La concertation annoncée par le ministre pour définir, activer les leviers de l’attractivité des métiers de l’Éducation nationale et revaloriser ces derniers a débuté le 19 octobre.
L’entrée en matière a porté sur la rémunération et le bien-être dans le cadre de la seconde réunion de l’Observatoire du même nom.
À travers sa fédération L’Unsa Éducation, le SE-Unsa a émis des vigilances quant au cadre posé de la concertation et a rappelé l’urgence des mesures à prendre.
Rémunération : une définition à corriger
La rémunération de base sur laquelle le ministère compte s’appuyer pour ouvrir les discussions sur la revalorisation salariale comprend le montant indiciaire, les indemnités Isae et Isoe (part fixe), la prime d’attractivité, l’indemnité de stage pour les stagiaires et la prime informatique. Il déduit le transfert prime points.
Pour le SE-Unsa, la prime informatique doit être sortie de cette base. La vocation de cette dernière, qui ne concerne pas tous les personnels, n’est pas de rémunérer le travail mais bel et bien de compenser un coût induit par le métier.
Temps de travail hebdomadaire : des distinctions Ă faire
L’ouverture de la concertation a été l’occasion pour le ministère de publier les données de la Depp* sur le temps de travail des enseignants. Issues d’une enquête réalisée auprès des salariés de la Fonction publique de l’État (FPE), ces données vont être requestionnées et pourront ainsi permettre des analyses comparatives.
Le ministère a souligné la charge importante de travail des enseignants : la moitié des enseignants déclarent travailler plus de 43 heures par semaine et la moitié des vacances est consacrée au temps de travail.
Pour le SE-Unsa, si les constats de l’enquĂŞte ne prĂ©sentent pas de surprise, ils ont le mĂ©rite de doter l’employeur de donnĂ©es chiffrĂ©es et objectives pour ne plus se cacher derrière un certain « ressenti », rĂ©el frein Ă toute revalorisation. Par ailleurs, le temps de travail des enseignant est supĂ©rieure Ă la moyenne des autres professions de cadres de la fonction publique.
Le SE-Unsa a Ă©galement :
- demandĂ© au ministère d’employer le terme « congĂ©s scolaires » au lieu de « vacances » afin de permettre aux donnĂ©es statistiques de jouer pleinement leur rĂ´le face aux reprĂ©sentations erronĂ©es de la profession enseignante ;
- alerté le ministère sur un temps de travail comparé entre 1er et 2nd degré où les heures supplémentaires sont comprises dans le volume horaire du 2d degré ;
- demandĂ© au ministère de prendre en compte le critère d’analyse « anciennetĂ© » comme le critère « maĂ®trise des outils du mĂ©tier » pour une rĂ©flexion pertinente sur les comparaisons de temps de travail.
Bien-être des personnels : un constat partagé à transformer en mesures
Le ministère s’est appuyé sur les résultats du premier baromètre du bien-être au travail des personnels de l’Éducation nationale, réalisé au printemps 2022, pour partager des constats quant au vécu du métier.
Il a mis en exergue que seuls 6 personnels sur 10 étaient satisfaits de leur métier, et a rappelé les trois leviers majeurs plébiscités par les personnels pour voir leur quotidien amélioré : le pouvoir d’achat, la charge de travail et l’aménagement des fins de carrière.
Le SE-Unsa a rappelĂ© que le baromètre des mĂ©tiers de sa fĂ©dĂ©ration auquel 43 000 collègues ont rĂ©pondu en 2022 avait dĂ©jĂ identifiĂ© ces leviers et que ces derniers sont dĂ©sormais Ă©tablis. Il faut Ă prĂ©sent prĂ©ciser ce que le ministère met sous le terme « conditions de travail » et proposer urgemment des mesures concrètes. Puisque de façon très paradoxale, les dispositifs allĂ©geant la charge de travail ou amĂ©nageant les fins de carrière ont fondu ces dernières annĂ©es !
Face Ă l’argument « contexte sanitaire anxiogène » mis en avant par le ministère pour justifier en partie des rĂ©sultats » moroses, le SE-Unsa a remis dans le paysage les rĂ©sultats du baromètre Unsa Éducation de ces 10 dernières annĂ©es qui tĂ©moignent d’un dĂ©calage de plus en plus grand entre dĂ©gradation des conditions d’exercice et rĂ©ponse institutionnelle.
L’avis du SE-Unsa
De façon plus globale, le SE-Unsa a souligné positivement la nouvelle acquisition par l’employeur d’outils statistiques et le partage de données chiffrées permettant d’asseoir toute discussion avec Bercy.
Le SE-Unsa a en revanche dénoncé, qu’une fois de plus, les CPE et PsyEN soient totalement occultés des données utilisées pour asseoir la concertation ; il semble très difficile d’envisager des discussions sur l’amélioration de l’attractivité de leurs métiers si ces derniers ne sont pas analysés. De la même façon, le SE-Unsa a regretté l’absence des personnels contractuels du périmètre défini par le ministère. Ces personnels dont le potentiel reste précieux pour l’avenir de la profession ont eux aussi des perspectives de revalorisation à voir discutées !
Le SE-Unsa a été la seule organisation à exiger que CPE, PsyEN et contractuels soient ajoutés au périmètre.
La prochaine concertation aura lieu le 25 octobre et portera sur l’attractivité et le déroulement de carrière.
* Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance