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LETTRE OUVERTE au Ministre
Article publié le jeudi 3 octobre 2019.
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Un collègue Directeur du Val d’Oise s’exprime et adresse une lettre ouverte au Minsitre.

Nous avons décidé, avec son accord, de publier ses écrits.


Cessons de nous payer de maux !

Cela fait trop longtemps que nous nous contentons de paroles vaines, de beaux discours qui n’engagent Ă  rien,

Cela fait trop longtemps qu’on se paie notre tĂŞte.

Qu’on se paie de mots,

Qu’on est payé avec un lance pierre,

Il est temps de payer l’addition.

Ce qui arrive Ă  notre collègue est le rĂ©sultat d’une politique oĂą l’humain n’existe pas, oĂą les donneurs d’ordres gèrent notre institution Ă  coup de tableaux Excel, 

Où les décisions hors sol ont des conséquences dramatiques sur le terrain,

OĂą le management par injonction et culpabilisation a atteint des sommets mais aussi ses limites.

L’intĂ©rĂŞt de l’enfant si souvent mis en avant est tout aussi mis Ă  mal par la politique menĂ©e sur le terrain avec les moyens qui lui sont dĂ©volus.

On nous parle de milliards, de priorité nationale, de respect, de responsabilités, d’autonomie mais dans nos écoles, les enseignants sont sous payés, ont du mal à finir le mois, achètent sur leurs deniers personnels le matériel nécessaire à leur fonction, subissent de plein fouet la violence de notre société, sont infantilisés dans leurs pratiques et doivent rendre des comptes sur tout et subissent des pressions perpétuelles….

Quand on aborde la direction d’école, tous les observateurs et acteurs sur le terrain s’accordent à dire la position centrale de celle-ci, les changements nécessaires, la somme démesurée des taches et missions à accomplir, la rémunération peu attractive de cette fonction mais rien ne bouge, rien ne change , tout s’accumule tâches, frustrations, souffrances.

Le directeur ou la directrice est responsable de tout mais n’a aucun moyen d’y faire face et doit demander l’autorisation Ă  tout le monde.

Tout ceci génère de la révolte ou de la résignation mais aucunement de l’adhésion.

Cette résignation gagne l’ensemble de notre profession et malheureusement elle peut être l’antichambre de gestes irréversibles comme celui de notre collègue Christine Renon.

Geste extrĂŞme, dernier acte de rĂ©volte d’une directrice Ă©puisĂ©e qui espère que son geste permettra de faire prendre conscience de la situation. 

Elle espérait qu’il soit le début de quelque chose et non, juste la fin d’une vie.

Raison pour laquelle, elle s’est suicidée sur son lieu de travail en laissant des lettres pour l’expliquer et remercier tous ceux avec qui elle travaillait ( enfants, parents, collègues…).

Monsieur Blanquer, il faut arrêter de dire que vous avez hérité d’une situation comme si cela vous exonérait de toutes responsabilités.

Au contraire cela vous oblige, vous engage Ă  faire plus, Ă  faire vite.

Lors de votre loi pour la confiance qui se transforme en loi de la défiance, vous avez raté votre rendez-vous avec la direction d’école.

En avril 2019, sous la pression conjuguĂ©e de tous les syndicats et de multiples rapports et enquĂŞtes, vous avez ouvert, comme beaucoup de vos prĂ©dĂ©cesseurs, ce dossier et depuis plus rien…

Ce drame va bien au-delĂ  de la « communautĂ© Ă©ducative de toute la ville de Pantin » car il fait Ă©cho Ă  toute une profession que son administration maltraite en toute impunitĂ©.

A chaque échelon, il se dit que c’est à l’échelon au-dessus que cela se passe, que la décision est prise et qu’ils ne sont là que pour appliquer.

Mais sur le terrain au plus près des Ă©lèves cela revient Ă  chercher la quadrature du cercle au prix d’une Ă©nergie et d’efforts qui mettent de plus en plus Ă  mal les Ă©quipes enseignantes et les directions scolaires.

Je crois monsieur le ministre que vous êtes le dernier échelon de notre institution, c’est donc à vous que revient l’obligation morale et éthique de mettre en conformité vos paroles et vos actes en allant auprès du président et de son premier ministre défendre les enseignants et directeurs d’école que vous dites comprendre quitte à vous mettre en danger en mettant votre poste dans la balance.

C’est en ça que vous pourrez vous prévaloir d’être le ministre des professeurs.

Et non, quand le sujet du malaise, de la sous rémunération sont abordés, tenir un discours empathique devant les caméras où vous parlez de mesures à la marge lorsqu’on vous parle de l’essentiel.

Nous n’avons pas besoin d’un grand communicant mais d’un ministre au chevet des enseignants et des élèves et ce n’est pas en mettant une chape de plomb afin d’éviter la contradiction, les controverses que les choses iront vers le mieux.

A force de vouloir ne pas faire de vagues, il faut entendre qu’un tsunami, lui, ne prévient pas.

Vous avez su avec le dédoublement des classes de CP et CE1 (mesure à destination des élèves, que je salue ) montrez que lorsque la volonté politique est là, rien n’est impossible.

Nous attendons la mĂŞme chose mais cette fois ci Ă  destination de la population enseignante.

On ne peut pas gagner une guerre avec des troupes « affamĂ©es » et maltraitĂ©es, il est temps que vous en preniez conscience par des actes concrets car pour l’instant vous nous payez de maux.

Maux qui ont conduit christine Renon directrice reconnue et expérimentée à agir contre elle mais pour nous.

Un Directeur du Val d’Oise

 
 
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