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SE-UNSA HORS DE FRANCE


 Par SE-UNSA HDF
 Le  mardi 18 juin 2019

Déclaration liminaire UNSA-Education CT du 18 juin 2019

 

Monsieur le directeur adjoint, Mesdames et Messieurs les membres du Comité technique,

De séminaire en concertation, tout a été fait ces dernières semaines, pour organiser l'expression des points de vue des personnels dans la préparation du projet de réforme de notre réseau. Au fond, après ces heures d'échange, et quel que soit notre place autour de cette vaste table, il apparait que deux idées simples nous réunissent sur le fond : Nous voulons des moyens publics pour ce réseau. Et nous souhaitons en priorité des emplois publics pour faire fonctionner nos établissements.

Or, la réalité institutionnelle de la réforme ne se résume pas toujours à des équations simples ni à des processus de décision harmonieux. Ce serait trop beau. Ce serait trop facile. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles et nous serions tous demain au chômage en tant que représentant du personnel car devenus collectivement candides et superfétatoires.

Candides nous ne le sommes pas. Superfétatoires pas davantage. Lucides, hélas, si, nous le sommes et le demeurons. A la lecture des documents préparatoires de ce CT, nous sommes convaincus que nous aurons encore bien longtemps besoin des représentants des personnels malgré le projet de loi fonction publique qui vise à nous affaiblir et contre lequel, tous ensemble, nous nous battons, affichant un front syndical commun.

La version de Juin 2019 du plan de fermeture de postes dans le réseau est tout de même rude, vous en conviendrez Monsieur le directeur adjoint. 96 postes d'expatriés supprimés avec un coup de lame sanglant dans les effectifs africains et maghrébins. C'est donc une zone de solidarité qui est impactée, une zone où pourtant la coopération éducative prend tout son sens, ainsi qu'une zone que l'on décrit comme le poumon de la croissance future de nos effectifs d'élèves. Mais où est donc la logique stratégique derrière ces fermetures ?  Ce n'est plus un plan lisible, c'est ce qu'on appelle en cuisine une omelette faite en cassant visiblement beaucoup d'œufs.

Dans la zone la plus orientale du monde, le déconventionnement à Hong Kong nous fait craindre un effet de contamination délétère. Une sorte de grippe aviaire d'un genre particulier nous menace : Les personnels en Asie seront-ils demain les poulets qu'on plume quand les établissements seront déconventionnés et leurs droits et protections fragilisées au passage ? 

Comme on nous voit souvent sceptique, on nous a dit et répété, en haut lieu, sans doute pour nous rassurer, que des négociations étaient possibles. Et nous avons soutenu, avec des réserves certes, la clause de mobilité, en pensant que la contrepartie serait la fluidité des détachements, un turnover plus grand sur les postes avec l'arrivée de nouveaux contingents de collègues à la clé. Si des améliorations sont en cours, le processus de détachement reste encore grippé, hélas, pour une dizaine de collègues du premier degré qui font les frais d'une gestion peu humaine et très comptable des départements. Nous nous battons pour ces collègues afin qu'aucun ne reste sur le carreau et voit sa vie professionnelle et personnelle rudement endommagée. Tout le monde aurait préféré s'épargner cette débauche d'énergie négative si les promesses de l'automne dernier avaient été tenues.

Le plus grave nous l'avons gardé pour la fin : nous voyons s'installer depuis quelques semaines un climat de défiance corrosive. Il est odieux de tout faire pour opposer les personnels et les parents. Cet affrontement larvé est organisé, ne nous y trompons pas, par des politiques démagogues qui enregistrent certaines revendications excessives de parents remontés. 

On est en train de désigner à la vindicte des parents les personnels de direction coupables de tous les maux avant même d’être entendus et qui doivent se justifier sur tout et notamment quand des courriels irresponsables jettent le doute sur leur professionnalisme.

On est en train de jeter au bucher les personnels administratifs et financiers, bien trop rigides, pensez-vous, et qui ne sauront jamais aussi bien gérer un lycée ou une école qu'un diplômé d'HEC rêvant de salle des marchés et qui réclamera un salaire trois fois supérieur, n'en doutons pas.

On voue aux gémonies les enseignants bien sûr, qui seront coupables, toujours coupables, forcément coupables, de chercher à enseigner sans rendre compte à chaque instant de chacun de leurs choix au tribunal populaire des familles. 

Sont cloués au pilori aussi les personnels de l'agence, qui coutent bien trop chers, rendez-vous compte, et qui sont des bureaucrates naturellement, des empêcheurs de tourner en rond. Monsieur le directeur adjoint, vous verrez, votre tour viendra hélas, car la démagogie exprimée tous azimut n'épargne malheureusement personne.

Face aux démagogues de tout poil, de l'ancien ou du nouveau monde, nous sommes plus que jamais résolus à faire entendre la voix de la raison, à nous armer de nos valeurs humanistes, et à nous employer à résoudre les fractures plutôt qu'à les créer. 

Ensemble nous pensons que nous pourrons réussir une réforme qui nous tirera vers le haut, pour résister tous ensemble aux sirènes de la privatisation et défendre collectivement ce beau réseau qui nous est cher.