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Inverser les contenus des Ă©valuations de la rĂ©forme du bac : une proposition du SE-Unsa Aix-Marseille qui ouvre de nouvelles voies pĂ©dagogiques
Article publié le jeudi 22 février 2018.
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L’application de la réforme dans nos établissements semble créer autant, si ce n’est davantage qu’auparavant, de contraintes structurelles sur la liberté pédagogique des enseignants. En effet, la distinction entre disciplines de spécialité et tronc commun, se doublant d’une évaluation distincte (épreuves finales et partiels) suivant le calendrier annoncé dans le dossier de presse du ministère soulève des inquiétudes légitimes. Pour y faire face, le SE-Unsa Aix-Marseille dispose d'une proposition simple : inverser le contenu des évaluations entre tronc commun et disciplines de spécialité.

 

Une fin de “maturité” mal exploitée

Le dernier partiel du tronc commun, annoncé à titre indicatif en décembre de l’année de terminale ou “classe de maturité” pour reprendre la sémantique ministérielle (cf. le dossier de presse du ministère sur la réforme du bac), pose la question du degré de motivation des élèves pour les six derniers mois de l’année, qui seront largement tournés vers les épreuves finales (trois épreuves sur quatre). De plus, avec le principe de la spécialisation, ces matières du tronc commun risquent de susciter un intérêt plus secondaire, n’étant pas celles sur lesquelles la plupart des élèves vont miser en spécialisation ou durant leurs futures études supérieures.

 

Une nouvelle organisation des Ă©valuations plus lourde

Aussi, la prise en compte à hauteur de 30% des trois partiels sur une année et demie, de la première à la terminale, institue une “charge mentale” constante, pourtant annoncée lors du rapport de M. Mathiot comme la première motivation officielle de la réforme souhaitée par le candidat Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle. Cette contradiction interroge, et souligne la difficile application de l’injonction présidentielle : s’en tenir à 4 épreuves terminales. Ainsi, la solution proposée par la réforme, soit l’organisation répétée de partiels sur un tronc commun (parfois “subi” par les élèves à la différence de leurs spécialisations), induit de fait un horizon pédagogique réduit à l’échelle du semestre durant un an et demi sur l’ensemble du cycle terminal, de l’année de première au début de la classe de maturité. En effet, afin de correspondre aux attentes de la base de sujets nationaux proposés pour les partiels, et en vue d’une correction par bassin, les enseignants devront respecter le tempo des programmes avec une rigueur accrue, en particulier dans des disciplines dont le volume horaire hebdomadaire reste modeste (seul le français, tourné vers les épreuves anticipées, atteint 4 heures hebdomadaires, soit l’équivalent d’une discipline de spécialité de première).

 

Une évaluation régulière problématique en fonction des élèves

Ces trois partiels offrent également de fait une prime à l’élève favorisé, immédiatement apte à réussir le premier partiel, tandis que l’élève débutant sa classe de première plus en difficulté, même en progressant, sera plombé par ce mauvais départ, par effet mathématique de la moyenne sur la longue durée, ne valorisant pas sa progression, d’autant plus sur des matières de tronc commun qui ne sont pas forcément son meilleur domaine d’expression. A l’inverse, les disciplines de spécialité, évaluées au terme du parcours, ne peuvent pas garantir la prise en compte de cette progression de l’élève fragile, étant donné que la sélectivité des candidats rendra le niveau moyen lors de l’épreuve finale plus difficile à atteindre pour un élève fragile. L’organisation actuelle proposée par la réforme n’a donc de contrôle continu que le nom, d’autant plus en l’absence de contenus pédagogiques clairement définis. Surtout, elle fragilise les rapports d’égalité entre élèves face à l’examen. La notation régulière n’est pertinente que si elle est légère, et si le contenu certificatif est progressif et bienveillant. Il est plus difficile de mettre en place ce modèle d’évaluation avec un tronc commun devant faire face à des niveaux extrêmement hétérogènes.

