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Suite au conseil des ministres et lors d’une conférence de presse, le ministre de l’éducation nationale, Jean-Marie Blanquer a présenté aujourd’hui, le mercredi 14 février, l’architecture de sa réforme du bac qui doit entrer en vigueur pour la session 2021. A partir de cette annonce, nous pouvons désormais considérer que l’essentiel de la réforme est désormais connu, même si bien des points doivent encore être précisés dans le détail, d’autant que les adaptations des programmes restent à réaliser.
Le calendrier de la réforme
Septembre 2018 : rentrée de la “nouvelle seconde”, comprenant pour l’essentiel des ajustements.
Septembre 2019 : rentrée de la “nouvelle première” avec l’ensemble des nouveaux dispositifs et l’application des nouveaux programmes.
Septembre 2020 : rentrée de la “nouvelle terminale”, que le ministre, avide de sémantique, souhaite appeler “classe de maturité” avec l’ensemble des nouveaux dispositifs et l’application des nouveaux programmes.
L'organisation du nouveau bac
Une réorganisation des épreuves
Une évaluation sur l’ensemble des années de première et de terminale réparties comme suit :
ContrĂ´le continu : 40% du total |
Certifications finales : 60% du total |
10% à partir du livret scolaire (soit les notes de l’ensemble des trimestres) |
Epreuve anticipée de français (fin de 1ère) |
30% sur la base des trois partiels (deux en première, un en terminale) soit 10% chacun. |
Deux épreuves de spécialité au retour des vacances de printemps |
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Un “grand oral” préparé en amont, passé fin juin, de 20 mn (10 mn de présentation, 10 mn de questions), combinant les enseignements de spécialités choisis en terminale |
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Epreuve de philosophie, passée fin juin |
A noter :
Les copies des partiels sont anonymes et corrigées par un autre enseignant que celui de l’élève, avec harmonisation, sans plus de précision pour l’instant. Les sujets des partiels seront disponibles à partir d’une base nationale numérique. Aucune information à l’heure actuelle concernant des coefficients entre matières évaluées lors des partiels. Nous ne savons pas non plus, à la lecture des documents du ministère, si les enseignements de spécialité sont également évalués en partiels, ou si seul le “tronc commun” sera évalué : la formulation étant “les épreuves communes porteront sur les disciplines étudiées par l’élève”. Enfin les rapports d’importance des notes des différentes épreuves finales, les coefficients, ne sont pas davantage précisés.
Par ailleurs, le contenu des épreuves n’est en aucun cas précisé à l’heure actuelle.
Une réorganisation du lycée
La refonte des épreuves du bac s’accompagne d’une réorganisation du lycée, ciblant en particulier les filières générales qui disparaissent (voir plus loin). En revanche, la semestrialisation n’est pas imposée, mais les établissements peuvent la mettre en place s’ils le souhaitent (cette possibilité était déjà existante).
La question du rattrapage et les mentions
Les oraux de rattrapage sont maintenus, sans plus de précision. Les mentions sont conservées dans leur format actuel, tout comme les compensations par les options.
La seconde générale et technologique : peu de révolution, mais quelques questions
Selon les propos du ministre, la seconde est globalement inchangée. A la lecture des documents du ministère, nous ignorons si les SES basculent dans le tronc commun, ce qui peut provoquer localement le passage de groupes réduits (24 élèves) à des classes entières, en fonction de ce qui était réalisé jusqu’à alors, permettant des économies de service à la marge.
En revanche, des “ajouts” sont réalisés, ressemblant davantage à une refonte de l’accompagnement personnalisé (AP) :
Au terme de l’année de seconde, l’élève doit choisir trois enseignements de spécialité pour sa future année de première, complétant le tronc commun suivi par tous les élèves en générale. Il peut compléter ces choix par une option, dits “enseignements facultatifs” suivis en première et terminale (EPS, Langues et Cultures de l’Antiquité, LV3, Arts) à raison de 3 heures par semaine.
