Article publié le mardi 9 février 2021.
« Nouveau » Cafipemf : de nouvelles modalitĂ©s pour une certification plus attractive ?
Le
ministère souhaite revoir les modalités d’organisation du Cafipemf. Le
SE-Unsa détaille pour vous les projets de modifications, très
vraisemblablement arrêtés avant la fin de l’année scolaire. En effet
s’il veut concrétiser l’ambition de 33 % de maîtres formateurs dans les
équipes pluri-catégorielles de formation initiale des enseignants, le
ministère doit rapidement attirer de nouveaux candidats à la
certification.
Les conditions d’inscription
Elles
seraient inchangées : être instituteur ou professeur des écoles -
titulaires ou contractuels -, et justifier, au 31 décembre de l’année de
l’examen, de 5 ans de services dans une école publique, sur ou en
dehors du territoire national.
La
nouveauté : suite à l’inscription (l’année précédente auprès du
rectorat), le candidat bénéficierait d’une visite conseil avec son IEN.
Celle-ci donnerait lieu à un compte-rendu communiqué au candidat.
Une formation préalable de 5 semaines
Tout
candidat inscrit bénéficierait désormais d’une formation de 5 semaine
non consécutives de juin à décembre de l’année N dont l’organisation
sera déterminée par le recteur :
- 3 semaines d’observation et de
pratique accompagnée auprès d’un maître formateur ou d’un CPC dans
l’exercice de sa mission d’accompagnement
- 2 semaines de formation assurées conjointement par l’académie et par l’Inspé.
Cette formation inclurait
notamment des modules de méthodologie et d’initiation à la recherche
permettant de délivrer des crédits European Credits Transfer System (ECTS)*.
L’examen
Il
se déroulerait désormais sur un an et ne comporterait plus d’épreuve
d’admissibilité. La rédaction d’un mémoire ne ferait plus partie des
attendus. 2 épreuves sont prévues.
- Une première épreuve décomposée en deux séquences consécutives :
SĂ©quences |
Activité |
Durée |
1
|
Observation par le jury d’une séance de français ou maths en élémentaire et sur des activités langagières ou sur la construction du nombre en école maternelle.
1/3 du temps pourra être consacré à une autre discipline à condition
qu’elle contribue à l’apprentissage des maths ou du français. |
60 min
|
2 |
Entretien entre le candidat et le jury. |
60 min |
>> Le jury
Il est composé d’un IEN d’une autre circonscription, d’un enseignant
de l’Inspé n’ayant pas participé à la formation du candidat et d’un
maître formateur exerçant dans une autre circonscription.
>> Les attendus
- Capacité à conduire une analyse didactique et pédagogique et à réfléchir à sa propre pratique
- Bonne maîtrise des contenus didactiques et pédagogiques en français et en mathématiques
Cas particuliers des candidats directeurs d’école et des CPC faisant fonction :
ils pourraient bénéficier d’un aménagement de la première épreuve s’ils
en ont formulé le souhait au moment de leur inscription.
Une première épreuve aménagée décomposée elle-aussi en deux séquences :
SĂ©quences |
Activité |
Durée |
1
|
Observation par le jury d’une séance liée à l’exercice professionnel du candidat : - Faisant fonction de conseiller pédagogique : animation d’une action de formation professionnelle collective -
Directeur d’école : animation d’une réunion de nature pédagogique :
conseil des maîtres, conseil de cycle, conseil école-collège
|
45 min
|
2 |
Entretien entre le candidat et le jury. |
45 min |
- La deuxième épreuve
Tous les candidats y seraient
soumis, et ce dans le délai d’un mois après la première épreuve. Elle se
décomposerait en 4 séquences :
SĂ©quences |
Activité |
Durée |
1 |
Observation en classe d’un PE stagiaire ou titulaire, en présence du jury |
60 min |
2 |
Analyse immédiatement consécutive de la séquence 1 par le candidat avec le PE en présence du jury |
30 min |
3 |
Production par le candidat d’un rapport de visite sur la séance observée en séquence 1 qui doit être transmis dans les 2 semaines |
45 min |
4
(3 à 4 semaines après séquence 2) |
Entretien du candidat avec le jury : - Il explicite son analyse et ses intentions de la séquence 2 et présente l’écrit professionnel produit en séquence 3. -
Le questionnement du candidat par le jury dépasse le cadre de la séance
observée et permet au jury d’apprécier les connaissances pédagogiques
et didactiques du candidat.
|
60 min
|
> > Les attendus
- La maîtrise des compétences professionnelles attendues d’un formateur au regard du référentiel des compétences du formateur
- La capacité à conseiller et à accompagner les professeurs des
écoles, en particulier dans les domaines du français et des
mathématiques
Pour chaque épreuve, le jury s’appuie sur une grille d’évaluation
et positionne le candidat par une note sur une Ă©chelle de 0 Ă 20 points.
