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Les enjeux de l’oral
Article publié le lundi 20 mars 2017.
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Les enjeux de l'oral

Intervention au stage éducation prioritaire du 16 mars 2017 de Thomas Dimech et Frédéric Couderc-Avignon, professeurs de français au collège Edgar Quinet

La culture du tout écrit

La question de l'oral doit être liée à la problématique de la démocratisation de l'enseignement. Notre école est dominée par la culture du tout écrit dans laquelle un grand nombre d'élèves, issus notamment de milieux défavorisés, rencontrent des difficultés et se retrouvent finalement en situation d'échec. Ces difficultés se révèlent notamment dans la maîtrise insuffisante, fragile, ou même balbutiante de la langue écrite, que ce soit en lecture ou en expression. Elles handicapent et ralentissent les élèves dans le développement de leur pensée et dans la construction d'un savoir qui devient de plus en plus complexe et abstrait au fil de la scolarité. Le constat est largement partagé et de nombreuses recherches, actions et publications didactiques se sont emparés de la question et tentent d'apporter des propositions, souvent pertinentes, pour améliorer les performances des élèves en lecture et en écriture notamment.

Mais quelle place est faite à l'oral, à la parole des élèves et de l'enseignant dans cette réflexion générale ? Les nouveaux programmes rappellent qu'à chaque cycle et dans la majorité des disciplines les compétences liées à l'oral doivent être enseignées, pratiquées au sein de la classe et évaluées en tant que telle.

Redonner la parole aux élèves

Pourtant, la parole des élèves, au sein de la classe, reste perçue comme fautive, insatisfaisante, chronophage et souvent perturbatrice. A l'exception de quelques exercices dédiés comme l'exposé ou le débat, quand ils ont lieu et ont été préalablement l'objet d'un apprentissage, on demande le plus souvent aux élèves de se taire ou de répondre aux questions de l'enseignant dans le cadre d'un cours soit disant « dialogué Â».

La parole dans la classe est en effet globalement monopolisée par l'enseignant, situation en apparence légitime puisque c'est lui qui détient le savoir et se doit de le transmettre, mais qui se révèle à terme mortifère. En témoigne l'ennui, les bavardages et la passivité des élèves qui, de nombreuses heures durant, écoutent une parole magistrale certes nécessaire mais pas suffisante pour impliquer les élèves dans la construction des savoirs et les mettre effectivement en activité.

Nous pensons qu'une réflexion sur la prise de parole des élèves, sur les conditions et la distribution de celle-ci au sein de la classe, peut-être un point d'appui décisif pour renouveler quelques unes de nos pratiques pédagogiques afin d'impliquer davantage les élèves dans la construction des savoirs et de leur pensée, améliorer leurs compétences langagières et développer l'écoute et le respect au sein de la classe.

L'oral au centre des apprentissages

Il faut redonner à l'oral une place légitime et savoir exploiter les potentiels qu'il offre en matière pédagogique. Il ne doit plus être cet espace mal défini, instable, qui accompagne les activités « normales Â» de la classe . Désigné le plus souvent par le terme bien vague de « participation Â» ou de « bavardages Â» selon les situations, peu évalué, rarement travaillé, le plus souvent sanctionné, l'oral est pourtant un objet d'étude à part entière et un vecteur important des apprentissages.

Pour cela, nous devons recréer au sein des classes les conditions favorables à l'épanouissement d'une parole vivante, authentique des élèves, si nous voulons les voir réagir, exprimer des points de vue, se justifier, expliquer ce qu'ils ont compris ou pas et par la même développer des compétences langagières et construire une pensée.

Quelques pistes de réflexion et de travail

  • Une parole mieux partagée. Les enseignants parlent trop, la parole du maître doit se faire plus rare mais en retour plus efficace et exemplaire en terme de qualité.
  • Une écoute authentique de la parole d'autrui tant de la part des élèves que du professeur. L'écoute aussi se travaille, elle peut s'évaluer. Elle peut être motivée par le fait que l'élève se sente impliqué dans un réel dialogue avec ses camarades ou l'enseignant et qu'il peut à tout moment intervenir, exprimer un avis, une incompréhension. Du côté de l'enseignant, nous devons prendre le temps d'écouter les élèves, leur laisser le temps de chercher leurs mots, d'hésiter, de construire leurs phrases donc leur pensée, avant de nous précipiter à passer la parole à un autre élève de peur perdre du temps, de ralentir le rythme de la séance.
  • Un rythme moins soutenu donc, moins tendu dans le déroulement des séances. Pensons à ce que certains appellent « les classes mitraillettes Â» où les meilleurs élèves confisquent la parole en répondant très rapidement aux questions du professeur qui, en retour, s'appuie sur ces mêmes réponses pour imprimer le rythme de la séance et laisse sans en avoir vraiment conscience de côté des élèves qui avait certainement leur mot à dire.
  • Le silence. Il semble parfois que les élèves ont horreur du silence, certains professeurs aussi. Et pourtant il est nécessaire de ménager ces moments de silence ou l'élève est conduit à réfléchir, à développer une parole intérieure, silencieuse avant de prendre la parole ou répondre à une question. Si l'élève ne répond pas immédiatement, c'est peut-être qu'il réfléchit.
  • Le travail en groupes ou en « Ã®lots Â» pour créer les conditions d'un échange de parole entre élèves sur une question donnée, pour résoudre un problème en commun. Les modalités de travail mises en place dans ces groupes doivent permettre en outre d'inciter les « petits parleurs Â» à se lancer.
  • La prise de parole en public, au sein de la classe est un moment difficile, une prise de risque où l'élève subit la pression de ses camarades, voire une certaine forme de violence dans la mesure où l'oral touche à l'intime.

L'oral citoyen

Il est nécessaire de construire avec les élèves des règles, une charte, pour créer les conditions favorables à la pratique de l'oral au sein de la classe, proche de celles de la conversation. Le respect de la parole de l'autre, l'écoute et la politesse sont requis. Le respect de ces règles est un point difficile à gérer au quotidien mais il est non négociable. Progressivement les élèves prendront conscience qu'en les respectant, ils gagnent en autonomie, en liberté mais aussi en responsabilité. C'est l'apprentissage de la citoyenneté.

Sitographie

http://eduscol.education.fr/cid101008/francais-cycle-langage-oral.html

http://eduscol.education.fr/cid101455/francais-cycle-3-l-oral-d-elaboration.html

https://cache.media.eduscol.education.fr/file/Francais/67/1/RA16_C3_FRA_1_oral_pratique_laparra_573671.pdf

https://pratiques.revues.org/1155

http://eduscol.education.fr/pnf-lettres/spip.php?article198

 

 
 
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