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Paniques Ă  propos des Ă©crans, que peut-on en penser ?
Article publié le jeudi 5 avril 2018.
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On voit en ce moment pléthore de reportages et d’articles aux titres plus accrocheurs et morbides les uns que les autres (pour déclencher du clic) : “Enfants : le danger des écrans”, “Accros aux écrans : l’épidémie silencieuse”, “L’addiction aux écrans : l’héroïne numérique”, “Les écrans rendent-ils vraiment les enfants autistes?”, “Mortels, les écrans ?”, “Génération légumes”, “L’héroïne électronique”…

fantasy

Il s’agit là d’un mécanisme bien connu appelé Fearmongering. C’est la propagation de rumeurs effrayantes et exagérées d’un danger imminent ou la tactique de susciter exprès et inutilement la peur du public à propos d’un problème.

À l’heure du buzz et des fake-News la peur est très efficace pour déclencher du clic mais cette émotion incontrôlable empêche aussi et surtout de réfléchir et de raisonner posément. Par facilité on peut vite glisser vers un “c’est la faute aux écrans” qui expliquerait de façon unique tous les problèmes qui nous semblent émergents.

Voici quelques références pour aller plus loin que les idées reçues à propos des écrans :

  • Les Ă©crans abĂ®ment les yeux

Non, les écrans ne génèrent pas de troubles visuels mais ils les révèlent et les renforcent car ils fatiguent les yeux. Nous clignons moins des yeux devant les écrans ce qui peut provoquer des problèmes de sécheresse oculaire. Il est donc conseillé de penser à cligner des yeux et de faire des pauses régulières. La façon dont nous sommes installés devant l’écran et son positionnement dans la pièce par rapport aux fenêtres peut aussi diminuer la fatigue visuelle.

Enfin pensez avant de faire une remarque à quelqu’un se tenant très près d’un écran qu’il peut s’agir d’une personne malvoyante, qui ne peut pas faire autrement et qui en a sûrement marre d’entendre qu’elle risque d’abimer ses yeux !

La fatigue visuelle sur le site de l’Asnav
AmĂ©liorer le confort visuel sur le site de l’Asnav   

  • Les Ă©crans perturbent le sommeil

Oui, et pas seulement pour les enfants, nous sommes tous concernés. Les écrans des ordinateurs, tablettes, smartphones et téléviseurs émettent une lumière bleue qui stimule naturellement la sécrétion d’hormone de l’éveil et diminue la mélatonine qui favorise l’endormissement. Il y a cependant des parades très simples à ce problème, soit éviter de regarder les écrans dans les 2 heures précédant l’endormissement, soit installer sur vos appareils une application qui filtre la lumière bleue en fin de journée, soit porter des lunettes spéciales. Les liseuses quant à elles n’émettent pas cette lumière bleue (si vous n’activez pas le rétro éclairage).

La lumière bleue, puissant synchronisateur et désynchronisateur sur le site de l’Inserm
L’impact de la lumière bleue sur le sommeil

 

  • Les Ă©crans rendent addicts  

C’est controversé, certains spécialistes préfèrent parler d’usages problématiques, d’autres disent qu’il s’agit d’une véritable addiction. Dans la définition de l’addiction il y a un syndrôme de manque qui n’existe pas avec les écrans (au sens médical du terme). L’OMS a annoncé en janvier 2018 que Le « trouble du jeu vidéo » (gaming disorder) et les risques d’addiction liés à ce « trouble » seraient ajoutés à la onzième liste de la classification internationale des maladies (CIM) qui sera publié en juin (source). Néanmoins de nombreux chercheurs continuent d’affirmer qu’il ne s’agit pas d’une pathologie sans nier l’existence de pratiques excessives problématiques (source). Rappelons enfin qu’addiction ou usage problématique du numérique ne concernent qu’une très faible proportion des usagers des écrans !

  • Les Ă©crans isolent

En fait non ! De très nombreuses études montrent que la sociabilité évolue avec le numérique vers un fonctionnement davantage en réseaux et que les gens sociables utilisent les réseaux sociaux pour avoir encore plus de contacts. Pour les personnes peu sociables le numérique peut amener à l’être davantage dans “la vraie vie” en facilitant les prises de contacts. On oublie aussi souvent que des personnes isolées géographiquement ou gênées dans leurs déplacements ou leurs contacts sociaux par un handicap peuvent via le numérique échanger énormément à distance et compenser au moins partiellement leur isolement.

Les réseaux sociaux en ligne : une révolution ?

  • Ă€ cause des Ă©crans, les enfants ne savent plus tenir un stylo

C’est plus compliqué que cela… En effet, il y a depuis des dizaines d’années un manque d’activités mettant en oeuvre la motricité fine et globale. Cela a commencé avant l’arrivée massive des tablettes, qui pour leur part contribuent à travailler la précision du geste mais sans la préhension nécessaire à l’écriture. Donc être attentif à compenser ce manque de motricité fine et globale à l’école est important, mais les écrans ne peuvent raisonnablement pas être accusés d’être responsables de cette lacune.

L’avis d’une ergothérapeute

  • Les Ă©crans rendent autistes

NON ! Cela n’est simplement pas possible, les personnes autistes naissent autistes et le restent. On ne peut donc pas développer des troubles autistiques parce qu’on est exposé aux écrans, ni guérir de l’autisme en supprimant les écrans. Cette relation de cause à effet est donc une erreur absolue, et même avec des précautions oratoire du type “ça ressemble à des troubles autistique” ou “c’est un autisme virtuel” cela est très dommageable car le lien se fait dans l’esprit de la plupart des gens qui connaissant mal l’autisme. Quand on sait en plus que pour les personnes autistes les écrans sont des aides précieuses pour communiquer on comprend la colère de ceux qui sont concernés par l’autisme.

L’avis du psychologue Serge Tisseron
La présidente de SOS Autisme France nous explique les conséquences de cette fake news sur les autistes
Écran et autisme : Le point sur l’étiologie de l’autisme

Ne laissons pas les médias jouer avec nos émotions, informons-nous posément et refusons le recours paresseux et facile au “mauvais objet” responsable de tous les maux !

Une prévention efficace commence par une information de qualité.

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