Contre la violence, un plan sécurité Outre-mer

 

George Pau-Langevin et Bernard Cazeneuve ont annoncé, hier, qu'entre 2017 et 2019, il y aurait 300 gendarmes de plus dont 179 dès 2017.

George Pau-Langevin et Bernard Cazeneuve ont annoncé, lundi, des renforts d'effectifs et de moyens pour les forces de l'ordre afin de lutter contre l'insécurité dans les outremers.

George Pau-Langevin et Bernard Cazeneuve ont présenté, lundi, à Paris le plan sécurité Outre-mer devant un large parterre de préfets et hauts-commissaires en poste en Outre-mer pour annoncer des renforts en termes de policiers et de gendarmes. En tout, ils seront 370 policiers et 63 gendarmes d'ici la fin de l'année à rejoindre les territoires.

Par ailleurs, chaque année, des postes seront ouverts selon les situations de chacun des territoires, a annoncé le ministre de l'Intérieur. Les deux ministres ont annoncé en outre qu'entre 2017 et 2019, il y aurait 300 gendarmes de plus dont 179 dès 2017. S'agit-il de redéploiement ou de création de poste ? La réponse de GPL n'a été ni affirmative, ni négative. Il y aura donc sans doute des deux.

Une centaine de ces renforts sont prévus pour Mayotte qui présente, selon les deux ministres, la situation la plus préoccupante avec la Guyane et la Nouvelle-Calédonie, suivis par les Antilles. La Réunion a été classée en niveau 2 sur une échelle à trois niveaux. Seuls les territoires de Saint-Barthélemy et Saint-Pierre-et-Miquelon ne posent pas vraiment de problème.

Les deux ministres ont annoncé la réunion de la conférence nationale pour la sécurité Outre-mer qui devra se réunir deux fois par an avec les élus et les préfets.

UNE FORCE DE PROJECTION

Autre nouveauté, la création d'une force de projection basée dans l'Hexagone qui permettra d'intervenir selon les besoins. Les zones de sécurité prioritaires devraient, elles aussi, être réévaluées. Bernard Cazeneuve a invité les préfets à faire appel à la vidéosurveillance afin d'améliorer le taux d'élucidation.

Par ailleurs, les ministres ont confirmé l'implantation d'une antenne du GIGN à Mayotte et de l'Ocrtis (Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants) à Cayenne. De même, ils ont confirmé le relogement du commissariat de Cayenne et la rénovation des commissariats les plus vétustes. Un recensement des besoins mobiliers doit être effectué d'ici la fin de l'année pour inscrire les besoins éventuels dans le plan de programmation triennal 2017-2019.

Bernard Cazeneuve a eu un mot sur la radicalisation islamique dans les Outremers pour indiquer que les territoires n'étaient pas à l'abri des attentats. Et si les deux ministres ont insisté sur le ciblage des détentions illégales d'armes, ils n'ont pas repris la demande de certains élus concernant la formation spécifique que les fonctionnaires de police et gendarmes affectés outre-mer pourraient avoir avant leur départ. En revanche, George Pau-Langevin a confirmé qu'il y aurait plus d'Ultramarins mutés en Outre-mer.

Les 22 mesures qui constituent ce plan sécurité sont loin d'être inutiles, mais elles surviennent de telle façon qu'elles ont pu donner à certains la fâcheuse impression que les deux ministres découvraient seulement maintenant la situation sécuritaire Outre-mer.

F.-X.G., à Paris

(1) Zone de sécurité prioritaire Pointe-à-Pitre, Les Abymes et Baie-Mahault.

« Une annonce de plus » pour le syndicat Unsa-police

Ce plan sécurité Outre-mer, le syndicat Unsa-police craint que ce ne soit « qu'une annonce de plus, comme pour la ZSP (1) » .

La mutualisation des moyens et les renforts en effectifs pour lutter contre la criminalité, les trafics en tout genre et l'économie souterraine, son secrétaire régional, Christian Klock dit « les attendre toujours » . Ce qu'il a constaté, en revanche, dans la ZSP, « c'est une délinquance galopante et la multiplication des homicides. »

Christian Klock tire la sonnette d'alarme depuis des années. L'annonce d'hier, arrive, selon lui, « un peu tardivement » et ne le convainc pas. D'abord parce qu'elle reste floue en terme d'effectifs. « Combien pour Mayotte ? Combien pour la Guyane ? Et pour la Guadeloupe ? » Il aurait aimé des détails. Quant à la tenue d'une conférence nationale semestriel pour la sécurité outremer, il ne voit pas bien « comment elle pourrait régler les problèmes des policiers au quotidien » . L'urgence pour Christian Klock, c'est « d'obtenir des renforts maintenant. Pour la police judiciaire, la sécurité publique et aussi la police aux frontières. Tous les services sont déficitaires. Et il nous faut des forces durables et certainement pas un groupe tactique projetable depuis la Métropole qui viendrait nous aider ponctuellement. C'est une fausse bonne solution. »

 

V.D.

Christian Klock, secrétaire régional du syndicat Unsa-police. (Roberto Birhus)

10 029

Les effectifs globaux de la police et de la gendarmerie Outre-mer au premier semestre de 2016 étaient de 4 903 policiers (dont 4 018 dans les Dom et 885 dans les Com) et de 5 126 gendarmes (dont 3 711 gendarmes départementaux et 1 415 gendarmes mobiles). Soit un total de 10 029 policiers et gendarmes.

Fort taux d'homicides

La Guadeloupe, constate George Pau-Langevin, connaît une très forte progression des homicides (de + 84%) et tentatives d'homicide (de 57 faits à 105), « c'est-à-dire environ deux meurtres ou tentatives par semaine » , résultant en partie « de l'utilisation massive d'armes à feu » .