La situation des directeurs est explosive. MalgrĂ© la relance de l’agenda social pour les prochains mois, les personnels ne croient plus Ă des avancĂ©es significatives pourtant indispensables. Pour que les rĂ©ponses apportĂ©es soient Ă la hauteur des besoins, le ministère doit assumer des mesures très coĂ»teuses. Le SE-Unsa se mobilise aux cĂ´tĂ©s des directrices et directeurs, au travers de son alerte sociale et de l’action « Direction : on met la pression ! » pour que le gouvernement consente enfin Ă donner les moyens qui s’imposent.
De très fortes attentes et une situation intenable
Le
SE-Unsa, malgré l’annonce par le ministère d’un agenda social autour de
la direction d’école, a déposé une alerte sociale. Il a été reçu jeudi 3
septembre au ministère. Cette rencontre a été l’occasion de mettre en
garde le ministère sur l’état d’exaspération, de désillusion et de forte
défiance des directrices et directeurs d’école.
L’annonce
d’un agenda social ne doit pas une fois de plus aboutir à des décisions
cosmétiques qui ne changent rien à la vie quotidienne des directrices
et directeurs. Les attentes des personnels sont immenses, la situation
actuelle est intenable et les directrices et directeurs exaspérés.
Cette
désillusion est alimentée par le ministère lui-même et ses annonces non
concrétisées : la journée de décharge supplémentaire qui devait être
octroyée en fin d’année 2019 est loin d’avoir été mise en place pour
tous. Sans moyens supplémentaires, cette annonce a par ailleurs mis en
tension le système en impactant les remplaçants et les enseignants
devant partir en stage. Sans oublier les journées de décharges pour les
écoles de 1 à 3 classes, pourtant réglementaires, mais qui ne sont
toujours pas totalement mises en Ĺ“uvre...
Des perspectives fragiles voire inexistantes
Annoncée
au mois de juillet dernier, la reprise de l’agenda social a pour but
d’aborder l’essentiel des thématiques qui auraient dû faire l’objet de
négociation au cours du 1er semestre 2020.
Les perspectives sont fragiles concernant les deux principaux sujets de préoccupation des directeurs :
- L’accroissement du temps de décharge pour tous.
- La réduction de la lourdeur des tâches administratives qui nécessite la mise à disposition d’une aide administrative formée et pérenne.
C’est un investissement massif et sur plusieurs années qui est nécessaire.
Pour le SE-Unsa, il est Ă©galement indispensable :
- d’obtenir une décharge totale de la responsabilité d’une classe attitrée : elle doit être remplacée par un temps d’enseignement dans le cadre du projet d’école, sur le principe d’un maître surnuméraire, pour les directeurs qui ne sont pas complètement déchargés ;
- dans les regroupements pédagogiques intercommunaux (RPI) ou les écoles avec des configurations d’accueil des élèves particulières, que des moyens en décharge supplémentaires soient octroyés pour expérimenter des organisations qui reconnaissent les difficultés liées à la direction de ces écoles ;
- que soit clarifié le périmètre décisionnel du directeur ;
- qu’une formation régulière et adaptée à leurs besoins soit mise en place ainsi que des réunions entre directrices et directeurs, sur leur temps de travail et en dehors de leur temps de décharge (lorsqu’ils ne sont pas déchargés à plein temps) ;
- d’avoir une rémunération à la hauteur des missions exercées par les directeurs.
Une circulaire creuse
La
circulaire sur la direction d’école parue le 25 août dernier est une
circulaire qui ne redéfinit pour ainsi dire rien et se contente
d’être une déclaration d’intention. Elle n’apporte de premiers éléments
de réponse que sur la question de la formation des directeurs, au niveau du principe, sans préciser comment le ministère sera en capacité d’opérationnaliser ses objectifs.
- Réexamen des critères de décharges
Même s’il est pertinent de ne pas se limiter aux seuls critères de la taille de l’école, introduire de nouveaux critères ne suffit pas pour impacter réellement la vie quotidienne de tous les directeurs et directrices d’école. Se pose également la question des moyens pour mettre en œuvre ces décharges supplémentaires, puisque la circulaire précise que les décharges attribuées selon les règles actuelles resteront stables ou augmenteront.
- L’aide administrative
Les pistes annoncées ne sont pas satisfaisantes : elles ignorent la nécessité d’une aide administrative formée et pérenne. Le ministère est déconnecté de la réalité quotidienne des directeurs et directrices. Ce sera une nouvelle fois aux directeurs de trouver du temps pour assurer la formation de personnels censés les aider, qui de surcroît, ne seront là que pour quelques mois. Alors que les directeurs manquent cruellement de temps, c’est une nouvelle mission qui vient s’ajouter à une liste déjà très longue ; peut-on appeler ça une aide ?
La circulaire annonce la
possibilité d’utiliser les 1 600 jeunes en préprofessionnalisation pour
prendre en charge des petits groupes d’élèves mais, là encore, le
ministère ignore que c’est une charge supplémentaire que de devoir
préparer le travail pour les élèves et, en même temps, accompagner le
jeune qui doit prendre en charge les groupes d’élèves.
De premiers signes alarmants
Ce
week-end, le ministère communiquait les stratégies de gestion en cas de
contamination dans les écoles. C’est au directeur qu’il incombe
d’établir la liste des personnes contacts Ă risque potentiel, c’est Ă
lui qu’il revient d’établir la liste des élèves ayant partagé le même
espace de récréation, de rentrer en contact avec le cas confirmé pour
identifier les personnes ayant eu un contact rapproché, de transmettre
ces listes à l’IA-Dasen, puis, enfin, c’est encore au directeur de
mettre en place des mesures d’éviction.
Cette
liste à la Prévert révèle à quel point l’administration ne peut se
passer de l’élément essentiel pour l’école, les familles et les
collectivités que constituent les directrices et directeurs
d’écoles. Pourtant, quand il s’agit d’avoir le courage politique de
faire les choix budgĂ©taires qui s’imposent, ceux qui sont si prompts Ă
solliciter les directeurs sont aux abonnés absents.
Après
le dépôt de son alerte sociale et pour amplifier cette action, le
SE-Unsa a maintenant besoin de vous tous. Afin d’agir, soutenez l’action
Direction : on met la pression !