Audrey Chapelain est une jeune « prof » et déjà une enseignante chevronnée qui depuis un peu plus de dix ans expérimente une multitude d’outils et de démarches pédagogiques afin que ses élèves de collège réussissent. Tous ses élèves !.... et pas seulement  «les six ou sept dans les yeux desquels nous aimons nous regarder ».

paru en mai 2016 - éditions L'Harmattan

Elle revient sur son parcours, ses débuts, ses difficultés. Elle doit bien l’admettre, rien ne la préparait vraiment à cette rencontre : celle d’une jeune enseignante débutante et celle de la complexité et la diversité d’une salle de classe. « Rien dans notre formation ne nous ouvre les yeux sur le fonctionnement cognitif de nos élèves tous différents. Il n’y a qu’à regarder notre salle de classe : dyslexiques, dyscalculiques, dysorthographiques, dyspraxiques, intellectuellement précoces, hyperactifs et tous ceux dont j’ignore même l’appellation… Sans parler de ceux qui auront une mémoire davantage visuelle, auditive etc… Bref un kaléidoscope de petits cerveaux à qui nous proposons une seule façon d’apprendre. L’échec assuré… »

Passés « l’écœurement, la déception et la panique », le sentiment de ne pas aller dans le bon sens, elle refuse l’immobilisme, la reproduction passive des modèles enseignés. Elle nous livre avec simplicité ses doutes et ses moments de découragement. Elle nous dit sa honte lorsqu’elle a pu considérer un élève comme un incapable. C’était tellement plus simple « que d’envisager tout ce qu’il nous faudrait faire pour remédier à ses lacunes ».

Tout est dit, simplement, sans jargon, sans condescendance, avec beaucoup de sincérité, d’authenticité et de bienveillance y compris lorsqu’ Audrey critique parfois l’attitude de certains collègues. C’est avant tout la passion qui l’anime. Passion de transmettre, d’avancer, de progresser, de faire changer. Audrey distille autour d’elle le plaisir d’apprendre comme celui d’enseigner.

Se remettre en question, changer son regard sur les élèves, travailler à instaurer une communication authentique dans la salle de classe, modifier le climat scolaire pour le rendre propice aux apprentissages, ce sont ses premières préoccupations. Elle a été comme beaucoup de profs « une bonne élève » alors que son petit frère développait une phobie scolaire. Mais, avoir été une bonne élève, c’est presque pour elle aujourd’hui un handicap : « Tout se passe comme si les bons élèves qu’ils ont souvent été figeaient les professeurs qu’ils sont devenus dans leurs pratiques ».

Alors pour elle, pas d’autres solutions. Il faut chercher, chercher encore, se servir de l’expérience des autres, réfléchir, trouver les chemins et les moyens de faire progresser et de faire réussir, donner du sens aux apprentissages. « En cherchant, on trouve toujours ! ». Et Audrey a trouvé et essayé. Co-enseignement, classe inversée, ilots bonifiés, compactage, atelier philo., utilisation du numérique … Autant d’expérimentations, autant de défis…. Avec parfois quelques échecs, quelques doutes et des tâtonnements incessants mais toujours beaucoup de bonheur lorsqu’elle a eu la satisfaction de constater que cela marche, que les élèves s’impliquent, comprennent, progressent ensemble et à leur rythme.   « Expérimenter, c’est aussi se mettre en danger pour trouver ensuite plus de satisfaction à exercer notre métier ». C’est le fruit de cette expérimentation qu’elle nous livre aujourd’hui avec franchise et spontanéité dans un petit ouvrage de 186 pages.

Alors, dans l’exercice quotidien de son métier d’enseignante, elle souhaite avant tout garder en mémoire ce petit adage de Saint-Exupéry : « L’avenir, tu n’as pas à le prévoir mais à le permettre». « Alors permettons-le tout simplement ».

Enseigner, un acte politique et un engagement. Certainement !

Philippe PEYRONNIN (sec. acad. adjoint – SE-Unsa Aix-Marseille)

Audrey CHAPELAIN est professeure de Lettres Classiques au collège (REP) Jean Moulin de Salon de Provence.  Elle est également investie dans la formation. Adhérente du SE-Unsa, elle est correspondante de notre organisation syndicale dans son établissement.

• ICI : Audrey Chapelain répond à nos questions - Extraits de son livre