Ă€ l’occasion de la rentrĂ©e scolaire, l’exĂ©cutif multiplie les allocutions. Pour le SE-Unsa, il donne le « mauvais » ton sur les questions d’éducation.
Alors
que les difficultés du système éducatif sont identifiées depuis
longtemps, le président et son ministre cumulent les annonces et sorties
hors-sol sans montrer une quelconque volonté d’action face aux
inégalités sociales qui pénalisent continuellement la scolarité des
enfants de la frange la plus fragile de la population et minent notre
République. Ces inégalités sont entretenues par l’absence d’une
politique ambitieuse de mixité à l’école pour élargir la base sociale de
la réussite scolaire et redonner sens à la promesse démocratique de
l’École.
Acte 1 : la campagne laïcité
La
campagne d’affiches présentées par le ministère de l’Éducation
nationale est largement critiquée car elle confond laïcité avec
vivre-ensemble, coexistence et tolérance. Elle amène plus de contresens
que de clarté et donne une image de mixité qui n’existe pas dans de très
nombreux établissements. En revanche, aucune impulsion n’est donnée, ni
pour lutter contre la ségrégation scolaire, ni pour préparer la Journée de la laïcité à l’École
du 9 décembre. Un événement qui prend tout son sens cette année où nous
commémorerons pour la première fois l’assassinat de Samuel Paty.
Acte 2 : l’allocation rentrée scolaire
Les
propos hasardeux du ministre Blanquer sur l’utilisation de l’allocation
de rentrée scolaire pour des achats d’écrans plats ont été contredits
par les faits à plusieurs reprises. Malgré la tourmente médiatique subie
par le locataire de la rue de Grenelle, le président de la République a
surenchéri à l’occasion d’une allocution à Marseille, en précisant que nous serions ou aveugles ou naïfs de penser que la totalité des allocations servent à acheter des fournitures scolaires.
Le
SE-Unsa regrette que, dans une société fatiguée par la crise sanitaire,
dont l’impact est plus dur pour les publics fragiles, le président de
la République et son ministre de l’Éducation nationale se perdent dans
de tels errements injustes et stigmatisants.
Acte 3 : situation scolaire Ă Marseille
Alors que des dizaines d’écoles sont insalubres dans la 2e
ville de France et que les équipes et leurs élèves manquent de tout, le
président n’a donné aucun chiffrage de l’aide qui serait apportée mais a
annoncé sa volonté de créer 50 écoles laboratoires où les directeurs
choisiraient leur équipe. Rien d’innovant dans cette vieille lune
ressassée depuis des années par des instituts libéraux proches du
pouvoir.
Le SE-Unsa
rappelle que les enseignants et personnels Ă©ducatifs de Marseille ont
montré leur engagement dans des conditions déplorables sans avoir été
« choisis » pour cela. Les besoins sont connus : garantir Ă chaque Ă©lève
le droit d’être nourri, habillĂ©, soignĂ© et bĂ©nĂ©ficier d’un Ă©gal accès Ă
une éducation scolaire et périscolaire de qualité dans des locaux
dignes de l’École de la République.
Les réponses concrètes restent à apporter.
La
rentrée scolaire aurait dû être l’occasion pour l’exécutif d’impulser
une dynamique positive et sereine. Mais visiblement, il a plutôt décidé
de partir en campagne en lançant des polĂ©miques qui devraient parler Ă
des électorats conservateurs ou libéraux sans se soucier des réponses
concrètes à apporter aux besoins de l’École, des élèves et des
personnels qui y sont pleinement engagés.