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COVID-19 : interview de notre collègue Louisa, enseignante Ă  Tunis
Article publié le vendredi 10 avril 2020.
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1/ Comment est gérée la crise dans ton pays d'exercice?

Même si, à ce stade, la Tunisie , à l'instar de l'Afrique, observe une propagation contenue du Covid-19, les autorités locales ont décrété un confinement général depuis le 22 mars en même temps qu'un couvre-feu de 18h à 6h sur tout le territoire national. Les écoles tunisiennes et françaises sont fermées depuis le vendredi 13 mars.

Les frontières aériennes, terrestres et maritimes sont fermées ainsi que celles entre les différentes régions du pays. Les déplacements sont limités aux besoins essentiels même si les principaux services publics (poste, impôts,...) restent ouverts. Le pays a préféré prendre des mesures tout au début de la crise afin de limiter la propagation du virus et ainsi prévenir une prise en charge sanitaire trop importante pour des infrastructures hospitalières encore très fragiles.

 

2/ Comment s'est déroulée la fermeture de l'établissement ?

La décision a été prise jeudi 12 mars, date à laquelle nous avons eu un conseil d’école. Elle était concomitante à la découverte d’un cas suspect (un parent d’élève déclaré positif au Covid-19 la veille). Une fermeture était attendue dans ce contexte fortement anxiogène pour certains. Elle a donc été effective vendredi 13 mars. Un retour à l’école pour remettre les fournitures scolaires aux élèves a été proposé aux enseignants et aux familles. Peu de collègues et de familles ont souhaité s’y rendre.

 

3/ Étais-tu déjà habituée au télétravail (ex: classe inversée, ...) ?

Depuis le confinement, tous les enseignants ont pu mettre en place de nouvelles méthodes de travail avec les élèves. Cette activité professionnelle à distance est une nouvelle approche pédagogique pour nous tous.

Elle est différente de notre méthode de travail habituelle même si la classe inversée reprend une partie de cette approche mais il y a toujours un retour en classe pour vérifier si les apprentissages à la maison ont bien été assimilés. Dans notre pédagogie, on utilise de plus en plus le numérique, le travail sur des sites interactifs. On leur présente des capsules pour découvrir une nouvelle notion. On crée une classe dans learningapps et on travaille dessus toute l’année mais il y a toujours un contrôle, la présence de la maîtresse pour réguler.

Il y a toujours eu des élèves travaillant à distance par CNED ou autre mais tout le monde n’est pas formé pour cette méthode.

Ce télétravail est nouveau car il a aussi créé une complicité et une confiance parents – enseignants. Un lien qui existait déjà mais qui a été renforcé dans ce nouveau contexte.

4/ Comment cette continuité pédagogique par le biais du travail en distanciel a-t-elle fait évoluer tes pratiques pédagogiques mais aussi tes relations avec les élèves, les parents ou même tes collègues?

Le travail en distanciel a fait évoluer les pratiques pédagogiques des enseignants, surtout ceux du primaire.

Avec des élèves de CM2, chez qui le degré d'autonomie est supérieur aux élèves de cycle 2, les adaptations ont du se faire très rapidement mais progressivement.

La maîtrise de l'outil numérique est fondamentale et la première semaine y a été entièrement consacrée : maîtrise de la boite mail, maîtrise d'un envoi par fichier, maîtrise de word, open office, utiliser les liens internet, des plateformes types Padlet, learningapps...

Puis, il a fallu tester un outil permettant le contact visuel régulier avec les élèves, un outil permettant à chaque élève de bénéficier d'une aide individuelle et adaptée , afin de ne pas laisser de coté les plus fragiles, les moins à l'aise en informatique.

Enfin, il a fallu pour moi organiser le travail autrement et viser des compétences sur un retour aux fondamentaux, ciblées sur le développement de l'autonomie des élèves, ciblées sur la maîtrise de l'outil numérique et enfin ciblées sur un système de co-éducation avec les familles.

La sollicitation des familles dans l'école à distance est indispensable, mais, afin de pouvoir tenir dans la durée, il a fallu pour nous trouver des adaptations afin de ne pas tout remettre sur le dos des familles.

Ces adaptations ont été possibles grâce à la solidarité des enseignants, des formateurs qui proposent et partagent une offre variée d'outils numériques.

Pour finir, se posera la question de l'évaluation en primaire, celle-ci peut se faire par des logiciels types google form, learningapps ou en vision conférence pourquoi pas.

Je conclurai ainsi: le "télé-enseignement" montre à quel point l'enseignant est en capacité de s'adapter rapidement en fonction de la situation, mais celui-ci a ses limites, c'est pourquoi nous devons cibler des compétences spécifiques au troisième trimestre et avoir l’honnêteté de les présenter aux familles. Le travail par cycle permettra aux enseignants d'ajuster en septembre, en tant que professionnels de l'enseignement, nous sommes capables de le faire , mais réaffirmons que malgré tous les efforts fournis et toutes les compétences interdisciplinaires développées de fait, rien ne remplacera un cours en présentiel.

 

 

 

 
 
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