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SE-UNSA AIX-MARSEILLE


 Par SE-UNSA AIX-MARSEILLE
 Le  vendredi 18 novembre 2016

L’école française : les défis du changement - compte-rendu et photos

 

 Compte-rendu synthétique de la conférence du 8 novembre 2016

Quatre-vingt enseignants ont assisté à la conférence du SE-Unsa Aix-Marseille qui s’est tenue dans l’amphithéâtre du collège Arc-de-Meyran à Aix-en-Provence de 9 h à 17 h.

Cette journée a été introduite par le secrétaire académique adjoint du SE-Unsa Aix-Marseille, Philippe Peyronnin, qui a présenté les problématiques du changement à l’école. Celui-ci est revenu sur le récent rapport du CNESCO qui met en exergue les disparités croissantes entre les catégories socio-professionnelles défavorisées et favorisées. "Certes, pour tous le changement est un impératif ! Mais quel changement ?" Pour nous, précise-t-il, il s’agit d’« un changement pensé, décidé, négocié pour rendre l’école plus efficace, plus inclusive et plus juste ». C’est dans ce cadre que le changement devient un défi, défi qui nécessite plusieurs conditions :

  • La reconnaissance des souffrances, des violences (sous toutes leurs formes), des disfonctionnements, des inefficacités…
  • Une volonté politique mais aussi l’adhésion des personnels d’enseignement et d’éducation.  Considérer que l’on a davantage de bénéfices à changer plutôt qu’à ne pas bouger. Outre une volonté, il faut également de l’apaisement et un minimum de consensus (réf. à l’ouvrage d’A. PROST « du changement dans l’école » - éd. Seuil – 2013 )…. Préférer le rationnel à l’émotionnel, l’argumentaire à la rumeur…
  • Etre capable de répondre clairement à la question suivante : que voulons-nous faire de l’école de demain ? Une école cloisonnée, ségréguée, à plusieurs vitesses ou une école véritablement émancipatrice pour tous et dans laquelle chacun construirait le parcours qui lui correspond…Il faut surtout éviter de se tourner vers une école du passé idéalisée qui n’a jamais existé. Rappelons qu’au début des années 1940, 50% d’une classe d’âge avait le certificat d’étude, 3% le bac. Alors forcément, les défis et les enjeux ne pouvaient être les mêmes qu’aujourd’hui.
  • Enfin pour changer, il faut être accompagné, aidé, s’approprier les bons outils, les méthodes adaptées… Permettre à l’enseignant de devenir un chercheur et lui permettre aussi de partager les résultats de ses expérimentations…De quelle autonomie doivent disposer les enseignants et les établissements ?...
  • Peut-on faire progresser tous les élèves ? Et comment ? La réponse à ces questions constitue certainement le principal défi de l’école française du XXIe siècle.

Le matin : interventions de Jérôme Saltet, Claire Krepper et Audrey Chapelain

Le premier intervenant, Jérôme Saltet a répondu aux questions qui lui étaient posées : « l’innovation dans le système éducatif : nécessaire ? Possible ? Transférable ? » Pour lui,   l’innovation n’est pas nécessaire, sauf sans doute dans les domaines du numérique ou des neurosciences. Mais le changement est indispensable. Le monde va mal et il faut une éducation à la hauteur des enjeux. L’école française corrige mal les inégalités sociales. Et trop d’enfants, de parents et de profs souffrent aujourd’hui.

Le changement est possible, oui, mais pour quoi faire ? Nous devons absolument réfléchir à la finalité de l’éducation, et seulement alors aux moyens à mettre en oeuvre pour atteindre cette finalité. Les moyens en question (le rôle du prof, l’évaluation, le programme, l’organisation en classes…) sont toujours changeables dans un souci d’efficacité et de cohérence. Bien sûr, il y a des obstacles, notamment notre hostilité naturelle au changement, aggravée du fait que nous ne sommes plus des enfants, et que quand nous l’étions, nous étions de bons élèves. Il faut donc écouter les enfants, notamment ceux qui ont du mal. C’est ce que fait notre association a21. La preuve que le changement est possible ? Un collège très innovant, porté par André Giordan et moi, ouvrira en septembre 2019 à Mantes-la-Jolie.

L’innovation est très difficile à transférer. Il faut à la fois faire et faire savoir, prendre le temps d’évaluer et de corriger, avoir une vue globale et aller dans les plus petits détails, travailler en équipe, privilégier une posture de contribution positive, travailler avec le système en ne lui demandant pas plus de moyens… pas facile, mais comme dit Gandhi : « soyons le changement que nous voulons voir dans le monde ».

