Ă€ l’occasion de son dĂ©placement Ă Marseille, le prĂ©sident de la RĂ©publique a annoncĂ© vouloir expĂ©rimenter la libertĂ© du choix des enseignants par les directrices et directeurs dans 50 Ă©coles « laboratoire » de Marseille dès la rentrĂ©e 2022. Pour le SE-Unsa cette annonce hors-sol est très malvenue et ne rĂ©pond ni aux attentes ni aux besoins des Ă©quipes.
Les déclarations du président de la République
Le jour de la rentrée scolaire, le chef de l’État a affiché sa volonté d’expérimenter le recrutement des enseignants par les directrices et directeurs dans 50 écoles laboratoire de la ville dès la rentrée 2022. Après avoir prétexté vouloir répondre à une demande de parents marseillais, Il a indiqué qu’il faudrait pouvoir d’abord choisir les enseignants, pour être sûr qu’ils sont pleinement motivés, qu’ils adhérent au projet .
Le chef de l’État a également affirmé que l’École du futur n’existait pas en France aujourd’hui, et qu’il voulait qu’on puisse en quelque sorte innover et mettre en place à côté de ces investissements dans les bâtiments, une méthode radicalement nouvelle pour l’éducation de nos enfants .
L’avis du SE-Unsa
Le.a directeur.trice deviendrait-il (elle) DRH ?
Non seulement ce n’est pas dans la culture de l’école, mais il faudrait en 1er lieu veiller à ce que la direction d’école bénéficie d’une aide administrative. Dans le privé, les DRH bénéficient d’un moyen de secrétariat...... Dans le public, les directions d’écoles.... se débrouillent !
Pour le SE-Unsa, cette annonce est hors-sol et mal venue.
Elle
ne répond ni aux attentes ni aux besoins des équipes. Ce n’est pas de
motivation dont manquent les enseignants marseillais, mais bien de
conditions matérielles dignes pour leurs élèves et pour eux. Les
enseignants et personnels éducatifs de la cité phocéenne ont montré leur
engagement dans des conditions déplorables sans avoir été choisis pour
cela. Malheureusement, aucun chiffrage de l’aide qui serait apportée
aux écoles de Marseille n’a été donné, alors que des moyens
supplémentaires sont nécessaires et attendus par les personnels.
Emmanuel Macron assène également deux contre-sens concernant l’innovation :
- L’innovation fait partie de l’ADN des enseignants. Ils la mettent en œuvre au quotidien bien qu’ils soient largement contraints depuis 2017 par des instructions normatives et descendantes de la part du ministre de l’Éducation nationale.
- L’innovation ne se suscite pas par une décision extérieure, déconnectée et sans concertation avec ses principaux acteurs.
- L’innovation, ça se soutient et ça s’accompagne.
Enfin, cette annonce met à mal le travail engagé avec le ministère de l’Éducation nationale sur la direction d’école depuis plusieurs mois.
Il est nécessaire que la rue de Grenelle décrypte rapidement son projet et discute avec les organisations syndicales. À ce stade, les incertitudes et interrogations sont légion et ne permettent pas d’envisager une année sereine sur ce sujet.
Mais le but du président était-il d’apaiser et de soutenir l’école ou de partir en campagne en s’adressant à son électorat sur de vieilles idées plus efficaces pour la communication politique que pour l’éducation ?