoir des conséquences sur les modalités d’évaluation et sur le Bac. Or cet aspect n’est pas abordé par la circulaire.
-          La circulaire liste toute une série de bonnes intentions et de bonnes pratiques à développer (développement des DNL, ressources authentiques, partenariats avec des établissements étrangers, utilisation des technologies numériques,…). Aucune de ces recommandations ne s’appuient sur des financements, des formations, des dotations matérielles.
-          Elle recommande la constitution de groupes de compétences, en précisant le sens de ce concept mais ne fait aucune recommandation quant à la nécessité de travailler en groupes à effectif raisonnable.
Il faudra sans doute plus que cette circulaire pour faire progresser sensiblement nos élèves dans la communication en LV.