Le
26 juin, les organisations syndicales représentant les enseignants du
premier et du second degré ont été conviées à une présentation des
évaluations nationales pour la rentrée 2020 par le cabinet du ministre,
accompagné de la Depp* et de la Dgesco**. La réunion a mis en évidence
le fossé qui sépare les enseignants et leurs attentes pour cette rentrée
et l’approche « Ă©valuation-remĂ©diation » individuelle portĂ©e par la
technostructure.
Le dispositif 2020
À tous les niveaux concernés
par les évaluations obligatoires, les évaluations débuteront le 14
septembre. Elles comprendront toutes quelques questions sur le vécu par
les élèves de la période de confinement.
En CP et CE1, le dispositif reste globalement inchangé.
En 6ème,
2 sĂ©quences de 50 minutes. La partie « français » Ă©volue avec de la
compréhension sur des textes longs (un littéraire, un documentaire) et
l’ajout d’un test de fluence (mesure individuelle du nombre de mots lus
en une minute) dont les rĂ©sultats ne seront pas systĂ©matiquement Ă
remonter dans l’application. Les identifiants sont simplifiés. Les
enseignants pourront accéder à quelques items.
En seconde,
peu de modifications mais la création d’un test spécifique pour les
premières années de CAP portant sur la littératie et la numératie.
Pour les autres niveaux, le ministère devrait mettre à disposition des outils pour évaluer les acquis des élèves mais sans obligation.
L’avis du SE-Unsa
MĂŞme
si quelques critiques ponctuelles ont été prises en compte
(identifiants simplifiés, items libérés,…), il est clair que le
dispositif ne répond pas aux attentes et aux besoins des enseignants et
de leurs élèves à la rentrée 2020, une rentrée très particulière où la
priorité sera de renouer avec les apprentissages collectifs dans un
climat de bienveillance réelle.
Les
enseignants souhaitent d’abord pouvoir installer les rituels de
travail, et observer leurs élèves en train d’apprendre. Ils ont besoin
de temps pour reprendre les apprentissages menés de manière partielle de
mars à juin et ne voient pas d’intérêt à perdre du temps à des
évaluations peu exploitées car peu exploitables.
Quant
aux propositions de remédiation du ministère, elles sont
particulièrement critiquables car elles renvoient la prise en charge
pédagogique à des dispositifs hors la classe comme les APC dans le
premier degré et devoirs faits au collège. Dans la droite ligne des
choix d’items, ce qui est proposé, ce sont des entraînements mécaniques
de bas niveau qui ne répondent pas aux besoins des élèves. Les résultats
des évaluations montrent que ce sont sur les compétences complexes et
les tâches de haut niveau sur le plan cognitif que les élèves sont en
difficulté. Ce sont donc bien sur ces compétences-là qu’il faut les
faire travailler collectivement, dans une démarche de collaboration et
pas dans des entraînements individuels inefficaces.
Plusieurs
questions, et non des moindres, sont restées sans réponses lors de
cette réunion. Comment sera reconnue la charge de travail engendrée par
les évaluations en particulier dans le premier degré ? Que se
passera-t-il si la rentrée se passe dans des conditions sanitaires
dégradées ? Car, au fond, le 29 juin, les enseignants ne savent rien de
comment le ministère voit la rentrée et s’y prépare, sinon que le 14
septembre, il y aura « Ă©valuations nationales ». Inadmissible.
* Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance
** Direction générale de l’enseignement scolaire