La première générale : finies les filières, place à la spécialisation
Les séries L, ES et S sont abandonnées et remplacées par des “enseignements de spécialité” complétant un tronc commun. Nous pouvons résumer l’architecture de l’année de première ainsi avec un total horaires (hors options) de 28 heures par élève (plus 1h30 d’orientation et en fonction des élèves 3h d’option) :
Enseignement |
Vol. hor. |
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Tronc commun Tous les élèves suivent le même enseignement |
16 h dont : |
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Français |
4h |
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Histoire-géographie |
3h |
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Enseignement moral et civique |
0h30 |
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LV1 + LV2 |
4h30 |
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EPS |
2h |
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Humanités scientifiques et techniques |
2h |
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Disciplines de spécialité Les élèves doivent en choisir trois pour leur année de 1ère |
12 h dont : |
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Arts |
4h chacune |
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Histoire, géographie, géopolitique et sciences politiques |
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Humanités, littérature et philosophie |
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Langues et littératures étrangères |
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Mathématiques |
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Numérique et sciences informatiques |
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Sciences de la Vie et de la Terre |
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Sciences Ă©conomiques et sociales |
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Physique-Chimie |
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Sciences de l’ingénieur |
Hor. spécifique, disponible également en filière techno. |
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Orientation |
1h30 |
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Enseignements facultatifs Une seule option possible en 1ère |
3h au total |
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Arts |
3h chacune |
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Langues et Cultures de l’Antiquité |
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EPS |
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LV3 |
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Au terme de la 1ère, l’élève doit conserver seulement deux enseignements de spécialité au lieu de trois. Aussi, l’élève peut changer, sous réserve de l’accord des enseignants, de discipline de spécialité, au nom du “droit à l’erreur”. Il peut également ajouter une autre option parmi trois (mathématiques expertes, mathématiques complémentaires, droits et grands enjeux du monde contemporain).
A noter :
Sciences
- Les mathématiques sortent du tronc commun mais sont représentés doublement (deux options en terminale, deux disciplines de spécialité pouvant les concerner soit “Mathématiques” bien entendu, et “Numérique et sciences informatiques” et enfin un enseignement de tronc commun pouvant intégrer un enseignant de mathématiques “Humanités scientifiques et techniques”). Le poids de cette discipline dans l’imaginaire collectif peut laisser penser que les effets pervers des filières L/ES/S pourraient se reproduire dans le choix des spécialisations avec un primat fort en faveur des mathématiques. A surveiller.
- Les sciences appliquées (SVT et Ph-Ch) sortent du tronc commun, se contentant de l’enseignement de spécialisation, et potentiellement d’interventions en “Humanités scientifiques et techniques”
- Les sciences de l’ingénieur, hormis sous la forme de la discipline de spécialité “Numérique et sciences informatiques” potentiellement partagée avec les mathématiques, sont l’une des matières “à cheval” entre le bac technologique et le bac général.
Sciences humaines
- L’éco-gestion est annoncée lors de la conférence comme une matière également “à cheval” technologique-général mais la documentation du ministère n’en laisse aucune trace.
- L’enseignement de l’histoire est maintenu dans le tronc commun, mais s’oriente en spécialité vers un tropisme très “Sciences Po” dans sa formulation.
- L’enseignement “Humanités scientifiques et techniques”, selon les réponses du ministre lors de la conférence, peut être assumé par les professeurs d’histoire-géographie et les professeurs de philosophie. Il s’agit en fait des mathématiques appliquées aux sciences sociales.
- La spécialité “Humanités, littérature et philosophie” laisse donc la porte ouverte à l’entrée de la philosophie en première. Toutefois, le couplage avec les lettres maintient un certain flou.
Lettres, arts et langues
- Le français est toujours orienté vers des épreuves anticipées en fin d’année, dont le format reste à définir.
- La répartition du volume horaire entre les deux langues reste à définir.
- L’option “Arts” comme son enseignement de spécialité ne précisent pas les contenus artistiques disponibles, que l’on peut supposer identiques à l’existant, mais sans confirmation dans la documentation officielle du ministère.
La terminale : désormais, parlon de "classe de maturité" !
