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SE-UNSA 976


 Par SE-UNSA 976

Où en est-on à Mayotte ? Edito du Secrétaire Général, Eric HOURCADE

 

 

Et maintenant après ces nouveaux bouleversements statutaires,
où en sommes-nous à Mayotte?

 

Un mois après à la rentrée 2014, il est temps de faire un point.

 

Réforme des rythmes à Mayotte : des difficultés évidemment

 

La mise en place de la réforme des rythmes a fortement perturbé le travail de chacun : trop de municipalités ont abandonné en rase campagne les parents, leurs enfants, les équipes enseignantes. Ils n’ont pas rempli leurs prérogatives. Est-ce encore seulement une affaire d’argent ? Pas uniquement.  Résultats : des écoles fermées, des parents à juste titre exaspérés, des équipes tenues d’appliquer la loi mais totalement démunies face à de tels dysfonctionnements et difficultés à mettre en place le volet peri-scolaire. Et le vice-Rectorat dans tout ça ? Mme le vice-Recteur a tout de suite marqué son empreinte dans sa prise de fonction en considérant comme intenable d’écarter les écoles en rotation de la mise en place de la Réforme des rythmes. Aussi a-t-elle demandé aux équipes le jour de la pré-rentrée de proposer une organisation pour le 15 septembre incluant une journée avec deux temps de travail. Pour le SE-Unsa Mayotte, c’était faire fi des accords conclus avant le départ de son prédécesseur : M. Coux. C’était surtout mettre les équipes des classes en rotation dans une difficulté de plus : organiser l’impossible dans l’urgence, sans avoir eu le temps d’y réfléchir alors qu’un contexte d’école en rotation démultiplie les difficultés par rapport à une école sans rotation. Pour le SE-Unsa Mayotte, c’était une bien mauvaise façon de mettre en place une réforme que de vouloir la généraliser à tout prix. Aussi avons-nous exigé un retour à l’accord initial de prendre en compte des difficultés des écoles en rotation en suspendant la mise en place des rythmes pour ces écoles. Ce délais aurait permis de profiter d’un retour d’analyse des différentes organisations retenus dans les écoles sans rotation pour identifier ce qu’il aurait été possible de transférer dans les écoles en rotation. Attentive à nos arguments, elle a décidé d’assouplir ses exigences : au-delà de 75% des effectifs en rotation, les écoles sont exemptées sur une durée d’un an. De plus, les autres écoles en rotation ont un délai de 3 mois supplémentaires pour proposer une organisation. L’aspect positif de la réforme à Mayotte pour le SE-Unsa Mayotte, c’est de voir toutes les parties concernées se réunir autour d’une table et réfléchir à ce que cette petite révolution du temps scolaire implique : le conseil d’école prend enfin tout son sens en tant qu’instance de propositions. Les parents participent aux décisions en discussion avec les partenaires institutionnels : les enseignants, la municipalité, l’IE de la circonscription. Bref, un vrai changement dans les pratiques qui ne peut qu’apporter du positif ! Chacun pourra s’exprimer et peser dans les décisions. Le dialogue et l’ouverture de l’école dans la co-éducation sont des valeurs auxquelles croient profondément le SE-Unsa Mayotte. Nous soutenons la mise en place des rythmes, sans angélisme ni aveuglement par rapport aux difficultés rencontrées par les collègues sur le terrain, car nous pensons que c’est en étant « au pied du mur »  qu’émergeront des solutions, peut-être imparfaites mais qui auront le mérite d’engager l’éducation dans une autre dynamique. Gageons que cette mise en place de la Réforme des rythmes soit un accélérateur de la modernisation des écoles maoraises.

 
 
 

Gestion et suivi personnalisé des IE : un dossier qui nous a mené vers les dysfonctionnements de l’institution pour le mouvement des personnels du 1er degré

 

Tout l’été, la section a essayé d’accompagner les collègues adhérents ou non, dans les difficultés qu’ils avaient à recevoir leur IE. La section a découvert une zizanie incroyable dans les services départementaux, académiques et même parisiens : en effet, des chefs de service se voyaient interdits au dernier de mettre en paiement des dossiers préparés depuis des semaines. Paris ordonnant de suspendre tout en attendant la parution de nouveaux textes d’application. Application de quoi ? On l’a compris la semaine dernière : l’abrogation du décret 96. Par voie de conséquence, on a découvert également nos collègues PE nommés sous formé d’exeat, désignés comme désormais des personnels sous la seule responsabilité administrative de Mayotte, sans retour assuré dans leur département. Ce n’était pas des cas isolés comme l’a prétendu Bernard Lejeune malheureusement. Tous les collègues du 1er degré en phase de renouvellement de 2nd séjour ont été traités de la même façon : déclarés sous la seule responsabilité de Mayotte, ils étaient coupés brusquement de leurs droits indemnitaires, et de leur retour prioritaire dans leur département d’origine. Il a fallu une seconde intervention de notre secrétaire national, Christian Chevalier, pour que de l’ordre soit remis dans la maison Education Nationale. Notre alerte sociale a eu l’avantage de poser le problème au plus haut niveau et de lever les doutes. Le retour dans le département d’origine a finalement été assuré par tous à tous les niveaux : la zizanie a pris fin. Mais pour combien de temps ? Aussi avons-nous exigé des écrits désormais de la DGRH : en effet, tant d’incertitudes, à quelques semaines du mouvement inter-académique, nécessitent une clarification à l’attention des services « décentralisés » comme des personnels.

