SECTION SE-Unsa du VAL D OISE - IMMEUBLE JACQUES LEMERCIER - 5 AVENUE DE LA PALETTE - 95000 CERGY PONTOISE
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Le 24 novembre 2020
Monsieur Le Préfet,
Madame la directrice Académique,
Messieurs et Mesdames les Ă©lus et membres du CDEN,
Forte de ses engagements et de ses valeurs, l’UNSA Education investit toutes les instances pour faire part de la réalité du terrain dans notre département. Celle-ci est bien différente de celle décrite par le ministère.
Celui-ci a pris l’habitude d’informer ses personnels de ses dĂ©cisions et des orientations, non plus Ă travers des circulaires ou des notes de service, mais Ă travers des canaux « grand public ». Cette tendance s’est accentuĂ©e avec la crise sanitaire pour atteindre son acmĂ© avec l’hommage Ă Samuel Paty. ChoquĂ©s, horrifiĂ©s, sidĂ©rĂ©s par l’assassinat de leur collègue enseignant Samuel PATY, les personnels ont eu Ă prĂ©parer, pendant leurs vacances, une reprise annoncĂ©e dĂ©calĂ©e par leur ministre.
Ce moment leur a Ă©tĂ© purement et simplement « confisquĂ© », pour des raisons de « vigipirate renforcĂ© » (c’est tout du moins l’argument avancé…). Les professionnels en avaient pourtant grand besoin afin d’évoquer leur effroi, leur tristesse, de se prĂ©parer et de prĂ©parer l’accueil de leurs Ă©lèves. Ce temps, pour des raisons Ă©videntes, n’était pas diffĂ©rable (comme suggĂ©rĂ© par le ministère). Dans le cadre de l’école de la confiance, quel manque de bienveillance !
Après cet acte terrible de terrorisme visant un enseignant, dans un contexte de défiance permanent et ce depuis de trop nombreuses années, les professionnels de l’éducation attendent un soutien institutionnel sans faille.
Le mode de communication utilisĂ© par le ministère met les personnels sous pression crĂ©ant de la souffrance au travail. Ils attendent de ne plus ĂŞtre soumis Ă des « ordres » suivis de « contre-ordres ».
Les délais dédiés aux différentes tâches exigées par le Ministère, les changements opérés demandant des adaptations au sein de l’établissement, de la classe ou des services, dans des temps irréalistes, sont autant de signaux d’alerte pour les personnels et cela participe au malaise général. Vraiment, en haut lieu, on est très très loin de la réalité du terrain. Comment peut-on par exemple demander aux Directrices et Directeurs d’école qui, je vous le rappelle, sont bien souvent chargé.es de classe, ne bénéficient d’aucune aide (administrative ou gardien), de procéder à la fouille visuelle de toute personne rentant dans l’école (adultes, enfants…), de vérifier et relever l’identité de toute personne pénétrant dans l’enceinte de l’établissement ? Les auteurs de cette directive ont-ils la moindre idée de ce qu’est une école ? De comment elle fonctionne ?
Il est regrettable de constater que le ministère se passe de l’expertise du terrain. Celle-ci pourrait bien pourtant permettre d’éviter bien des écueils, de gagner en efficacité, en temps, et donc améliorer le service d’éducation.
L’UNSA Éducation a procédé à un signalement d’alerte en CHSCT ministériel du mardi 10 novembre car les personnels sont actuellement exposés à d’importants risques psychosociaux par leur employeur. Il est urgent d’en prendre toute la mesure.
Avez-vous conscience que notre système éducatif dans son ensemble ne tient que par la conscience professionnelle de ses agent·es qui agissent chaque jour dans des conditions insupportables ? Quel que soit leur métier et leur place, ils et elles ont la volonté de maintenir ce service public essentiel et que les écoles, collèges et lycées restent ouverts, mais sont en colère et parfois au bord de l’épuisement professionnel.
Les effectifs surchargés des classes, le nombre insuffisant de remplaçants, de personnels spécialisés (psychologues, infirmières, médecins...), de personnel d’entretien, le manque de moyens de protection (masques classiques, masques transparents promis pour début octobre, visières…), et les injonctions paradoxales sont autant d’éléments qui accentuent le stress et exposent les personnels à des risques psychosociaux accrus.
Dans ce climat, un apaisement serait le bienvenu ; cela ne passe pas uniquement par de la reconnaissance (qui se résume uniquement à ce jour à des déclarations médiatiques et des vidéos que les personnels ne visionnent même plus) mais par davantage de considération, des procédures simplifiées, des décisions raisonnables et concertées, de la souplesse, bref de la BIENVEILLANCE !
Quant aux remplacements, parlons-en ! Loin de mettre en doute la volontĂ© des services de la DSDEN de combler au mieux les absences, c’est bien d’une gestion de la pĂ©nurie dont il faut parler. La dotation positive de cette rentrĂ©e rĂ©pond Ă©galement Ă une hausse dĂ©mographique. Le dĂ©partement aurait Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme « rural » (ce qui est vrai en superficie), limitant ainsi le nombre de postes supplĂ©mentaires allouĂ©s. Les moyens de remplacement allouĂ©s aux formations ont Ă©tĂ© en partie rĂ©quisitionnĂ©s. Le taux de 76,6% de remplacement est avancĂ©. Partout, des classes ne sont pas pourvues. Au manque de moyens allouĂ©s au dĂ©partement s’ajoutent la difficultĂ© de recrutement constatĂ©e depuis de nombreuses annĂ©es, le manque d’attractivitĂ© du mĂ©tier. Ces Ă©lĂ©ments expliquent en grande partie cette difficultĂ©.
Une pensée également pour les inspections, leurs équipes, les personnels administratifs qui font le maximum pour répondre aux besoins du terrain et qui souffrent également de ces situations de pénurie et de stress.
Pour terminer, ce dernier message s’adresse plus particulièrement aux associations de parents élus. Parents, vous disposez d’une écoute et d’un pouvoir de persuasion que les professionnels de terrain n’ont pas. Au-delà de tous les engagements qui sont les vôtres, vos nombreuses actions et interventions dont nous vous remercions, plus que jamais l’école, les personnels, les élèves ont besoin de vous.
Soyez certain.es, Monsieur le Préfet, Madame la Directrice académique, Mesdames et Messieurs des membre du CDEN, du dévouement de l’ensemble des équipes et des personnels au profit d’un service d’éducation qui se veut de qualité.
Je vous remercie pour votre attention.