Article publié le jeudi 9 février 2023.
Une semaine après que le ministre a fait sa prĂ©sentation du « pacte* », Ă l’opinion publique sur les ondes (3 650€ pour 72h), une rĂ©union de travail a enfin eu lieu avec les reprĂ©sentants du personnel, mercredi 8 fĂ©vrier. Pour le SE-Unsa, ce que le ministère a prĂ©sentĂ© comme des hypothèses de travail nourrit au mieux, le sentiment d’une vision hors-sol du mĂ©tier d’enseignant, au pire un sentiment de mĂ©pris.
Dans son document de travail, le ministère envisage de proposer un « pacte » aux enseignants qui souhaitent s’engager dans des missions contribuant Ă l’amĂ©lioration du service public d’éducation, en Ă©change d’une revalorisation de 10 % en moyenne, s’ajoutant Ă celle du « socle* ».
Les missions proposées, soit nouvelles, soit à investir davantage, comportent notamment :
- Pour le 1er degré, les interventions en 6e, les dispositifs Vacances apprenantes /École ouverte, l’accompagnement des enseignants à l’école inclusive, le mentorat des élèves sur un cycle ;
- Pour le 2d degré, le remplacement de courte durée, Devoirs faits en 6e, l’orientation renforcée, la relation lycée/entreprises, la découverte des métiers au collège ;
- Pour tous, la mise en œuvre des projets innovants issus du Conseil national de la refondation (CNR), le tutorat des nouveaux professeurs, les missions de coordonnateur/référent de projets.
Le SE-Unsa a dénoncé l’incohérence des propositions et rappelé ses revendications :
- reconnaître financièrement le métier d’enseignant, de CPE, de PsyEN tel qu’il s’est complexifié ;
- corriger les écarts de rémunérations existants 1er/2d degré, femmes/hommes, CPE, PsyEN, professeurs documentalistes...
Avec un projet dogmatique et déconnecté, la rue de Grenelle, ou plutôt l’Élysée, conditionne la reconnaissance de missions déjà exercées, mais non rémunérées, à l’acceptation de travailler plus.
La proposition faite est un système impossible à mettre en œuvre, qui risque, de plus, de nuire à certaines fonctions existantes et essentielles : professeurs principaux, enseignants spécialisés, conseillers pédagogiques, enseignants référents aux usages numériques, enseignants référents handicap…
Pour le SE-Unsa, l’exécutif poursuit un objectif politicien : donner des gages à une partie de l’opinion publique sur certaines préoccupations comme le remplacement de courte durée dans le second degré.
Alors que le gouvernement devrait travailler Ă une reconnaissance financière des tous les personnels, il s’accroche Ă un objet : le « pacte ». Sa responsabilitĂ© est de prendre en considĂ©ration la rĂ©alitĂ© telle que la charge de travail et de rĂ©munĂ©rer les tâches invisibles des personnels. Le ministère envisage au contraire de dĂ©tourner ces derniers de leur cĹ“ur de mĂ©tier par l’accumulation de missions et d’heures supplĂ©mentaires.
Le SE-Unsa exige que l’exécutif referme clairement et définitivement la page jaunie du travailler plus pour gagner plus et réponde à l’exigence de reconnaissance financière et institutionnelle.
(*) Le ministère prévoit 2 volets de la discussion :
- une partie « socle » visant Ă atteindre les 10 % d’augmentation ;
- une partie « pacte » visant Ă reconnaĂ®tre des missions dĂ©jĂ existantes ou nouvelles.