Après 3 semaines de mobilisation, il est temps d'envisager sérieusement une alternative dans la stratégie syndicale

Nous entamons depuis le 29 octobre la 4ème semaine de conflit social: les fonctionnaires de l'Etat ont exprimé leur colère légitime par une grève quasi continue, des manifestations à répétition. Pour quelles avancées? Aucune.

Lundi, la fonction publique territoriale entre dans le conflit. La donne change clairement. Pour les autorités comme pour notre mouvement.

En effet, pour les autorités, il s'agit là de la population mahoraise. L'effet de masse sera indiscutable. Les risques de crise sociale majeure réels.

Pour notre mouvement, celui des fonctionnaires d'état recrutés hors de Mayotte, il s'agit de réfléchir à ce que nous souhaitons faire: soit proposer un rapprochement auprès des territoriaux pour donner plus de force à notre cri de colère avec les risques de confondre toutes les problématiques; soit poursuivre le combat sur le terrain seul du moratoire de la fiscalisation jusqu'en 2017.

A ce jour, pour le SE-Unsa Mayotte, aucune avancée ne semble possible sur le terrain de la fiscalisation. L'état n'envisagera pas même de "couper la poire en deux" en acceptant de respecter le contrat moral des fonctionnaires arrivés en 2013: autrement dit une mesure dérogatoire pour la fiscalisation de l'IE jusqu'en 2015.

Une approche moins frontale de la problématique de l'attractivité dans la période transitoire ( jusqu'en 2017) peut par contre porter ses fruits. Des dérogations par corps de fonctionnaires d'état, par ministères peuvent apporter des avancées.

Concrètement, pour ce qui concerne les enseignants par exemple, le SE-Unsa travaille avec la DGRH pour faire en sorte que la note du mouvement des personnels soit sanctuarisée jusqu'en 2017. Que ce soit écrit noir sur blanc afin que les enseignants aient des assurances jusqu'à la fin de leur contrat. Le SE-Unsa Mayotte défend l'idée également d'une valorisation de carrière pour un enseignant qui a travaillé à Mayotte; une autre façon de réfléchir à la question de l'attractivité.

Pour ce qui concerne les fonctionnaires recrutés sous décret 96, l'UNSA FP travaille avec le ministère de la fonction publique sur la question du décret 67: il faut que l'aide au logement soit maintenue dans cette période transitoire dans le cadre d'une mesure dérogatoire.

Bien sûr, cette méthode syndicale paraît bien peu ambitieuse. Le SE-Unsa Mayotte ne prétend pas être une machine à faire rêver. Nous intégrons naturellement le principe de réalité: dans le contexte politique et économique actuel en France, qu'est-ce qui est jouable? Qu'est-ce qui ne l'est pas?

Le moratoire sur la fiscalisation, on ne l'obtiendra pas. L'état ne remettra jamais en question ce principe fiscal dans le contexte social, économique et politique actuel.

Battons-nous sur des points afférents à notre statut décret 96: l'aide au logement, la question du retour en métropole, la valorisation dans la carrière. Le SE-Unsa Mayotte, fort de ses mandats, continue de travailler à Paris pour essayer d'obtenir des assurances sur ces 3 points précis.

A ce jour, nous avons obtenu par notre méthode l'indexation des contractuels enseignants et la mise en paiement en novembre des retards depuis janvier 2013. Notre fédération UD-UNSA a également obtenu le maintien du régime spécifique à Mayotte pour la retraite. C'est insuffisant. Nous en convenons. Mais le SE-Unsa Mayotte, fort de ses mandats, continuera à préférer cette méthode de travail quand la colère de la rue n'est plus entendue.

Le bureau du SE-Unsa Mayotte réfléchit aux actions qu'elle demandera à ses adhérents et sympathisants de déployer la semaine prochaine. Une journée de grève solidaire de la fonction territoriale est envisagée. Vous serez bien sûr informés de notre décision.

Les enseignants avec les fonctionnaires territoriaux!
Un engagement ça se respecte!
STOP à la dégradation de nos statuts!

 

Eric Hourcade, secrétaire général du SE-unsa Mayotte