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BILAN DE RENTREE : la "mĂ©thode CouĂ©" ne passe pas
Article publié le mercredi 11 octobre 2023.
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 Le PrĂ©sident de la RĂ©publique a affirmĂ© : « L’école est un sanctuaire. Les enfants doivent ĂŞtre protĂ©gĂ©s ! ». L’UNSA EDUCATION souscrit Ă  100% Ă  cette affirmation et volontĂ©. Toutefois, et au-delĂ  de l’idĂ©e forte, au-delĂ  de l’affiche, il est important que cela se traduise par des actions, des moyens mis au service de l’école, des enfants, de leur famille, de la nation.

Le Ministre a quant Ă  lui affirmĂ© : « Il y aura un enseignant dans chaque classe Ă  la rentrĂ©e. » C’était l’engagement annoncĂ© au pays, aux parents, aux Ă©quipes, aux Ă©lèves, avant et pendant l’étĂ©.

LĂ  aussi, et au-delĂ  de cet affichage Ă  la mode « mĂ©thode CouĂ© », il convient que cet engagement soit effectif dans la rĂ©alitĂ©.

Mais le constat n’est absolument pas Ă  l’image de la promesse. Et comme pour masquer cet incroyable et pourtant prĂ©visible fiasco, notre Ministre agite tel un chiffon rouge (un peu par obligation tout de mĂŞme) le sujet Ă´ combien important qu’est celui du harcèlement scolaire. Ce sujet doits d’être traitĂ©, lĂ  n’est pas la question. Mais pendant que l’on parle de cela, on Ă©vite les autres sujets polĂ©miques !

Pour reprendre la promesse du Ministre (un enseignant dans chaque classe), il convient tout d’abord de dĂ©finir ce qu’est un enseignant : Une personne qui a suivi 5 annĂ©es d’études après le BAC, passĂ© un concours, bĂ©nĂ©ficiĂ© de 2 annĂ©es de formation, et qui est payĂ©e au bas mot 1,2 smic.

Du fait d’une pénurie d’enseignants pourtant largement annoncée, l’Education Nationale est contrainte de recruter des milliers de contractuels, bénéficiant d’au minimum un BAC + 3, recrutés en ½ heure, formés dans le meilleur des cas sur 4 jours et rémunérés un peu plus que les enseignants évoqués précédemment.

L’école a besoin de l’appui des contractuels. Mais là aussi, le nombre de candidatures, parfois de grande qualité, s’essouffle. Face à la réalité, la désillusion prend place. L’Education Nationale peine à séduire, à conserver celles et ceux qui tentent l’expérience. Ne devient pas enseignant.e qui veut. Cela ne s’improvise pas, ne se décrète pas.

Devenir enseignant.e est possible en 4 jours ? Alors pourquoi passer le concours ? Pourquoi 2 annĂ©es de formation ? Ce manque criant et rĂ©current de collègues pose Ă©galement et bien Ă©videmment la question du remplacement de nos collègues en cours d’annĂ©e. Nous en faisons dĂ©jĂ  l’amer constat, mĂŞme dans des secteurs dits « hors tension ».

Le Ministre aurait Ă©tĂ© mieux inspirĂ© d’annoncer « Nous allons faire le maximum pour qu’il y ait un adulte dans chaque classe ».

Parce que dans le Val d’Oise, loin des bureaux du ministère, dans la réalité, la vraie vie, les conditions de rentrée ne sont pas optimales. Depuis la rentrée (et même bien avant), le Directeur académique, les services se battent au quotidien pour que la rentrée se déroule comme le Ministre l’a annoncé. Avant la rentrée on tentait de nous faire croire que tout irait bien

Cette situation n’est malheureusement pas nouvelle. Elle est bien évidemment liée à des conditions de travail qui ne permettent pas de créer de l’engouement pour les professions que nous représentons. Nous manquons d’enseignants, de directions d’écoles, de médecins scolaires, de psychologues Education nationale, d’AESH payé.es une misère (quand ils/elles sont payé.es…) de moyens au service de notre école. Au-delà d’un satisfecit de façade au niveau rectoral et départemental, les chiffres du concours pour notre académique sont catastrophiques et contribuent à cette crise.

Nous en sommes maintenant Ă  l’apogĂ©e de la chronique d’une catastrophe annoncĂ©e. Pas de solution, juste l’obligation de gĂ©rer une pĂ©nurie, veiller Ă  ce que l’on trouve des alternatives ici et lĂ , pour « boucher les trous », parer la colère des parents qui ne sont pas dupes, en dĂ©shabillant Pierre pour habiller Paul : envoyer « un moyen » ici Ă  8h30, le retirer Ă  10h pour l’envoyer ailleurs…

Comment peut-on accepter que des enfants de 3 ans qui font leur entrĂ©e en petite section Ă  l’école de la RĂ©publique, maintenant obligatoire, subissent quelques jours après la rentrĂ©e le dĂ©part de leur enseignante appelĂ©e Ă  combler une des vacances de direction, puis le passage en 3 semaines de 7 remplaçant.es diffĂ©rent.es ? Comment leur faire aimer l’école dans ces conditions ?

