COVID 19 - Quel impact sur les élèves .
Article publié le mercredi 2 septembre 2020.
Quels impacts de la crise sur les élèves ? Quelles réponses ?
Pour
cette rentrée pas comme les autres, on attendait beaucoup de la
circulaire de la rentrĂ©e. Le ministère allait-il proposer des rĂ©ponses Ă
la hauteur, c’est-à -dire, des réponses qui s’appuient sur les
compétences de TOUS ses personnels pour prendre en compte les impacts de
la crise sanitaire et de la fermeture administrative des Ă©coles sur
TOUS les élèves ? La réponse est non.
L’objectif
affiché dans la circulaire de rentrée est la consolidation des acquis
des élèves par l’identification de leurs besoins et l’apport de réponses
personnalisées. Le ministre, qui a rappelé que le sujet des élèves
décrocheurs était une priorité, évoque une accentuation de la lutte
contre ce phĂ©nomène par « le dĂ©clenchement de mĂ©canismes
d’accompagnement ».
En clair, cela se traduit par :
- Des évaluations dès la 2ème semaine de rentrée,
- des dispositifs de soutien en dehors
de la classe sous la forme d’heures d’APC, en direction des élèves
volontaires, qui s’ajoutent au temps scolaire et qui n’ont pour
l’instant pas fait la preuve de leur efficacité.
Et pourtant les impacts sur les
élèves de la crise sanitaire vont bien au-delà des seuls impacts sur les
acquis scolaires. Les réponses ne peuvent pas se limiter à une démarche
diagnostic/remĂ©diation des « manques » scolaires assurĂ©e par les seuls
enseignants.
Des impacts variés
1. La pandémie a perturbé l’univers familial des enfants/adolescents.
Les
lieux et les habitudes qui leur permettaient de construire un sentiment
de sécurité ont été bousculés (deuils, pertes de revenus, violences
intrafamiliales).
2. La pandémie perturbe l’univers scolaire
Dans
les Ă©tablissements, de petits effectifs peuvent sans doute faciliter
les Ă©changes et permettre une meilleure prise de connaissance des
besoins de chacun, mais peuvent aussi générer des questionnements
concernant les absent·es et perturber le sentiment d’appartenance
groupale.
3. Des difficultés psychoaffectives peuvent générer des manifestations comportementales inadaptées
Difficultés de séparation, anxiété, évitement scolaire, repli sur soi, somatisations, conduites répétitives, agitation…
4. Des difficultés cognitives peuvent rendre les apprentissages difficiles
Les
fonctions exécutives telles que la mémoire ou la concentration
nécessitent stimulation et activités physiques pour être entretenues.
5. Certains enfants/adolescents n’auront aucune difficulté particulière
L’école
peut représenter un sanctuaire de joie et de relations sociales et,
pour certains, le retour à l’école peut nécessiter qu’on ne parle pas
(que) du covid.
Des ressources : les Rased et les CIO, oui, mais…
Les
personnels des Rased sont les ressources les plus Ă©videntes pour les
enseignant·es. Mais 80 postes de Rased sont supprimés à cette rentrée
alors qu’on aurait plus que jamais besoin des PsyEN et des enseignants
spécialisés pour faire finement le point, individuellement, concernant
les élèves ayant le plus souffert de la crise.
Par ailleurs, des fermetures de CIO sont toujours prévues. Ce ne sont
pas les évaluations nationales (inadaptées et purement scolaires,
voir notre article)
qui permettront de faire ce travail qui suppose une Ă©valuation globale
de chaque enfant/adolescent et un repérage précis des difficultés et des
leviers, un accompagnement individualisé et un suivi associant les
parents.
La
prise en charge des enfants/adolescents ayant particulièrement
soufferts de la crise ne peut reposer uniquement sur les Ă©quipes
pédagogiques, même avec moult heures supplémentaires !
Il faut des suivis spécialisés, des rééducations, des soins, des suivis
éducatifs, des thérapies… un plan spécifique devrait être prévu à cet
effet pour compenser les prises en charge interrompues et assurer celles
qui apparaissent nécessaires suite à la crise. De ce plan, il n’est
nullement question dans la circulaire de rentrée, ni dans les propos du
ministre.