La
priorité, c’est la nécessité de travailler à la réconciliation des
personnels avec leur institution. Pour le SE-Unsa, il faut une rupture
nette avec la méthode politique de la rue de Grenelle de ces cinq
dernières années. Les personnels ne veulent plus subir, ni vivre au
rythme d’incessantes annonces médiatiques qui nient la réalité,
simplifient la complexité de leurs missions et placent les
professionnels qu’ils sont dans un insupportable porte-à -faux.
Car
ce n’est pas seulement la pandémie qui a ainsi été gérée, mais bien
toutes les réformes : priorité aux fondamentaux, bac général et
technologique, voie professionnelle, orientation, recrutement et
formation initiale notamment.
Le premier défi,
c’est la crise de l’attractivité. Après des difficultés plus importantes
que d’habitude en septembre 2021, la rituelle rentrĂ©e « techniquement »
rĂ©ussie » est sĂ©rieusement menacĂ©e pour septembre 2022. Les mĂ©tiers
d’enseignant, CPE et psychologues de l’Éducation nationale ne trouvent
plus preneurs par voie de concours, et encore moins par contrats. Les
raisons sont multiples : quotidien difficile, faiblesse de la
rémunération, notamment lors de la première partie de carrière,
déconsidération institutionnelle, entrée dans le métier illisible et
proche du bizutage. Quant aux personnels en poste, le découragement se
diffuse et certains quittent l’Éducation nationale.
Le
second défi, c’est la réussite de l’École inclusive. Il n’est plus
possible de laisser les professionnels seuls, entre culpabilité et
épuisement, et des élèves et des classes en panne, voire en souffrance.
L’École inclusive ne peut se rĂ©sumer ni en une somme d’étiquettes Ă
coller Ă des enfants et des jeunes, ni en une accumulation de
dispositifs et d’accompagnements, sans jamais réussir à être à la
hauteur des besoins. Face à la diversité des situations, il faut une
diversité de réponses pédagogiques, spécialisées et sociales, dans
l’école, en équipe éducative, mais aussi avec d’autres partenaires et
structures.
Enfin, le troisième défi, c’est la
nécessité de retrouver l’expérience de la mixité sociale, de
l’« apprendre ensemble » et du « vivre ensemble ». Il n’est plus
possible de clamer liberté, égalité, fraternité tout en
continuant de cloisonner les apprentissages et les vies de nos élèves.
Il n’y a pas de solutions simples et toutes ne reposent pas seulement
sur l’École, mais il faut dépasser l’assignation à résidence qui mine
notre société.
Le navire Éducation nationale ne
peut se transformer en galère dans la tempête. Il est urgent de renouer
avec l’ensemble de l’équipage pour emmener tous nos élèves à bon port.