Voir le site animé par J. Saltet : http://www.changerlecole.com/

Deuxième intervenante, Claire Krepper qui avait comme questionnement : « réforme du collège : impasse ou amorce de solutions  ? »

Notre école doit-elle changer ?

La réponse est sans hésitation oui. Pourquoi ? Parce que ses résultats sont globalement très moyens et que la part d’élèves en échec scolaire augmente. Parce que les inégalités se creusent de plus en plus entre les élèves les plus faibles et les  élèves les plus forts, faisant de notre pays le champion des inégalités sociales de réussite scolaire. Parce que notre système éducatif est particulièrement anxiogène. Les élèves français subissent une pression scolaire excessive, ils ont peur de l’erreur et prennent très peu de risques.

Notre école doit changer pour les élèves mais elle doit aussi changer pour les enseignants. L’enquête Talis montre des enseignants qui se disent eux-mêmes en difficulté, passant plus de temps que leurs collègues des autres pays de l’OCDE à corriger des copies, avec un fort déficit de sentiment d’efficacité personnelle dans leur travail, une conscience marquée de l’insuffisance de leur formation pédagogique et une absence de soutien collectif dans leur établissement (1 enseignant sur 10 seulement est allé voir un collègue au travail dans sa classe quand c’est 4 sur 10 en moyenne dans les autres pays de l’OCDE)…

Retrouver l’intégralité de l’intervention C. Krepper : ICI

Troisième intervenante de la matinée, Audrey Chapelain, professeure de Lettres classiques en collège REP à Salon de Provence. Elle répondra à la problématique suivante : « quelle place pour l’élève dans le système éducatif, quel rôle pour l’enseignant ? ».

Ce sera  l’occasion par Audrey de nous faire part de ses dix années d’expérimentation en collège. Elle a donc présenté la démarche pédagogique des  « ilôts bonifiés », expliqué comment les TICE pouvaient permettre une véritable éducation aux médias dans le cadre d’une pédagogie de projet. Elle a également décrit de nombreux autres outils comme le « compactage », l’utilisation du numérique pour compenser les troubles d’apprentissage, les « ateliers philo », la classe inversée. Elle est également revenue longuement sur la nécessité de changer de pratique d’évaluation. Vous retrouverez l’essentiel de son travail et de sa réflexion sur ces sujets dans son livre : « Mise à nu d’une enseignante » publié en 2016 aux éditions l’Harmattan.

Voir notre article :  "Prof", mise à nu du travail d'une enseignante : ICI

L’après-midi : après l’intervention de Pascale HAAG, ci-dessus la « table ronde » des acteurs du terrain avec de gauche à droite : Isabelle Lagadec, Proviseure, Michel Touin, directeur d’école, Cathy Rigal et Hervé Nunez du collège/lycée Freinet de la Ciotat, Guillaume Pellé, professeur de mathématique en collège REP.

L’après-midi était consacré, pour une partie, à l’intervention de Pascale HAAG qui nous permettra de réfléchir à la problématique suivante : « Recherche pédagogique et enseignement : quels liens ? Quelles synergies ? Ce sera l’occasion pour elle de présenter les « Lab Schools » ainsi que les liens qui existent entre les acteurs de l’éducation, de l'innovation et les chercheurs à travers la plate-forme « Actions éducatives, recherches, expérimentations (AERE) »

Voir la plate-forme : « Actions éducatives, recherches, expérimentations »   (AERE).

Quelques extraits de son intervention :

Le concept de Lab School : L’éducation fondée sur des preuves est un courant visant à fonder les pratiques éducatives sur des preuves (ou au moins des éléments de preuve) scientifiques de leur efficacité (…).

Les Lab schools, école laboratoire, qui sont des écoles adossées à la recherche, trouvent leur origine dans le mouvement de la progressive education initié par John Dewey à partir de 1894. Généralement insérées dans un département universitaire de psychologie ou d’économie, leur objectif initial est de mener des recherches tout en assurant un service d’enseignement et de formation. La coexistence de ces trois activités – recherche, enseignement, formation – a permis une amélioration notable du bien-être des enfants et des familles, en même temps que d’importantes contributions dans le champ de la recherche (…).

