Cette
rentrée sera la dernière pour le ministre en exercice. De manière
habituelle, une circulaire est adressée aux enseignants et personnels
d’éducation pour donner des priorités et tracer des perspectives pour
l’année à venir. Ici, le texte en question ressemble davantage à un best of des orientations mises en œuvre depuis 2017.
Le ministre a choisi le terme de maison commune
pour qualifier l’Éducation nationale. Même si l’objectif est le bon, le
SE-Unsa observe un tiraillement systémique de ce ministère (mais pas
que celui-ci), entre l’aspiration d’un système éducatif taillé sur
mesure pour la frange la plus favorisée de la population, et d’autre
part, la nécessité de faire société à travers l’école ; c’est-à -dire
agir en direction des publics qui n’ont pas la réussite scolaire en
héritage et qui subissent souvent de plein fouet la ségrégation
scolaire.
Généralement, les
premiers obtiennent les meilleurs arbitrages. Cela se traduit dans
toutes les enquêtes nationales et internationales. L’échec scolaire
répété des élèves issus de milieux défavorisés est une maladie
française, qui fait porter un risque sur notre avenir démocratique. Sur
ce plan, ce ministère a été celui du temps perdu.
Un best of des dispositifs pas ou peu évalués
Devoirs faits,
chorale à l’École, distribution des fables de La Fontaine,
dédoublements en GS, CP et CE1 dans les Rep et Rep+…, de nombreux
dispositifs sont encensés dans cette circulaire de rentrée. On peut se
demander ce que les enseignants et personnels d’éducation vont bien
pouvoir faire de ce panégyrique, même si le ministre n’oublie pas de les
remercier avec profusion. Le point commun entre eux, est la quasi
absence d’évaluation, malgré le montant souvent faramineux des moyens
engagés.
Des annonces sans moyens dédiés, et des oublis
Des carrés régaliens
seront mis en place dans chaque rectorat. Ce sont des cellules
d’information et d’accompagnement autour de quatre angles : valeurs de
la République, radicalisation, violences, harcèlement.
Outre l’incompatibilité entre le terme régalien
et les valeurs de la République, opposées par essence à la monarchie,
ce dispositif douteux voudrait démontrer une forme d’autorité
républicaine, en faisant cohabiter dans un carré des actions souvent
existantes, sans moyens supplémentaires.
Pour la première fois, le ministre évoque la question de la mixité scolaire en
priorisant les dĂ©rogations au titre des demandes de bourses, notamment Ă
destination des lycées les plus favorisés et en développant la
multi-sectorisation des collèges et des lycées.
Hélas, cette volonté arrive en fin de mandat.
Encore hélas, rien n’est prévu pour le 1er degré.
Toujours
hélas, aucune mesure ne s’adresse à l’enseignement privé, premier
opérateur du séparatisme scolaire dans notre pays, et qui a largement
bénéficié de financements de collectivités à la suite de l’abaissement
de l’âge d’obligation d’instruction à trois ans.
On
notera que, comme l’an dernier, les écoles et les établissements
devront établir un plan de continuité pédagogique en cas de reprise de
la pandémie. Mais pas plus que l’an dernier, ils ne disposeront pas de
moyens et d’outils adaptés pour le faire.
Quant
au chantier des adaptations pédagogiques à la rentrée, il est au point
mort. Mais, bien sûr, les équipes pourront compter sur les évaluations
nationales et les vacances apprenantes…
Alors
que le gouvernement annonce que la jeunesse est la priorité des
priorités, on attend toujours le collectif budgétaire qui permettrait
d’accueillir les élèves dans des conditions plus favorables à la rentrée
prochaine. On attend aussi l’ouverture de places dans l’enseignement
supérieur pour accueillir les 16% de candidats qui n’avaient aucune
proposition de Parcoursup au 16 juin.
En
reprenant des consignes maintes fois répétées cette circulaire de
rentrée n’apporte ni nouveautés, ni moyens spécifiques pour mettre en
œuvre ce qui est prescrit ; deux éléments que l’auto-congratulation
ministérielle ne saurait faire oublier.