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Langues et Cultures de l’AntiquitĂ© et DHG.
Article publié le mardi 6 février 2018.
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Avec la parution du Bo du 25 janvier 2018, l’enseignement des Langues anciennes est de nouveau placé au cœur des débats souvent faussés par nombre de préjugés sur cette question.
 
C’est pourquoi, il nous a paru important de faire un point sur la situation.

 

 
·         L’enseignement des LCA n’est pas destinĂ© Ă  une Ă©lite !
 
Nous sommes nombreux à concevoir cet enseignement comme un moyen de donner accès à tous à une culture commune sur laquelle repose le monde d’aujourd’hui. Cet enseignement permet d’établir des liens entre les diverses cultures dont sont issus nos élèves et de mieux comprendre le monde qui les entoure.
 
Lire des textes latins et/ou grecs c’est revenir aux sources mais c’est aussi s’interroger sur des problématiques qui ont traversé les siècles, des questions aussi bien d’ordre politique, philosophique, scientifique…
 
Vouloir remettre en question cet enseignement c’est fermer les portes à une culture que nombre d’élèves ne trouveront pas par ailleurs.
 
·         L’enjeu n’est pas seulement culturel.
 
L’enseignement des LCA, ce n’est pas seulement un accès à la culture mais aussi à la langue française : et c’est important de le revendiquer ! Apprendre le latin et/ou le grec c’est comme comprendre d’où l’on vient. Quand les élèves lisent, traduisent et manipulent les langues latine et grecque, ils comprennent tout ce qu’on leur a souvent présenté comme des irrégularités, des bizarreries de la langue française. Or rien n’est si étrange. Tout se passe comme si pour mieux comprendre pourquoi vous êtes ainsi fait, vous regardiez vos photos de famille. Vous y trouveriez sûrement une explication à la forme de votre visage, la couleur de vos cheveux etc. Il en va de même avec les langues anciennes.

 

 
·         Un accès Ă  la comprĂ©hension de la langue française.
 
De plus, la mise en pratique de plus en plus régulière de la grammaire rénovée trouve un solide appui dans l’enseignement des Langues anciennes qui offrent encore et encore l’occasion de manipuler la langue française. Il est en effet inconcevable de faire du latin et du grec sans étudier leurs liens avec la nôtre. Et ne croyez pas que les élèves n’aiment pas la grammaire : ils y trouvent tant de satisfaction qu’ils en redemandent quand on la leur explique justement. Cela ne peut se faire sans le latin et le grec. Qui peut comprendre ne serait-ce que la conjugaison du verbe « être » au présent de l’indicatif sans observer son parent latin ? Un enfant retient et accepte la contrainte (car la maîtrise de la langue est contraignante) quand elle lui paraît légitime et évidente. Pour ma part, j’oserai aller jusqu’à dire que le latin et le grec trouveraient une place dans les plus petites classes. Observer, comprendre ne veut pas dire mémoriser systématiquement. La pédagogie a aussi évolué dans nos classes.
 
·         HĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© de nos classes.
 
Nous sommes nombreux à enseigner dans des établissements divers, y compris en REP, et à accueillir des élèves en difficulté. Apprendre le latin et/ou le grec est un nouveau départ pour ces élèves qui n’ont jamais accroché avec la langue française. Il faut les voir en réussite, malgré les efforts nécessaires, pour comprendre l’importance capitale de cet enseignement. Ce n’est par pour autant qu’il nous faille tomber dans le travers contraire est faire de cet enseignement une sorte de groupe de soutien. L’hétérogénéité a toute sa légitimité dans nos classes aussi.
 
·         Professeur de LCA, c’est souvent militer au quotidien.
 
Etre professeur de Langues anciennes, indépendamment de toute appartenance syndicale, c’est être militant au quotidien. Il nous faut nous battre pour ne pas voir nos effectifs réduits, lutter contre les préjugés collés à notre enseignement, argumenter pour ne pas voir nos créneaux réservés au 16-17 heures qui donne aux élèves le sentiment d’être punis, etc. Loin de nous l’idée de constituer une élite, bien au contraire, nous nous engageons au quotidien pour donner accès au plus grand nombre à cet enseignement qui nous semble fondamental.
 
·         Un gouvernement et puis l’autre…
 
La réforme du collège a revu à la baisse les créneaux liés à cet enseignement. Après avoir accueilli favorablement ce dispositif, nous sommes nombreux à pouvoir établir un premier bilan. Une seule heure en classe de 5eme ne nous permet plus, ou peu, d’enseigner la langue. Les élèves, justement parce que beaucoup sont très fragiles en langue française, ont besoin de temps pour reprendre les fondamentaux avant que de pouvoir manipuler le latin et/ou le grec. Or ce temps n’est pas compensé par la mise en place d’EPI. Ces derniers permettent, quand ils ont été bien accueillis par toute une équipe (et ce n’est pas le cas dans tous les établissements), de faire des liens entre les disciplines et de montrer l’importance de connaître les civilisations antiques. Cependant, il est impossible de concevoir l’apprentissage de la langue qui est un des moyens pour lutter contre les inégalités sociales en dehors des cours dispensés par le professeur de Langues anciennes. Au mieux les disciplines associées à cet EPI présenteront un peu de vocabulaire voire d’étymologie. C’est un travail bien réducteur pour appréhender les enjeux de l’enseignement des Langues et Cultures de l’Antiquité.
 
Il ne s’agit donc pas de faire un plaidoyer pour l’une ou l’autre des mesures prises par nos différents gouvernements : heures d’enseignement et EPI sont complémentaires. Il convient de trouver des dispositifs qui permettent à tous nos élèves d’accéder à cette formation humaniste et de concevoir celle-ci comme complémentaire de l’enseignement du français afin d’estomper les inégalités. Et nous sommes nombreux à être convaincus que la maîtrise de la langue française est une clé de réussite.
 
Lire le BO : cliquez ici.

Audrey Chapelain, responsable pédagogie/éducation - SE-Unsa Aix-Marseille.

 

Voir également : Compte-rendu de la dernière CAELV (Commission académique sur l’enseignement des langues vivantes) rédigé par Christine Ferretti, professeure d'anglais au collège de Rousset et adhérente au SE-Unsa Aix-Marseille. La CAEVL s'est tenue le 23 janvier au Rectorat d'Aix-Marseille

 
 
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