Anticipation forcée, reprise forcée

 

La reprise qui était envisagée le 2 novembre à 10 heures n’était pas parfaite. Les chefs d’établissement ont pour certains anticipé cette reprise. Cela a obligé bon nombre de collègues CPE à retourner au travail dès le jeudi 29 octobre pour organiser, planifier cette rentrée. Il fallait mettre en place le nouveau protocole renforcé et organiser la journée du 2 novembre.

Cette journée prévoyait d’accueillir les élèves à partir de 10 heures dans les établissements scolaires. Le créneau de 8 heures à 10 heures permettait aux enseignants et aux personnels de préparer les activités pour l’hommage à Samuel Paty.

Évidemment, un certain nombre d’élèves seraient arrivés à 8 heures (transporteurs qui ne pouvaient pas décaler leurs horaires de bus, certains parents qui travaillent tôt et déposent leurs enfants au collège, etc.). Il aurait fallu accueillir tous ces élèves de 8 heures à 10 heures, notamment en collège.

Et, oh surprise, qui aurait été chargé de les encadrer ? La vie scolaire évidemment ! Nous étions donc d’office mis sur la touche et ne pouvions pas préparer l’hommage avec nos collègues enseignants. C’est inadmissible !

Dès qu’une situation d’urgence apparait, c’est comme si le cerveau reptilien de la profession se remettait à chaque fois en route : CPE = surgé.

Notre révolution pédagogique annoncée par la circulaire n° 2015-139 du 10-8-2015 a bien du mal à se mettre en place.

 

Une reprise au mépris de la réalité de terrain

 

Lorsque la nouvelle est tombée vendredi soir, c’était la stupeur, l’abasourdissement. Tous les élèves reprendront à 8h, selon l’emploi du temps normal, ils entendront le texte de Jaurès et respecteront une minute de silence à 11h.

Nous assisterons donc à un hommage sans préparation ni concertation. Il va se heurter à une réalité de terrain dans certains établissements dits « difficiles ». Il respecte encore moins les collègues qui ont anticipé et travaillé à un accueil de qualité des élèves.

C’est encore dans le week-end que les établissements s’adaptent à ce nouveau changement de pied, certains adaptant encore ce qu’ils avaient prévu, d’autres renonçant et dans tous les cas en faisant face questions des familles.

 

L’avis du SE-Unsa

 

Pour le SE-Unsa, il est intolérable que les personnels dont les CPE soient malmenés et méprisés de la sorte. La rentrée scolaire a été difficile. Les vies scolaires sont accaparées par les mises en place des protocoles sanitaires. Elles assurent leurs missions malgré le manque de personnel. Le défaut d’anticipation du ministre a obligé les CPE à reprendre le travail dans le stress et la cacophonie. Jusqu’à quand tiendrons-ils ?