 

Une proposition simple : inverser le contenu des Ă©valuations

Nous estimons donc intéressant de proposer une architecture inversée de l’évaluation du baccalauréat réformé. En évaluant le tronc commun en épreuves finales lors de l’année de terminale, les enseignants auront le temps de faire progresser l’ensemble du groupe classe, d’autant qu’il sera probablement hétérogène du fait de la réalisation de divisions en fonction des disciplines de spécialité. Le nombre d’épreuves reste réduit (histoire-géographie, langues vivantes, humanités scientifiques et numériques). A l’inverse, les disciplines de spécialité pourraient être évaluées dans le cadre des trois partiels, avec un niveau d’exigence réellement progressif pour lisser l’effet d’une prime à l’élève le mieux préparé en amont, d’autant que l’élève aura choisi ses disciplines de spécialité, et que l’on peut supposer correspondre à ses “points forts”. Notre proposition produit alors le calendrier suivant d'évaluation :

  Enseignements de spĂ©cialisation Tronc commun
Première

Deux partiels (janvier et avril, dates indicatives de la réforme actuelle)

Trois disciplines de spĂ©cialitĂ© Ă  chaque fois. 

Epreuve anticipée de français (fin juin)

ContrĂ´le continu (prise en compte du livret scolaire, Ă  hauteur de 10% sur l'ensemble du cycle terminal)

Maturité

Un seul partiel (décembre, date indicative de la réforme actuelle)

Deux disciplines de spécialité.

+ Grand oral (fin juin)

Fléché vers les disciplines de spécialité (projet actuel de la réforme)

Epreuves terminales du tronc commun (avril ou mai dans le calendrier actuel proposé par le ministère) avec prise en compte dans Parcours Sup

Epreuve de philosophie qui clôture l'examen du baccalauréat (fin juin)

ContrĂ´le continu (prise en compte du livret scolaire, Ă  hauteur de 10% sur l'ensemble du cycle terminal)

 

Une solution concrète, plus légère, et qui ouvre d’autres voies pédagogiques

Un tel choix allège l’organisation des partiels (trois disciplines par deux fois en première, deux disciplines une seule fois en terminale). De plus, cette architecture offre l’avantage de valoriser la troisième spécialisation de première qui disparaît ensuite en terminale, et qui devient évaluée lors de deux partiels sur trois. Enfin, cette organisation n’est pas menacée par la démobilisation après le troisième partiel : ces disciplines restent mobilisées par le grand oral, fléché vers les disciplines de spécialité et qui peut être alors préparé avec soin pour tous ; et ce temps peut également être celui d’une réelle liberté pédagogique, en menant une pédagogie différenciée en fonction des projets des élèves dans les études supérieures. A l’inverse, les disciplines du tronc commun, qui est parfois subi par les élèves, conservent un temps de préparation sur deux ans (sauf le couple français-philosophie, comme dans la formule actuelle de la réforme qui reprend le format en vigueur). Ce temps accru, avec un horizon plus tardif, donne le temps de préparer tous les élèves correctement à des exigences communes, en accord avec l’exigence d’un “socle commun culturel” souhaité par le ministre.

 

Une prise en compte plus pertinente de l’évaluation dans l’orientation

La conservation dans le cadre de cette proposition du calendrier actuel des Ă©preuves tel que proposĂ© par le ministère permet d’envisager la prise en compte de ces Ă©preuves terminales dans l’orientation Parcours Sup, Ă  l’image de ce qui est prĂ©vu pour les Ă©preuves des disciplines de spĂ©cialitĂ©. Par cette proposition, l’évaluation rĂ©gulière des partiels des disciplines de spĂ©cialitĂ© permet un choix de l’élève rĂ©duit Ă  deux enseignements en classe de maturitĂ© en connaissance de cause, ayant Ă©tĂ© Ă©valuĂ© sur des sujets nationaux, par des correcteurs extĂ©rieurs, par deux fois au cours de sa première. Enfin, l’ensemble des notes aux partiels peut apparaĂ®tre dans le dossier d’orientation de Parcours Sup, ce qui renforce encore la pertinence de cette proposition. 

 

Jean Renoux

Responsable académique agrégés

En charge de la question "réforme du bac" pour le SE-Unsa Aix-Marseille

 
 
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