Une lab school ne se définit pas uniquement par un dialogue constant entre recherche et applications pédagogiques, certaines d’entre elles s’inscrivent dans leur mission d’accueil de la diversité culturelle, sociale et économique ou la prise en charge d’enfants à besoins spécifiques (troubles des apprentissages, TRAH, troubles du spectre autistique). Ce sont donc surtout des lieux de partage, d’échange et de dissémination (…).

Mon propos s’inscrit dans un contexte bien particulier : celui de la création, en Île-de-France, d’une Lab school – une « école laboratoire » - inspirée de ces écoles pilotes qui existent en Amérique du Nord depuis la fin du XIXe siècle, où sont associées éducation et recherche afin de favoriser l’innovation pédagogique, la circulation des connaissances, l’échange de compétences et l’émulation entre les différents acteurs. Il s’agit d’une initiative menée par un groupe de travail du Lab School Network (www.labschool.network. ).

Il n’en existe pas encore en France, même si de nombreuses expérimentations pédagogiques sont menées depuis les années 1970, aussi bien dans les écoles publiques que privées. Le lien avec la recherche reste souvent ténu : ces expérimentations font trop rarement l’objet d’évaluations scientifiques permettant d’orienter les choix. Mettre en application en classe des pratiques issues de recherches scientifiques constitue encore un véritable défi pour les enseignants, même lorsqu’ils sont motivés pour le faire (…).   

La deuxième partie de l’après-midi sera consacrée aux interventions « d’acteurs du terrain » et à un échange avec la salle. Interviendront ainsi successivement Michel Touin, directeur d’école à Istres, Isabelle Lagadec, Proviseur de lycée à Port-de-bouc, Cathy Rigal et Hervé Nunez, respectivement professeure-documentaliste et professeur d’Arts Plastiques au collège/lycée expérimental Freinet (CLEF) de la Ciotat, Guillaume Pellé, professeur de mathématique en collège REP+ à Marseille.   

Nous ne pouvons malheureusement pas retranscrire toute la richesse des échanges. Voici quelques liens qui vous permettront de compléter votre information :

  • Une expérience Freinet dans le secondaire : Le CLEF de La Ciotat (article du café pédagogique) : ICI
  • A Aix-Marseille, la pédagogie Freinet, c’est aussi dans le second degré : le CLEF de La CIOTAT : ICI

Guillaume Pellé, professeur de mathématique, a aussi proposé une présentation de :

1) Évaluation par compétences et SACoche

Un des obstacle évoqué dans différents retours sur l'évaluation par compétences est l'absence d'un outil informatique suffisamment puissant et ouvert pour permettre aux collègues de se délester de l'aspect technique de cette modalité de suivi et d'évaluation, tout en restant libre des items qu'ils souhaitent utiliser. Ce logiciel existe, il s'appelle SACoche !

Il permet de générer sans problème tous les documents institutionnels demandés sans effectuer la moindre double saisie (bulletins périodiques, de fin de cycle, positionnement par rapport au Socle commun de connaissances, de compétences et de culture, contrôle continu du DNB). L'export vers le LSUN est aussi assuré.

Ce logiciel est libre et gratuit et peut être exploité en école, en collège ou en lycée. Il est possible d'inscrire son établissement sans problème en utilisant ce lien : https://sacoche.sesamath.net/index.php?page=utilisation__serveur_sesamath__ajout

Pour vous documenter sur ce logiciel, je vous renvoie à la page de présentation et de documentation très bien faite : https://sacoche.sesamath.net/

Pour ceux qu'ils le souhaitent, vous pouvez vous tester en vous connectant sur une installation réelle sans aucun risque de faire une fausse manipulation, c'est une classe de test utilisée pour les démonstrations, n'hésitez pas à tester à cette adresse : https://sacoche.sesamath.net/sacoche/?base=794

Pour les identifiants, ils ont été donnés lors de la conférence. Si vous souhaitez qu’ils vous soient communiqués ou si vous avez une question à propos de ce logiciel, n'hésitez pas à nous le demander en envoyant un courriel à l’adresse ac-aix-marseille@se-unsa.org

2) Modalités d'accompagnement du changement

Pour le conseil pédagogique, je vous renvoie à l'article déjà publié sur ce sujet : http://sections.se-unsa.org/aix-marseille/spip.php?article1366

Pour l'accompagnement et la reconnaissance des projets que vous souhaitez mener ou pérenniser, il ne faut pas hésiter à contacter la CARDIE de l'académie d'Aix-Marseille qui peut être un bon point soutien.