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CR Audience intersyndicale 18 novembre 2019
Les conditions de travail et le mal être des collègues
1. Contexte :
L’actualité de cette rentrée atteste du mal être et des difficultés d’exercice de la profession. Les rassemblements organisés dans le département suite au suicide de Christine RENON ont montré à la fois recueillement et dénonciation des conditions de travail.
A l’issue de ces rassemblements, nous avions donc demandé une audience intersyndicale.
Pour la préparer, nous nous sommes appuyés sur les remontées des collègues (RIS, rencontres, doléances, courrier des directrices/teurs de Goussainville…)
2. Nous avons donc porté au DASEN ce qu’évoquent les collègues
- le sujet des Ă©lèves « très perturbateurs »
- l’inclusion systématique sans les moyens, le manque d’AESH et la manière dont elles/ils sont traité.es (retard de signature des contrats, non-paiement des salaires, mutualisation contrainte des interventions)
- des injonctions institutionnelles parfois contradictoires
- des pressions de la hiérarchie (avec parallèlement un sentiment d’abandon par ces mêmes circonscriptions dans la gestion des problèmes), des changements d’orientations politiques qui conduisent à des changements de programmes, tests/évaluations, injonctions ministérielles, des relances de mails culpabilisateurs
- les demandes de justifications permanentes (qui engendrent un sentiment de manque de confiance)
- le manque de temps d’échanges et de concertation
- la multiplication des réunions d’équipe éducative, d’ESS sans remplacement
- les effectifs surchargés dans les classes,
- le manque de RASED accentué avec le gel de postes E
- la disparition des maîtres supplémentaires
- l’absence de médecine scolaire
- les relations parfois tendues avec les familles
- le manque d’ATSEM en maternelle
- le manque de formation continue, des animations pédagogiques avec des choix contraints et des dates inconnues ou décidées au dernier moment
- le nombre de jeunes collègues à accueillir et former : PES, début de carrière, contractuel.les
- le manque de reconnaissance institutionnelle de notre travail qui passe aussi par un salaire décent et une pension décente
- la suppression des CAP et la fusion des CHS et des CT
- les relations parfois difficiles avec les communes : problèmes matériel, humains, des disparités de budget pour les écoles
- suppression de l’aide administrative pour les directions d’école
- manque de temps de décharge pour les directrices et directeurs d’école
- lourdeur administrative
- réorganisation matérielle des salles de classes suite au dédoublement sans aide de la mairie
- toute la charge de travail qui tourne autour de la sécurité : PPMS, DUERP
- le manque de remplaçant.es
- l’absence de médecine du travail
- la protection fonctionnelle qui n’est pas systématiquement proposée aux collègues
- le problème des écoles dont les matériaux contiennent de l’amiante nécessite la présence du Dossier Technique Amiante (DTA) pour garantir la santé des personnels
- peu ou pas de perspectives professionnelles, toujours en attente de la mise en œuvre du CPF, pas d’accompagnement de fin de carrière (CPA),
- pas de perspectives professionnelles et personnelles : mutations bloquées
3. Ce qui conduit Ă :
- mal ĂŞtre
- sentiment de mépris
- fatigue des collègues, le mot épuisement revient souvent jusqu’au burn-out
- isolement
- culpabilité et sentiment permanent de mal faire son travail, frustration et impuissance en dépit de l’investissement
- perte de sens du métier
- gestion de l’urgence et dans l’urgence
- incidences sur la santé
- démissions
Le DASEN rĂ©affirme « ĂŞtre admiratif du travail qui est fait dans les Ă©coles ». Il reconnaĂ®t les difficultĂ©s rencontrĂ©es dans les Ă©coles :
- de nombreux faits d’établissements sont signalés chaque jour, les collègues subissent la violence, en particulier celle de certaines familles qui considèrent l’École comme un produit de consommation et qui n’ont que mépris pour les enseignant.es
- le manque de moyens, avec la hausse des effectifs qui va encore se poursuivre l’an prochain
- le nombre d’élèves en situations de handicap et/ou à besoins éducatifs spécifiques, ceux appelés "hautement perturbateurs".... Des élèves devraient être scolarisés en établissement spécialisé mais il n’y a pas assez de places disponibles... De plus il y a un manque cruel dans notre département de moyens pour les CMP, la pédo psychiatrie, les services sociaux..
Il répète que la situation du Val d’Oise est bien connue du ministre, à la fois sur le nombre et le profil des élèves accueillis. Pour autant, il n’a aucune connaissance de moyens supplémentaires accordés au Val d’Oise bien que notre département soit devenu prioritaire au regard de la démographie galopante !
