Rapport Mathiot Azema : l’Éducation prioritaire doit rester nationale
Le rapport Azema-Mathiot s’inscrit
dans la continuité de la refondation de l’éducation prioritaire de 2014
tout en donnant une visibilité nouvelle aux besoins des territoires
ruraux en difficulté ou isolés. Pour le SE-Unsa, cette nouvelle
dimension ne doit pas conduire à une dilution des moyens de l’éducation
prioritaire ni à la délégation aux académies d’une politique de
priorisation sans les moyens suffisants et sans associer la communauté
éducative aux prises de décision.
Ce rapport a le mérite d’envisager une meilleure prise en compte des
écoles « orphelines » et des lycées « difficiles » et d’aborder le rôle
joué par les écoles privées dans la ségrégation scolaire. Là où le bât
blesse, c’est quand le rapport aborde la carte de l’éducation
prioritaire. Elle resterait nationale pour les REP +, et passerait à la
charge des recteurs pour les REP qui pourraient la redessiner en
incluant les sites scolaires se trouvant dans les zones rurales en
difficulté ou isolées. Les budgets à venir de l’Education nationale
seront-ils à la hauteur des besoins, pour faire face à cette extension
de l’action publique ? Sinon, va-t-on déshabiller Pierre pour habiller
Paul ? Le cadre national de référence préconisé par le rapport
permettra-t-il d’assurer justice, équité et stabilité face à des
pouvoirs politiques locaux qui imposeraient leurs volontés ?
Pour le SE-Unsa, il est important de conserver une carte nationale.
Sinon, les moyens des Réseaux d’éducation prioritaire s’effilocheront au
bénéfice d’autres priorités, donnant naissance à autant de politiques
éducatives que d’académies, sans que les usagers et les personnels aient
les moyens de débattre des enjeux et de peser efficacement sur les
choix. A ce titre, le rapport se contente de mentionner la concertation
avec les collectivités locales et ne mentionne jamais aucune instance
académique, un mauvais signe en termes de démocratie sociale.
Le ministre a annoncé l’ouverture d’une phase de consultation avant
une mise en œuvre de ses décisions à la rentrée 2021. Le SE-Unsa demande
que les organisations syndicales soient partie prenante de ces
consultations. Il y portera ses propositions pour renforcer la
reconnaissance des personnels dans les territoires où la difficulté
scolaire et sociale est plus présente et pour assurer un service public
de qualité sur l’ensemble du territoire.
Paris, le 6 novembre 2019
Stéphane Crochet
Secrétaire Général