L’architecture ressemble à celle de la première, avec une 0h30 en moins en horaire total par semaine pour l’élève (la différence se fait sur les langues vivantes). Des options supplémentaires apparaissent, tandis que la philosophie remplace le français dans le tronc commun. Enfin, l’élève ne doit choisir que deux enseignements de spécialité, au lieu de trois en première. La justification de ce changement n’est pas connue dans la documentation du ministère. Au total, l’élève suit au minimum 27h30 de cours + 1h30 d’orientation par semaine (soit 29h). Avec les options, au maximum au nombre de deux, ce total peut monter alors à 35h.
Enseignement |
Vol. hor. |
|
Tronc commun Tous les élèves suivent le même enseignement |
15h30 dont : |
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Philosophie |
4h |
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Histoire-géographie |
3h |
|
Enseignement moral et civique |
0h30 |
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LV1 + LV2 |
4h |
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EPS |
2h |
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Humanités scientifiques et techniques |
2h |
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Disciplines de spécialité Les élèves doivent en choisir deux pour leur année de Terminale |
12 h dont : |
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Arts |
6h chacune |
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Histoire, géographie, géopolitique et sciences politiques |
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Humanités, littérature et philosophie |
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Langues et littératures étrangères |
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Mathématiques |
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Numérique et sciences informatiques |
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Sciences de la Vie et de la Terre |
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Sciences Ă©conomiques et sociales |
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Physique-Chimie |
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Sciences de l’ingénieur |
Hor. spécifique, disponible également en filière techno. |
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Orientation |
1h30 |
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Enseignements facultatifs Une seule option possible en 1ère |
3h au total |
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Arts |
3h chacune |
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Langues et Cultures de l’Antiquité |
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EPS |
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LV3 |
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Enseignements facultatifs de Terminale Une seule option possible en 1ère |
3h au total |
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Mathématiques expertes |
3h chacune |
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Mathématiques complémentaires |
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Droit et grands enjeux du monde contemporain |
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A noter
La préparation du grand oral
Elle doit se réaliser sur les heures des enseignements de spécialité dès la 1ère, d’abord en groupe, puis individuellement, à partir de la terminale.
Les options de terminale
- Les “mathématiques expertes” s’adressent aux élèves souhaitant affirmer plus fortement leur spécialisation mathématique (on peut supposer qu’il s’agit de l’équivalent de la “spé maths” des term S). Vu l’importance de cet enseignement dans les choix des CPGE aujourd’hui, on peut supposer que l’on retrouvera ici l’effet sélectif de la TS spé maths existante à l’heure actuelle.
- Les “mathématiques complémentaires” s’adressent aux autres, les cas cités par le ministre lors de conférence étant un élève orienté vers les sciences appliquées (SVT et physique) mais souhaitant entrer en médecine, comme le lycéen engagé en sciences sociales (histoire et SES par exemple).
- “Droit et grands enjeux du monde contemporain” est déjà existant.
L’articulation avec l’unique partiel de terminale et le contrôle continu
- Contrairement à la première, la terminale ne compte qu’un seul partiel, annoncé en décembre à titre indicatif.
- Le tronc commun n’est donc plus évalué sur des épreuves communes à partir de janvier de la classe de terminale, ce qui peut laisser présager un certain abandon de ces matières de la part des élèves, notamment ceux en difficulté, au profit de leur spécialisation (évaluées trois fois en fin d’année avec le grand oral) et de la philosophie afin de réussir leur examen
- Il est vrai qu’il reste cependant les notes du livret scolaire, mais comptant alors pour 10% du total, et la période finale ne réprésentant qu’un quart de la période totale du cycle terminal, ces notes réparties entre toutes les matières suivies (au nombre au minimum de 8 sans les options) représentent donc 2,5% du total de leur note au baccalauréat. Cette “pression” sera donc minime une fois passé le 1er janvier de l’année de terminale, après une année et demie en revanche sous une pression assez forte, comptant pour plus d’un tiers du total (soit 37,5 % dont trois partiels à 30%).
Jean Renoux
Responsable académique agrégés
En charge de la question "réforme du bac" pour le SE-Unsa Aix-marseille