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SE-UNSA AIX-MARSEILLE


 Par SE-UNSA AIX-MARSEILLE
 Le  dimanche 18 septembre 2016

Eduquer à la défense et à la sécurité civile : une initiative d’enseignants de la cité scolaire d’Embrun

 

Le SE-Unsa d’Aix-Marseille essaie dans la mesure du possible de vous informer régulièrement des initiatives et des projets pédagogiques qui éclosent et qui se développent dans l’académie. Eduquer à la défense et à la sécurité civile pourrait être considéré comme quelque peu insolite. Pourtant, cet enseignement facultatif connaît un réel succès auprès des jeunes de la cité scolaire d’Embrun. On s’y forme autour des valeurs d’entraide, de partage, d’effort collectif… On s’intéresse à la géopolitique et on y parle citoyenneté.  Cela méritait d’être connu et souligné. Présentation du coordonnateur du projet, Lionel Liron, professeur d’histoire-géographie :

Un enseignement facultatif de plus en plus plébiscité par les élèves 

Mis en place pendant l’année scolaire 2008-2009 à la cité scolaire d’Embrun dans les Hautes-Alpes, l’enseignement facultatif « Education à la Défense et Sécurité Civile » (EDSC), fonctionne depuis 8 ans.

En 2010, il est affilié aux classes dites de « Défense et Sécurité Globales » (voir protocole mai 2016 - BO n°26 30 juin 2016). Ce travail est avant tout un projet scolaire, coordonné par L. Liron, professeur d’Histoire-Géographie, et bénéficiant de nombreux partenariats (acteurs de la Défense et sécurité civile, acteurs économiques et sociaux locaux, parents). Il permet aux élèves de 13 à 18 ans d’acquérir une meilleure connaissance des questions dites de « Défense et sécurité globales » tout en dispensant  des cours de géopolitique  ainsi de s’interroger sur les valeurs citoyennes.

Dès le départ deux perspectives fondent ce projet : d’une part, la spécificité d’Embrun, cité scolaire pouvant mener le projet de la Troisième à la Terminale ; d’autre part, la volonté de fédérer les élèves et les enseignants autour d’un projet porteur.

Pour l’année 2016-2017, les effectifs de cet enseignement sont de: 28 élèves en classe de 3e, 24 en classe de 2nde et 26 pour le groupe 1res-Tles.

 

Un projet demandant un fort investissement scolaire et une dynamique qui se renforce par le travail effectué lors des journées de stage.

Avec la participation d'un professeur d’Anglais (C.Turblin) et d'un professeur de Mathématiques (N. Hurlin), le projet est axé sur le travail d’équipe qui dynamise les activités. L’engouement des élèves pour cet enseignement, qu’ils nomment « option défense » apporte très vite un profil scolaire basé sur les valeurs de confiance, de respect, de sérieux et d’égalité des sexes. On remarque ainsi que la plupart des classes demeurent depuis le début fortement féminisées (20 filles pour 8 garçons en 3e). Les activités liées à cet enseignement accentuent aussi le volontariat des élèves et leur engagement contribuant à renforcer un état d’esprit positif.   

Cet enseignement est constitué de 19 journées de stage dont la majorité concerne la classe de 3e :

  • 1 journée de présentation des partenaires à la mi-octobre pour une première prise de contact ;
  • 5 jours de stage aux Ecoles des Officiers de l'Armée de l'Air de Salon-de-Provence pour les 2ndes début décembre ;
  • 3 jours en immersion au 4e Régiment de Chasseurs de Gap, chez les gendarmes puis les pompiers d’Embrun fin janvier pour les 3e ;
  • 2 journées au CODIS-CTA (Centre Opérationnel Départemental d'Incendie et de Secours) et au CORG (Centre d'Opérations et Renseignements de la Gendarmerie) de Gap en mars pour les 3e ;
  • 3 journées à la Légion en avril pour les 1res et Tles ;
  • 1 journée d’exercice avec la Délégation Départementale des Hautes-Alpes en avril pour les 3e ;
  • 1 raid de 24h regroupant tous les élèves de 3e à Tle fin avril ;
  • 2 journées de stage cohésion pour les 3e avec le 4RCh fin mai ;
  • 1 journée à l’Arsenal de Toulon pour les 2 ndes début juin

Il s’appuie aussi sur la participation volontaire aux commémorations. Pour l’année 2015-2016, 63 élèves ont participé au 11 novembre, 35 au 19 mars (Guerre d’Algérie), 18 au 27 avril (Déportés), 35 au 8 mai, 35 au 8 juin (Indochine), 30 pour le 18 juin. Aux cours de ces cérémonies du Souvenir, les élèves sont acteurs en tant que porte-drapeau et lecteurs des discours ; certains participent hors du groupe, délégués dans les communes environnantes.

 

Un partenariat diversifié

Le projet EDSC bénéficie d’une forte adhésion locale et de l’investissement de nombreux partenaires :

  • les partenaires originels et récurrents du projet : 4e RCh de Gap dont le 1er escadron est parrain de la classe de 3e) ; Gendarmes des Hautes-Alpes ; SDIS05 ; Délégation Militaire Départementale des Hautes-Alpes ;
  • les partenaires du cycle lycée : EOAA de Salon-de-Provence, Marine Nationale de Toulon, Légion Etrangère ;
  • les partenaires occasionnels : Médecins du Monde, Croix Rouge, ONCFS ;
  • les partenaires civils : préfecture des Hautes-Alpes, Conseil Départemental, Mairie d’Embrun, mairies des communes environnantes, Associations de Mémoire, Associations locales et acteurs économiques.

 

Le Grand Oral à la fin de la classe de troisième

Le cycle de « 3e Défense » est basé sur un véritable parcours scolaire s’appuyant sur trois notes par trimestre et se concluant par le Grand Oral. Celui-ci constitue la dernière note de l’année. Les élèves présentent alors un mémoire de 15 pages qu’ils ont travaillé en binôme toute l’année sur des questions de géopolitiques ou liées à la Défense. Leur prestation est évaluée à l’oral (présentation et power point de 15 minutes minimum) par un jury de 3 personnes regroupant civils, militaires, pompiers et gendarmes.

Le mémoire et l’exposé sont aussi assortis de compétences complémentaires (français, anglais, espagnol, italien, géopolitique, arts plastiques et mathématiques) pour les élèves sur des sujets connexes à leur mémoire et illustrées là aussi prestation orale explicative et complémentaire (trois minutes minimum et power point).

 

Un enseignement en quête de reconnaissance

Débuté en 2008 avec 23 élèves en collège et 6 en lycée, cet enseignement facultatif regroupe désormais 76 élèves. La motivation et la cohésion se retrouvent au cœur du projet. Pour autant, il n’a ni le statut d’option reconnue au Baccalauréat, ni même un nom dans les nomenclatures de l’Education nationale puisqu’à défaut, il occupe la case ATART : Atelier Artistique !

Alors, dans un contexte politique national et international qui interroge chaque jour  un peu plus nos élèves, à un moment où les questions de citoyenneté et de valeurs de la République font débat, à l’heure où les réformes de l’Education Nationale demandent davantage de transdisciplinarité, d’investissement dans des démarches moins classiques permettant de déboucher sur des projets concrets et motivants, il me semble que cet enseignement a non seulement toute sa place au sein d’un établissement scolaire mais qu’il répond à une véritable attente pédagogique de la part des élèves.   

Lionel Liron