Comment ne pas comprendre ces parents qui, lassĂ©s depuis la rentrĂ©e scolaire que leurs enfants soient rĂ©partis dans des classes parce que nous ne disposons pas d’un adulte pour assurer la classe, manifestent et crient leur colère ?

Est-il tolĂ©rable qu’une classe d’ULIS Ă  Gonesse, accueillant des enfants en situation de handicap donc, ne fonctionne pas faute d’enseignant spĂ©cialisĂ© ? Ou pour une autre, soit attribuĂ©e Ă  une enseignante non spĂ©cialisĂ©e et surtout non volontaire ? L’inclusion des enfants en situation de handicap n’était-elle pas une prioritĂ© nationale ?

Comment expliquer que dans le second degrĂ© des classes se retrouvent sans professeur alors que des contractuels ne sont pas affectĂ©s ? Pour exemple, une nĂ©o contractuelle en anglais, payĂ©e 18h, sans affectation …. Et selon elle, ils seraient sur l’acadĂ©mie 71 dans la mĂŞme situation. Dans son secteur, un lycĂ©e a besoin d’un BMP de 9h. Ce poste est non pourvu Ă  ce jour. Et ce n’est pas faute de dĂ©marches du lycĂ©e ou de cette contractuelle auprès du rectorat. RĂ©ponse : refus car en sous service !

Au-delĂ  de ces difficultĂ©s que nous connaissons tous et toutes, la prĂ©paration de cette rentrĂ©e n’a pas pu s’effectuer de façon acceptable : pas de documents de travail en amont du CSA de rentrĂ©e, pas de base d’analyse pour Ă©changer avec les Ă©coles.

A noter toutefois une rĂ©elle volontĂ© d’échanges et de partages du Directeur acadĂ©mique quant Ă  cette pĂ©nurie et aux solutions les moins mauvaises Ă  trouver ensemble, au regard de donnĂ©es bien restrictives. 

A une semaine de la rentrĂ©e, les Ă©quipes, nos collègues et les employĂ©.e.s de rue de Grenelle ont appris par voie de presse que le bac sera placĂ© au mois de juin (aveu d’erreur par ailleurs… dont on aurait pu s’épargner, aux profit de nos Ă©lèves. Mais saluons cet aveu). Comme si les Ă©quipes en grève et mobilisĂ©e en 2019 n’avaient pas dĂ©jĂ  alertĂ© sur ce problème. Quand va-t-on enfin faire appel Ă  l’expertise des personnels de terrains ?

Nous apprenons également que nous reprendrons peut-être le 20 août 2024. Au-delà de toute réflexion à laquelle nous souhaitons être positivement associés, déjà faudrait-il que les élèves reprennent effectivement le jour de la rentrée ou ne partent pas comme cela arrive très souvent dans les établissements 1 semaine, voire 2, voir 1 mois avant les vacances.

Mais quel capharnaĂĽm au sein de notre ministère ! Y a-t-il un pilote dans l’avion ? Ou plusieurs pilotes qui changent et modifient sans cesse leur plan de vol ? Vole-t-on Ă  vue ? Quant aux collègues, c’est sans cesse qu’ils doivent jongler avec de permanentes injonctions contradictoires.

Les personnels (enseignants, AESH, personnels administratifs…) ont besoin de soutien pĂ©dagogique adaptĂ©, rĂ©pondant aux besoins et aux ambitions affichĂ©es. Ils ont besoin de reconnaissance professionnelle, financière. L’école a besoin de moyens.

Le pacte n’est pas non plus la rĂ©ponse adaptĂ©e aux besoins des Ă©quipes et de nos Ă©lèves. Certains personnels sont contraints d’accepter ce « chantage » par nĂ©cessitĂ©. D’autres, pères ou mères de familles, n’en ont pas la possibilitĂ©. Au-delĂ  d’une tentative de division des personnels, envoyer par exemple des enseignants du 1er degrĂ© pour venir en aide aux 6èmes en difficultĂ©s ne rĂ©pond qu’à une seule logique : la gestion de la pĂ©nurie d’enseignants dans le 2nd degrĂ©. En tout Ă©tat de cause, il ne s’agit en aucun cas d’une revalorisation des enseignants comme avancĂ© par le Ministre et le PrĂ©sident.

La rentrée que nous vivons n’est pas paisible, malgré un contexte sanitaire plus apaisé que pour les rentrées précédentes.

Le Service Public va mal. L’école est en pleine crise. Les Ministres se suivent, rĂ©forment chacun Ă  leur tour. Ils annoncent, affichent, discrĂ©ditent, dĂ©valorisent, mais ne se donnent pas les moyens de leurs ambitions. Comment peut-on alors parler de « l’école de la confiance » ? A quand un « Ministère de la confiance » ?

L’expertise du terrain doit être interrogée et non ignorée. L’UNSA éducation participera autant qu’elle le peut à toute réflexion permettant l’amélioration de notre Service Public.

Olivier FLIPO

 

 
 
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