Retour à l'article normal

SE-UNSA AIX-MARSEILLE


 Par SE-UNSA AIX-MARSEILLE
 Le  vendredi 18 novembre 2016

Après la victoire de Trump aux Etats-Unis, prendre ses responsabilités en France

 

Pas de plafond de verre pour les populistes, la victoire de Trump le confirme. La vague puissante de la peur et du repli ne semble pouvoir s’échouer sur aucune digue. Nombreux sont ceux qui, en France, pensent que l’élection de Trump est catastrophique. C’est vrai, mais ce n’est rien comparé à une victoire de Marine Le Pen aux prochaines élections présidentielles ou/et législatives.

En effet, si Donald Trump a imposé son personnage et s’est imposé grâce à lui, l’héritière du FN a, en plus de la marque « Le Pen », d’autres arguments qui augmentent ses chances mais également sa dangerosité. Elle a un parti structuré avec des milliers de militants revanchards et un projet de société mûrement réfléchi qui s’appuie sur l’histoire de la vieille extrême droite. Donald Trump est engoncé dans un système où les contre-pouvoirs sont très puissants. Ses premiers pas de « président élu » ainsi que ses premiers «revirements » montrent qu’il le sait et que son opportunisme est aussi grand que son cynisme.

Marine Le Pen, elle, aurait les mains libres dans son camp et utiliserait à plein les pouvoirs exorbitants de la fonction présidentielle de la Ve République. C’est ce qui rend encore plus dangereux la perspective de son élection. D’autant qu’avec un peu de patience et en choisissant bien ses premières cibles, il lui serait facile par petites touches de réduire les libertés et les résistances démocratiques, une à une, comme dans un scénario à la Erdogan. Voilà pourquoi le mouvement de Mme Le Pen, ne peut être mis sur le même plan que l’ensemble des forces politiques de l’arc républicain et démocratique. Voilà pourquoi, l’UNSA Education fera tout pour s’opposer à son élection et à celle des candidats de son mouvement.

La première de nos responsabilités est de considérer que l’hypothèse d’une victoire du FN est de plus en plus crédible. Par provocation, on pourrait même dire que plus les démocrates et les progressistes pensent que cela n’arrivera jamais, plus cela rend cette hypothèse inéluctable, en 2017 ou après. La situation de notre pays est tellement instable que tout est possible pour les prochains scrutins et donc également le pire. Ceci implique que chacun, en tant que citoyen, participe aux débats des prochains mois pour faire valoir ses points de vue, mais sans perdre de vue qu’un jour, le rassemblement pour protéger notre environnement démocratique nécessitera au delà des mots, des actes qui seront précis et des rassemblements qui seront vitaux.

Evidemment, en tant qu’éducateurs et citoyens, notre travail à long terme consiste à montrer que l’unité, la solidarité, la confiance dans l’avenir, la science, la culture sont les seules options si l’on veut construire un monde harmonieux où chacun aurait sa place. Evidemment, dans cette campagne, il faudra dénoncer la supercherie de Marine Le Pen qui, en plus d’avoir un programme « anti-pauvres », fera de ceux qui craignent le déclassement ses premières victimes. Son parti au pouvoir s’attaquera à nos libertés y compris celle de s’organiser pour se défendre et c’est aussi, dans ce sens là, que la défense du cadre républicain devra être un combat premier. Nous argumenterons pour montrer que son programme, lorsqu’il n’est pas creux, est aussi dangereux qu’inefficace. Mais viendra aussi le moment où, pendant quelques heures, la question qui nous sera posée sera celle très concrète du vote.

Aujourd’hui, « faire barrage » au FN n’est plus parmi les démocrates, les humanistes, les progressistes un réflexe ou une action qui va de soi. Et c’est un problème, car ne pas se déplacer le jour du vote ou ne pas choisir, c’est donner la victoire à ceux qui, eux, se mobiliseront. Nous avons encore plusieurs semaines pour éviter qu’un accident démocratique ne se produise. Certaines alternatives ne seront simples pour personne. Sans parler d’une situation où le dépit conduirait certains à déléguer à d’autres la responsabilité du choix, ou pire, à opter pour la terre brulée. Alors plutôt que de le faire en urgence et dans l’émotion, au moins débattons-en aujourd’hui !

C’est une responsabilité essentielle que de mener un travail de fond et sur le long terme qui permettrait à chacun d’adhérer à des alternatives politiques limitant ainsi les choix par défaut. Mais il est une responsabilité encore plus grande et qui rend possible, même après les échéances électorales, tous les combats et toutes les utopies : la préservation de nos institutions démocratiques et de nos libertés. Et pour cela, chaque voix comptera.

Laurent Escure
Secrétaire général de l’UNSA Éducation