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SE-UNSA HORS DE FRANCE


 Par SE-UNSA HDF
 Le  vendredi 3 avril 2020

COVID-19 : interview de notre collègue Claude, enseignant à Londres

 

1/ Comment est gérée la crise dans ton pays d'exercice?

La première phase de gestion de crise en Angleterre a été assez différente de celles de nombreux autres pays touchés par l'épidémie, le gouvernement britannique a d'abord demandé aux personnes potentiellement à risque de se confiner douze semaines, sans imposer de mesures de contrôle, et en laissant le reste du pays fonctionner quasiment normalement, rappelant les mesures d'hygiène et d'évitement social.

Face à la montée du nombre de cas, le poste diplomatique français a décidé la fermeture des écoles françaises le 16 mars au soir, soit trois jours après la fermeture des écoles en France, alors que le gouvernement anglais ne s'y est résolu que pour le lundi 23 mars, sous la pression de la population et des syndicats enseignants anglais. Depuis dix jours maintenant, le pays tourne au ralenti, mais la situation sanitaire s'aggrave rapidement, et la législation évolue progressivement pour mieux contrôler les déplacements et comportements des gens. Au départ, il n'y avait que des recommandations, des amendes sont maintenant possibles si des abus sont constatés. Le gouvernement fait une communication quotidienne au sujet de la situation.

2/ Comment s'est déroulée la fermeture de l'établissement ?

La communauté scolaire, et en particulier les associations de parents d'élèves, a poussé fortement pour la fermeture des écoles. On se doutait donc que ça risquait d'arriver d'un jour à l'autre, et on commençait à se préparer à cette éventualité. L'annonce a été faite le vendredi, avec effet le lundi soir suivant et a été reçue avec soulagement. Les équipes ont pu revenir sur les sites scolaires le mardi toute la journée pour finaliser la mise en place de la continuité pédagogique qui a commencé le lendemain. La communication a été bien gérée par l'équipe de direction auprès des familles et des personnels. On a pu bénéficier du retour de l'expérience acquise dans les pays d'Asie qui étaient en confinement depuis plusieurs semaines déjà.

Après une quinzaine de jours de fonctionnement, le dispositif en place répond aux demandes et les parents d'élèves sont satisfaits dans l'ensemble. Il reste encore des difficultés techniques, et il demande un travail conséquent aux enseignants pour adapter leur enseignement à ces nouvelles conditions de travail. Pour certains collègues, en particulier celles et ceux en famille avec des enfants en bas âge, cela se révèle parfois très difficile.

La mutualisation des outils et des contenus est une piste à explorer pour permettre de tenir sur la durée.

D'autre part, une visibilité sur les modalités des adaptations des examens de fin d'année est grandement souhaitée au plus vite.

Dans l'ensemble, les familles sont assez bien équipées et font des efforts également de leur côté même s'il y a des contraintes qui peuvent être compliquées à dépasser (temps disponible, espace familial, activités professionnelles...)

 

3/ Étais-tu déjà habitué au télétravail (ex: classe inversée, ...) ?

 

Très peu personnellement, je travaille en maternelle depuis plusieurs années. De plus, avec la RGPD, je préférais rester éloigné des plateformes de diffusion.

 

4/ Comment cette continuité pédagogique par le biais du travail en distanciel a-t-elle fait évoluer tes pratiques pédagogiques mais aussi tes relations avec les élèves, les parents ou même tes collègues?

Il est bien sûr trop tôt pour faire un bilan, mais on peut déjà percevoir quelques effets que cette situation provoque.

Personnellement, je découvre de nouveaux outils que j'utiliserai probablement plus tard (fabrication de contenus multimédias, outils de mutualisation et de partage avec les collègues…)

En travaillant en maternelle, la communication avec les parents change de nature également, ce qu'on fait à l'école habituellement reste souvent caché aux yeux des familles. Ici, il faut au contraire expliquer sa démarche et ses objectifs, car de nombreuses activités proposées seront prises en charge par un parent. En un sens, ça renforce notre légitimité professionnelle.