L’examen est obtenu dès lors que le candidat obtient au moins 10 sur
20 à chaque épreuve. Les domaines de compétences ainsi que les modalités
d’évaluation sont précisés par voie de circulaire du ministre chargé de
l’Éducation nationale.
La spécialisation
Après trois années d’exercice en tant de maître formateur ou
conseiller pédagogique, il est possible de se présenter à l’épreuve
complémentaire facultative de spécialisation. L’ouverture d’une
spécialisation est décidée par le recteur.
Les spécialisations possibles :
- Arts visuels
- Éducation physique et sportive
- Éducation musicale
- Enseignement en maternelle
- Enseignement et numérique
- Histoire-géographie - enseignement moral et civique
- Langues et cultures régionales
- Langues vivantes étrangères
- Sciences et technologie
L’épreuve complémentaire de spécialisation se décompose en trois séquences :
SĂ©quences |
Activité |
Durée |
1
|
Rédaction d’un rapport d’activités
portant sur les années de service effectuées en qualité d’instituteur
ou de professeur des écoles - maître formateur ou de conseiller
pédagogique. Les activités recensées sont valorisées au regard de la
spécialisation visée. |
|
2 |
Observation par le
jury d’une séance de formation collective assurée par le candidat et
s’inscrivant dans le domaine de la spécialisation visée. |
60 min |
3
|
Entretien du candidat avec le jury : - Il explicite ses intentions mises en œuvre dans la séquence 2 et présente son rapport d’activités. -
Le questionnement du candidat par le jury dépasse le cadre de la séance
observée et permet d’apprécier les connaissances pédagogiques et
didactiques du candidat dans les domaines correspondant Ă la
spécialisation visée.
|
60 min
|
Le jury est composé d’un IEN n’exerçant pas d’autorité hiérarchique
sur le candidat, d’un enseignant de l’Inspé n’ayant pas contribué à la
formation du candidat et d’un maître formateur exerçant dans une autre
circonscription.
Admission des candidats ayant obtenu un total de points Ă©gal ou
supérieur à 10 points sur 20. Les domaines de compétences ainsi que les
modalités d’évaluation sont précisés par voie de circulaire du ministre
chargé de l’Éducation nationale.
Les postes
Les
titulaires du Cafipemf sans spécialisation ont vocation à exercer en
tant que conseillers pédagogiques de circonscription généralistes ou en
tant que maîtres formateurs. Une épreuve complémentaire facultative de
spécialisation est nécessaire pour les autres catégories de fonctions
comportant une spécialisation.
Les enseignants
titulaires d’une spécialisation peuvent, le cas échéant, postuler sur
des postes à vocation généraliste de conseillers pédagogiques ou de
maîtres formateurs. La spécialisation est fonction de l’épreuve
complémentaire facultative de spécialisation choisie par le candidat.
Les
titulaires d’une spécialisation peuvent être amenés à accomplir des
missions qui dépassent le cadre des seules activités correspondant à la
spécialisation choisie, dans la mesure où leur mission s’exerce
toujours, y compris dans leur spécialité, en référence à la polyvalence
de l’enseignant.
Les missions
Celles-ci
restent inchangées. En revanche, une réorganisation pourrait être
décidée localement, avec un rééquilibrage vers les missions de formation
en Inspé.
L’avis du SE-Unsa
En
refondant en grande partie les épreuves de l’examen et sa temporalité
(tout en 1 an au lieu de deux précédemment), le ministère espère
répondre à la pénurie des personnels certifiés, pénurie qui s’est
accentuée depuis une première refonte de l’examen il y a trois ans. Si
nous partageons cette préoccupation, nous faisons néanmoins le constat
d’une certification qui se retrouve de fait allégée dans ses contenus.
Si
la période de formation pré-examen garantit le lien avec la recherche,
celui-ci se retrouve considérablement amoindri du fait de la disparition
du travail d’écriture longue et réflexive. Les nouveaux certifiés
resteraient ainsi de bons « techniciens », experts de leur pratique,
mais ne seraient plus encouragés à une pratique réflexive indispensable.
Certes, 5 semaines - en particulier les 2 semaines de formation - si
elles sont tenues, sont intéressantes comparativement aux 5 jours
actuels (le minimum constaté dans les académies). Cependant, quelle
reconnaissance pour le formateur qui accueillera le candidat ?
Autre
point d’inquiétude : le recentrage sur le français et les maths.
Cohérent avec la stratégie déployée dans le premier degré, mais laissant
de côté la polyvalence propre au métier de professeur des écoles.
Relancer l’attractivité des missions de formateurs c’est essentiel. Les
besoins sont réels et vont s’intensifier. Le ministre oublie une fois de
plus qu’un des leviers de l’attractivité, outre l’aménagement possible
de l’examen, passe également par une réelle reconnaissance et
revalorisation des missions.