Nous avons à nouveau dénoncé la Loi de refondation de la Fonction publique qui conduit à la suppression des CAP et le fusionnement des CHSCT et des CT à l’heure où ces instances sont particulièrement nécessaires pour accompagner tous les collègues. En supprimant la représentation collective de la profession, le ministre poursuit dans sa volonté de main mise sur toutes les opérations concernant notre carrière et notre vie professionnelle en toute opacité…Plus aucune équité ni transparence ne seront assurées ! Le DASEN reconnaît le risque de rapports plus compliqués des personnels avec l’administration.
4. Direction et fonctionnement de l’école // réponse du ministre
Au Comité technique ministériel du 13 novembre, le ministre a annoncé des mesures immédiates pour la direction d’école jusqu’en décembre :
· un moratoire sur toutes les enquêtes demandées aux écoles pour la période
· une journĂ©e « banalisĂ©e » : jour de dĂ©charge exceptionnel avant NoĂ«l
· la mise en place de comités de suivi avec les organisations syndicales.
· Enquête/questionnaire auprès des directrices-teurs d’école (rien concernant le stress, tension, burn out, congé…)
· Réunion avec les IEN
Le DASEN dit avoir pris connaissance de ces annonces à l’issue du communiqué de presse.
Concernant le moratoire, il rappelle que les enquêtes demandées n’émanent pas de la direction académique
Concernant la journée banalisée, le DASEN ne sait pas encore comment il va pouvoir la mettre en œuvre, mais qu’il le fera. Nous lui avons rappelé qu’une journée ne suffisait pas, que la période n’était peut-être pas la mieux adaptée et qu’il fallait demander aux directrices/teurs d’école. Nous avons également dénoncé le fait que sans moyen supplémentaire, cette journée serait prise au détriment de la formation continue et/ou du remplacement.
Concernant les réunions avec les IEN, elles ont le mérite d’exister. Nous avons demandé :
- qu’elles se fassent sur le temps de travail, ce serait le ministre qui aurait demandé hors temps de travail !
- des garanties de possibilité de s’exprimer (pas toujours facile en face de son IEN évaluateur, et en particulier avec certains IEN du département). Nous avons en outre demandé au DASEN qu’il recadre les quelques IEN qui communiquent de façon très injonctive.
- comment seraient traitées les informations recueillies pendant ces réunions. L’IENA répond qu’il a déjà des retours, qu’ils feront une synthèse
Concernant l’enquête à destination des directrices/teurs, qu’en fera le ministre ? la même chose que pour les évaluations CP ? Il annoncera les résultats de cette enquête avant la fin de la saisie pour imposer ses choix ? Cela restera-il au niveau d’un grand débat sans effets réels ?
Les collègues directrices/teurs sont libres de s’en saisir ou non. Les directrices/teurs peuvent faire remonter leurs revendications ou propositions par tout autre moyen.
Nous avons rappelé que les revendications des directrices/teurs sont déjà connues de tous :
- Temps de décharge supplémentaire
- Salaires (augmentation indiciaire)
- Aide administrative statuaire et formée
Le statut remis sur la table par le ministre qui ne ferait que mettre les directrices/teurs en position de supĂ©rieur hiĂ©rarchique : « soldat » du ministre pour mettre en Ĺ“uvre sa politique et Ă©valuateur des collègues n’est pas la rĂ©ponse attendue ! Cela ne ferait que crĂ©er un isolement supplĂ©mentaire de la directrice/du directeur sans les avancĂ©es que nous revendiquons.
Nous avons rappelé que c’est bien de collectif dont il s’agit, la question de la direction collégiale a été portée.
Le DASEN a par ailleurs approuvé notre demande de discuter collectivement en équipe la question de la direction d’école. Il est donc possible de le faire en amont des réunions IEN/directeurs-trices et de transmettre une motion de conseil des maître.sse.s.
Concernant la mise en place de groupe de travail sur cette question, nous avons tous réaffirmé la volonté d’y participer mais avec des perspectives d’amélioration réelle. En effet, les derniers GT sur l’allègement des tâches administratives n’ont en réalité conduits à aucune amélioration !
5. Pour tou.tes les collègues
Nous avons ré évoqué les préconisations suite à l’enquête sur le décès de notre collègue Jean Willot ainsi que nos revendications. Il ne s’agit pas juste de faire un catalogue des situations sans y remédier !
Nous avons demandé :
- une meilleure information des collègues au sujet des dispositifs existant en matière de santé et sécurité au travail (notamment les fiches RSST en lien avec le CHSCT)
- de cesser les injonctions ministérielles et départementales : redonner du sens à notre métier, nous sommes des concepteurs pas les marionnettes d’un système
- laisser du temps de concertation en Ă©quipe
- mettre les moyens pour l’école : investissement sur l’avenir ; création des postes à hauteur des besoins énormes du département
- mettre en place une réelle médecine de prévention
- formation professionnelle au regard des besoins exprimés par les collègues
- une revalorisation salariale
Le ministère employeur doit garantir bien-être, santé et sécurité au travail de tous les personnels ce qui n’est pas le cas actuellement