Le
président de la République s’est exprimé le 18 février pour annoncer un
plan de lutte contre le « sĂ©paratisme islamique ». Parmi les mesures
éducatives, la fin des ELCO est déclarée, mais cette décision a été
prise depuis 4 ans.
Ainsi, les ELCO (enseignement en langues et culture d’origine) ont
commencé leur évolution vers le dispositif EILE (enseignements
internationaux en langues étrangères) en 2016. Concrètement, cette
suppression annoncĂ©e est en rĂ©alitĂ© la mise en Ĺ“uvre d’une mesure dĂ©jĂ
décidée, et qui s’inscrit dans sa continuité.
De plus, le président a indiqué que l’Éducation nationale avait perdu la main sur ce dispositif. Or, la note de service ministérielle du 7 juillet 2016
précise que l’ELCO et l’EILE sont des enseignements à part entière,
soumis aux principes fondamentaux du service public de l’éducation.
L’Inspection des enseignants ELCO est opérée par les IEN avec un regard
particulier sur le caractère laïque des enseignements (circulaire 23 septembre 2015).
Au-delà de cette situation, une manière efficace de lutter contre le
repli sur soi à caractère religieux est de ne pas lui laisser
d’espaces.
Or, l’une des premières mesures éducatives de ce gouvernement a été
d’organiser la fin de la semaine de 4,5 jours. Cela a conduit Ă
l’effilochement, voire à la fin des activités périscolaires que les
collectivités territoriales avaient mises en place dans le cadre des
PEDT. Ainsi, des espaces ont Ă©tĂ© libĂ©rĂ©s, sans que le « plan mercredi »
ne puisse les combler ; d’autres associations, religieuses cette fois,
ont pu s’y implanter. Une autre mesure préjudiciable a été la
suppression des emplois aidés dont bénéficiaient des associations
sportives ou culturelles, qui ont parfois dû réduire leur activité :
quel gâchis.
Ces mesures ont affaibli l’encadrement éducatif des enfants et des
adolescents. Il va falloir de l’énergie pour recréer des activités
périscolaires en lien avec les organisations d’éducation populaire. Un
vrai savoir-faire existe dans notre pays ; on aurait tort de s’en
priver.
Ainsi, là où des écoles sont ségréguées, une réflexion globale doit
être menée à l’échelle territoriale, pour en connaître les causes, en
observant finement la sectorisation scolaire et la nature des demandes
de dérogation. Il faut aussi évaluer le rôle de l’enseignement privé,
qui accueille deux fois moins de boursiers que dans le public et
contribue Ă la calcification de couloirs scolaires, qui sont autant de
couloirs sociaux. L’entre soi des uns conduit à la ségrégation des
autres.
Pour le
SE-Unsa, l’effort des pouvoirs publics doit viser la mixitĂ© sociale Ă
l’école afin de scolariser les enfants ensemble. Jusqu’à présent, cette
orientation demeure insuffisamment travaillée ; c’est dommage car les
fractures qui caractérisent notre société, trouvent en partie leur
origine dans la séparation de pans entiers de la jeunesse, qui n’a pas
assez d’espaces pour se rencontrer dans sa diversité, se connaître, et
faire ensemble. Créer du commun, décloisonner, nouer des alliances
éducatives, protéger la liberté de conscience des enfants et
adolescents, doivent être doivent être au cœur d’un projet de société
émancipateur, solidaire et républicain.