SECTION ACADÉMIQUE SE-Unsa de MAYOTTE - 44 rue Omar Combo - quartier M'Gombani - 97600 MAMOUDZOU
Tél. 02 69 52 07 73 - Por. 06 39 22 26 16 - 976@se-unsa.org

 
Regard du journal le Monde sur la fin du conflit social
  • Lnk_facebook
  • Lnk_google
  • Lnk_twitter
Des habitants de Mamoudzou, à Mayotte, réunis le 12 avril devant la mosquée du quartier de Mtsapere, réclament la fin des violences en marge de la grève générale.

Après quinze jours de « grève gĂ©nĂ©rale Â» — principalement effective dans le secteur public mais accompagnĂ©e de barrages sur une vingtaine de carrefours routiers stratĂ©giques, ce qui a suffi Ă  paralyser une grande partie de l’activitĂ© de l’île de Mayotte —, une voie de sortie Ă©tait sur le point de se dessiner. Vendredi 15 avril, les reprĂ©sentants de l’intersyndicale (CGT, FO, CFDT, Solidaires, FSU et FAEN) ont Ă©tĂ© reçus au ministère des outre-mer, Ă  Paris, par la ministre, George Pau-Langevin. Ă€ l’issue de quatre heures de nĂ©gociation, ils ont signĂ© un relevĂ© de conclusions dont ils considèrent qu’il reprĂ©sente de « rĂ©elles avancĂ©es Â».

Que contient l’accord pour Mayotte entre syndicats et ministère des outre-mer ?

Après 16 heures de voyage retour — il n’existe toujours pas de ligne aĂ©rienne directe Paris-Mamoudzou, celle-ci devrait ĂŞtre inaugurĂ©e le 10 juin —, les dirigeants syndicaux sont arrivĂ©s au col de Chirongui, oĂą quelque 200 militants et les « mamas Â», ces mères qui jouent un rĂ´le si important dans la sociĂ©tĂ© matriarcale mahoraise, les attendaient… non pour entendre le compte rendu des discussions, dont ils avaient dĂ©jĂ  pris connaissance, mais pour dĂ©cider de la prolongation de la grève.

Assemblée générale sous tension

Dès les premières prises de parole de leurs reprĂ©sentants, le ton s’est tendu. « Le texte, on l’a lu, intervenait un opposant. Vous arrĂŞtez le bla-bla. Vous proposez quoi ? Il ne faut pas Ă©couter ces personnes. Nous, ce qu’on veut, c’est aujourd’hui sinon rien et, demain, on va abattre des arbres. On n’est pas d’accord que vous ayez signĂ©. C’est nous la base, on veut du concret. Â» Une intervention saluĂ©e par des acclamations, des applaudissements et des chants en mahorais.

S’ensuivaient de longs moments de palabres, par petits groupes. MĂŞme si, dans un premier temps, les partisans de la continuation de la grève semblaient ĂŞtre majoritaires, on a continuĂ©, longtemps, Ă  discuter, la tradition mahoraise voulant que, au final, les dĂ©cisions soient prises Ă  l’unanimitĂ©, et non Ă  la majoritĂ©. Et, petit Ă  petit, le consensus a commencĂ© Ă  se former pour une « suspension Â» du mouvement Ă  partir de lundi, tout en faisant passer le message au ministère, Ă  l’Etat, qu’un geste significatif Ă©tait attendu, au risque de voir la situation empirer. « Si le gouvernement ne fait pas un geste, on va vers la guerre civile, n’hĂ©site pas Ă  pronostiquer le nĂ©gociateur de la FSU. Si le mouvement continue, il devient incontrĂ´lable. Ils risquent de mettre le feu Ă  l’île. Â»

Code du travail et fonction publique

Que contient cet accord tant dĂ©criĂ© par la base du mouvement mahorais ? Premièrement, en ce qui concerne l’application Ă  Mayotte, devenue dĂ©partement français en 2011, du code du travail de droit commun, elle devrait ĂŞtre inscrite dans la loi pour ĂŞtre entrĂ© en vigueur au 1er janvier 2018 et une habilitation Ă  prendre des ordonnances pour y parvenir devrait ĂŞtre votĂ©e. Le gouvernement s’engage Ă©galement Ă  ce que les conventions collectives de mĂ©tropole s’appliquent automatiquement et intĂ©gralement Ă  Mayotte et que ce soit inscrit dans la loi.

Un autre point majeur Ă©tait celui de la reconstitution des carrières des agents travaillant dans la fonction publique avant la dĂ©partementalisation. Pour l’Etat français, ces agents ne deviennent en principe salariĂ©s de la fonction publique qu’au moment de la dĂ©partementalisation, avec toutes les consĂ©quences que cela peut avoir en termes de carrière et de retraite. Jusque-lĂ , le gouvernement avait posĂ© un verrou : il ne consentait Ă  examiner les situations antĂ©rieures que jusqu’à l’annĂ©e 2009. Le gouvernement a consenti Ă  rouvrir des discussions Ă  partir du mois de mai sur la reconstitution des carrières pour les annĂ©es antĂ©rieures Ă  2009. Sans pour autant dire jusqu’oĂą il pensait pouvoir aller. En tout cas, aux yeux de l’intersyndicale, « le verrou de 2009 a sautĂ©, nous avons mis le pied dans la porte Â».

Sur les autres points, concernant l’attractivitĂ© de la fonction publique Ă  Mayotte ou l’alignement des droits sociaux sur ceux de la mĂ©tropole, les « avancĂ©es Â» restent beaucoup plus conditionnelles.

Alors que la nuit Ă©tait tombĂ©e, l’« unanimisme Â» s’est fait pour dĂ©cider de suspendre le mouvement. Parce que chacun sent bien, aussi, que dans le contexte de tension que connaĂ®t l’île, la moindre Ă©tincelle peut suffire Ă  l’embraser. Vendredi soir, vers 19 heures, un « mzoungou Â» - un blanc - a Ă©tĂ© assassinĂ© par trois jeunes - d’après les premières constatations - alors qu’il allait chercher avec sa compagne leur fils au judo, Ă  Kaweni, un quartier nord de Mamoudzou, le chef-lieu du dĂ©partement. Samedi matin, une marche blanche a rĂ©uni de 500 Ă  600 personnes Ă  Kaweni ; Puis les mĂ©diateurs, les responsables associatifs et les « mamas Â» se sont rĂ©unis longuement pour essayer d’apaiser une situation explosive. Un appel Ă  une « Ă®le morte Â» a Ă©tĂ© lancĂ© pour mardi.


 

 

 
 
PĂ©tition
 
Nos campagnes
 
Santé
 
Aides spécifiques
 
Mouvement
 
Conditions de travail
 
Concours
 
Cliquez pour agrandir