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Entretien paru dans le Monde de l’Ă©ducation avec le directeur des cahiers pĂ©dagogiques sur la RĂ©forme
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Jean-Michel Zakhartchouk : « Dire que tout doit venir de la base est une solution de facilitĂ© Â»

Jean-Michel Zakhartchouk, professeur honoraire de lettres, est rédacteur aux “Cahiers pédagogiques”

Les mouvements pĂ©dagogiques, dont la culture est celle du libre engagement, ne se sont-ils pas fourvoyĂ©s en soutenant une rĂ©forme du collège qui fait notamment de l’interdisciplinaritĂ© une obligation ?
Je ne parle pas au nom de tous les mouvements pédagogiques. Mais il est vrai que, comme la plupart d’entre eux, les Cahiers pédagogiques, dont je suis un rédacteur, ont soutenu cette réforme. C’est ce que nous avons toujours fait lorsque des réformes institutionnelles nous paraissaient aller dans le bon sens. Nous les avons soutenues, tout en conservant une distance critique.
La question de l’obligation ne peut être tranchée simplement, sur le mode du pour ou contre. Si l’on jugeait, par exemple, que les activités interdisciplinaires pourraient rester entièrement facultatives dans un univers de disciplines obligatoires, cela reviendrait à les considérer comme secondaires. Il est important aussi, même et surtout si elles ne représentent qu’une part modeste de l’horaire, que leur légitimité soit reconnue à travers les évaluations régulières et finales et en s’appuyant sur une formation continue conséquente. C’est pourquoi, si l’on pense que l’interdisciplinarité et l’accompagnement personnalisé, intégrés aux horaires normaux, sont essentiels, il faut aller jusqu’au bout et assumer une part d’obligation, même si l’on se situe dans une tradition qui s’appuie sur les initiatives et le volontariat.
D’autre part, en ce qui concerne les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) - mais cela vaut aussi pour l’accompagnement personnalisĂ© -, la contrainte n’est pas si pressante qu’on le dit. Tous les Ă©tablissements doivent en faire, mais pas forcĂ©ment chaque enseignant. C’est un peu comme pour les fonctions de professeur principal : on demande des volontaires mais s’il n’y a personne, cela se traduit par des dĂ©signations. Mais l’autonomie professionnelle des enseignants reste importante, la seule condition posĂ©e Ă©tant que les heures flĂ©chĂ©es EPI soient bien effectuĂ©es. Par qui et comment, c’est une question de nĂ©gociation interne, avec des choix Ă  faire dans une palette de thĂ©matiques très large.

Vous faites bon marché d’un mouvement d’opposition très fort qui a duré longtemps...
Oui, comme dans beaucoup de cas, par le passĂ©, de rĂ©formes qui, peu de temps après, ont Ă©tĂ© intĂ©grĂ©es et acceptĂ©es. Un ministère qui a une lĂ©gitimitĂ© ne peut-il pas prendre des dĂ©cisions ? Un volontarisme de l’institution me paraĂ®t nĂ©cessaire. C’est une dialectique ancienne. Si l’on adopte une logique binaire -ou bien obligation pure et simple, ou bien pur volontariat-, on ne s’en sort pas. Il faut Ă  la fois un cadrage et des marges d’autonomie, des règles et beaucoup de souplesse dans leur application, pour tenir compte des conditions locales. Il est vrai que certains cadres intermĂ©diaires ne vont pas toujours dans le sens de cette souplesse, je pense par exemple Ă  ceux qui ne reconnaissent pas pleinement le rĂ´le des professeurs documentalistes. Ils sont Ă  contre-courant de cette rĂ©forme. Cela Ă©tant, je remarque que les opposants ont aussi leurs contradictions. D’un cĂ´tĂ©, ils brandissent une accusation de « caporalisme Â», et de l’autre, ils dĂ©plorent une trop grande autonomie de l’établissement, oĂą chacun fait Ă  sa manière.

N’aurait-il pas Ă©tĂ© plus efficace, plutĂ´t que d’imposer une mesure gĂ©nĂ©rale, de rechercher un accord prĂ©alable au niveau des Ă©tablissements ?
Je n’y crois pas du tout. Cela rejoint l’idĂ©e de la « tache d’huile Â», qui verrait les innovations gagner petit Ă  petit du terrain par leur seule attractivitĂ©. On voit bien que les Ă©tablissements expĂ©rimentaux restent des Ă®lots. Ils sont souvent des laboratoires tout Ă  fait intĂ©ressants, mais on ne peut pas tirer de preuves Ă  partir de l’engagement singulier de personnes volontaires, motivĂ©es, qui ne comptent pas leur temps. Il faut accepter une certaine banalitĂ© des dispositifs praticables dans des Ă©tablissements ordinaires. Approuver une rĂ©forme, c’est un risque Ă  prendre. Il faut ĂŞtre responsable. Dire que tout doit venir de la base est une solution de facilitĂ©. Je ne renie pas la dĂ©fense de cette rĂ©forme, notamment par rapport aux attaques qu’elle a subies et dont certaines Ă©taient et restent particulièrement outrancières.

 
 
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