 

Décret 96 abrogé en catimini le 27 juin 2014 : les agents consternés

 

La publication de la circulaire interministérielle de la Fonction Publique est très claire : elle annonce dès la 1ère page l’abrogation du décret 96 avec effet immédiat pour tous ceux qui renouvellent un contrat. Seuls les collègues arrivés en septembre 2013 terminent leur premier contrat avant de basculer sous la forme de nomination à titre définitif sous le régime indemnitaire transitoire. La nouvelle est terrible pour tous ceux qui ont renouvelé leur 2nd séjour pensant être maintenus dans les conditions du décret 96. Eh bien non ! Plus d’IE de 11 mois mais une IE minorée proportionnellement à la montée en charge de l’indexation. Plus de prise en charge du billet de fin de séjour à la fin des 2 ans, mais désormais le régime bonifié des 36 mois à la date anniversaire sur une prise en charge à 80 % des agents et de leur famille dont le CIMM est en dehors de Mayotte.

 

Des changements qui déstabilisent tout le monde

 

Ces changements déstabilisent l’ensemble des personnels de l’éducation nationale. Les écrits de M. le vice-Recteur n’ont rien pesé au regard des changements statutaires publiés jeudi dernier. La promesse écrite du vice-Rectorat de poursuivre un séjour dans les mêmes conditions que le premier sont balayées. Comment dès lors travailler dans la confiance ? L’instabilité à Mayotte frise à nos yeux la maltraitance : c’est dans ses termes que nous avons exprimés lors de l’entrevue de pré-négociations notre colère. Même si le vice-Rectorat est tout aussi victime de ces engagements non respectés, nous considérons que les changements statutaires dans le cadre de la départementalisation vont impacter directement le comportement des personnels dans leur volonté de rester à Mayotte. L’instabilité du mouvement au sein même des services qui nous gèrent, le manque de confiance désormais des collègues, une remise en question permanente de ce que chacun croyait acquis sont autant de raisons au départ probablement massif des collègues à la fin de cette année scolaire. Ce n’était pas faute pourtant de l’avoir signifié.

 

Et maintenant ?

 

Le SE-UNSA Mayotte va poursuivre son travail d’accompagnement des personnels comme il le fait depuis sa création il y a 3 ans sur ce territoire. Aider au quotidien chacun dans son projet professionnel (IE/ promotions/ mutations/ formation/ retour en métropole). Organiser des stages de formation pour les contractuels, mais aussi pour les PE ou les enseignants du 2nd degré. Le colloque l’an dernier autour des enjeux de l’éducation à Mayotte avait rassemblé des collègues de tout corps, titulaires ou pas, de la maternelle à l’université. Ces échanges riches ont été depuis relayés par le SE-Unsa Mayotte au plus niveau : au vice-Rectorat bien sûr, mais également au ministère. C’est ça notre vision du syndicalisme. Proposer et peser dans l’évolution de notre métier.

 

Relayer les propositions des collègues, ouvrir le débat pour construire l’éducation à Mayotte, voilà notre méthode : l’aménagement de la réforme des rythmes, mais aussi l’éducation prioritaire, le mouvement intra des enseignants titulaires et non titulaires, l’ASH, la formation initiale comme la formation continue, le CUFR de Dembeni ; autant de chantiers qui s’inscrivent dans le futur proche de notre quotidien professionnel : depuis 3 ans, le SE-Unsa Mayotte a fait la preuve de son pragmatisme dynamique, de son efficacité dans le suivi des collègues qui leur ont fait confiance, de son rôle important à Paris pour peser sur certains dossiers (accompagnement des non titulaires dans la formation, indexation de ceux-ci, maintien de l’aide au logement, admission au concours réservé, déblocage des paiements des versements de l’IE par la rédaction de la note interministérielle, clarification dans les services du MEN de la question du retour des personnels du 1er degré sous décret 96). En décembre, chacun pourra décider à qui sa confiance mérite d’être accordée. Gageons que notre vision d’un syndicalisme utile, ouvert, pragmatique et non dogmatique, séduisent au-delà de ses fidèles et toujours plus nombreux adhérents. Le 27 NOVEMBRE, au nom du pluralisme syndical, votez SE-UNSA !

Eric HOURCADE,

SG du SE UNSA Mayotte