Après
avoir publié plusieurs guides pour la maternelle et imposé des
évaluations nationales de début de CP chargées de réorienter les
pratiques pédagogiques en grande section, le ministre a franchi une
étape supplémentaire en demandant au conseil supérieur des programmes
(CSP) de « relire » les programmes de 2015. Le rĂ©sultat est tout Ă la
fois affligeant et inquiétant.
Dans sa note d’analyse et de propositions, le
CSP reprend Ă son compte, sans aucun recul critique, les productions de
la direction générale de l’enseignement scolaire (Dgesco) et du conseil
supérieur de l’Éducation nationale (CSEN), achevant ainsi de montrer
son absence totale d’indépendance vis-à -vis de la politique du ministre.
Ce sont toujours les mĂŞmes « experts » qui sont sollicitĂ©s (A.
Bentolila, S. Dehaene, en particulier) et des pans entiers de la
recherche sont une fois de plus ignorés. Quant aux enseignants en
maternelle, ils n’ont été associés d’aucune manière à ce travail,
puisque ni les organisations syndicales ni les associations
professionnelles n’ont été entendues.
Dans
son introduction, le rapport s’enthousiasme de la politique
ministérielle pour la maternelle, l’instruction obligatoire à trois ans
qui offre à tous les enfants les mêmes chances de réussir leur scolarité
(sic), les Assises de la maternelle de mars 2018, les productions du
CSEN, les deux guides et les trois notes de service de la DGESCO. Le CSP
reprend à son compte l’argument du ministre d’un contexte nouveau créé
par l’instruction obligatoire à trois ans pour justifier le réexamen des
programmes de 2015, alors que dans les faits, les enfants de trois ans
étaient déjà scolarisés à plus de 97%. Le CSP inscrit sa note dans la
séquence ministérielle du renforcement des principes républicains
en insistant très lourdement sur la maĂ®trise de la langue française, lĂ
où les programmes de 2015 mettaient en avant l’acquisition de tous les
langages.
Le CSP
prend garde de ne pas revenir sur l’ensemble des programmes de 2015,
dont on sait qu’ils sont très appréciés des professionnels et évoque
l’épanouissement, le bien-être, la sécurité affective, la place du jeu
en maternelle. Mais c’est pour mieux consacrer l’essentiel du propos Ă
l’acquisition des « fondamentaux » par des entraĂ®nements très scolaires,
dont l’objet principal semble être la réussite aux évaluations de début
CP. Les évaluations normatives tiennent d’ailleurs une place importante
dans cette note, avec en perspective l’introduction d’évaluations dès
la petite section.
Serait-ce le retour du projet d’évaluations prédictives – classant les élèves en trois catégories : à risque, à haut risque, sans problèmes - auquel Jean-Michel Blanquer, alors directeur général de l’enseignement scolaire, avait dû renoncer en 2011 ?
Serait-ce le retour du projet d’évaluations prédictives – classant les élèves en trois catégories : à risque, à haut risque, sans problèmes - auquel Jean-Michel Blanquer, alors directeur général de l’enseignement scolaire, avait dû renoncer en 2011 ?
L’avis du SE-Unsa
Le
SE-Unsa défend une école maternelle bienveillante, sans pression,
attentive aux besoins de chaque enfant, avec des enseignants formés et
des Rased complets pour un accompagnement de qualité et non stéréotypé
des élèves en fragilité.
L’école maternelle n’a pas pour objectif de trier les élèves mais de permettre à tous une première expérience scolaire positive et sereine.
Il faut donc impérativement éviter la mise en place en maternelle de protocoles d’évaluation stressants. Une observation fine, en contexte, de ce que savent faire les élèves, en les associant à la visualisation de leurs progrès, est à privilégier.
L’école maternelle n’a pas pour objectif de trier les élèves mais de permettre à tous une première expérience scolaire positive et sereine.
Il faut donc impérativement éviter la mise en place en maternelle de protocoles d’évaluation stressants. Une observation fine, en contexte, de ce que savent faire les élèves, en les associant à la visualisation de leurs progrès, est à privilégier.
Le SE-Unsa rappelle la forte adhésion des enseignants aux programmes de 2015. Ces programmes sont exigeants et leur mise en œuvre pédagogique nécessite des ressources (accompagnement et formation, outils, taux d’encadrement adaptés). C’est de ces besoins dont le SE-Unsa souhaiterait discuter avec le ministre.