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Refondation de l’Ecole
Article publié le mardi 28 août 2012.
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>> CommuniquĂ© de presse de l’UNSA Éducation

Refondation de l’École

Un socle commun pour construire sa vie d’humain et de citoyen

« L'objectif de toute éducation devrait être de projeter chacun dans l'aventure d'une vie à découvrir, à orienter, à construire. » Albert Jacquard

Il en va des élèves comme des bâtisseurs, des créateurs. Chacun doit être en capacité de réaliser sa construction, son oeuvre afin qu’elle lui ressemble, lui corresponde et mette en valeur et en lumière ce qu’il a de meilleur en lui. Cette réalisation n’est pas spontanée. Elle s’accompagne. C’est ce qu’on appelle l’éducation. Cette démarche qui consiste à faire émerger le meilleur de chacun.

Faire confiance à chacun nécessite déjà d’affirmer que tous sont éducables quels que soient le milieu social, l’origine ethnique, le sexe, l’âge… Mais le « contrat de confiance » exige d’aller plus loin. De donner à tous les mêmes fondations sur lesquelles chacun pourra bâtir sa vie d’humain et de citoyen.

Nous le savons, ces fondations ne sont pas uniquement des contenus. Elles sont avant tout des processus. Certes, elles nécessitent des connaissances, des savoirs constitués, mais elles n’ont de sens que si elles permettent l’appropriation, l’invention (au sens archéologique du terme) de nouveaux savoirs, de savoir-faire, de savoir être. Ces compétences sont celles qui permettent de transformer les connaissances en ressources pour agir, celles qui permettent de vivre, de s’épanouir, de s’émanciper à la fois individuellement et collectivement. Elles ne sont pas l’apanage de la seule Ecole, mais se construisent, s’articulent, s’enrichissent dans la complémentarité de l’ensemble des temps et des activités éducatives.

Déjà, les conceptions éducatives de Condorcet ou de Jules Ferry ne limitaient pas l’Éducation au seul apprentissage de connaissances. Le « lire, écrire, compter » n’était pas alors pensé comme une fin en soi, mais comme un outil émancipateur face aux idées toutes faites, aux dogmes imposés, aux fausses vérités assénées sous couvert d’autorités supérieures et « indiscutables ».

Où sont les analphabétismes d’aujourd’hui ? Certes, pour certains, dans la maîtrise de la langue. Mais plus globalement dans la capacité à penser la complexité du monde, à comprendre les mécanismes de l’économie, les évolutions de la science, les révolutions de la communication… Après les obscurantismes d’hier, rejaillissent les extrémismes et les communautarismes. C’est contre ceux-ci que notre École, notre Éducation doivent agir. Pour cela le mythe de la seule approche disciplinaire est inefficace. Si chaque fil de ce qui constitue - 2 - notre monde doit être découvert, s’il faut en apprendre les caractéristiques et les spécificités, le tissu de l’ensemble ne pourra être compris qu’en étudiant les manières de lier, de nouer, de tisser, la solidité de la trame, l’art des motifs… De même les disciplines scolaires dont l’enseignement reste indispensable n’ont de sens qu’en s’inscrivant dans des approches plus globales, mettant en évidence les relations, les enjeux, les stratégies, les apports interdisciplinaires.

Ce n’est pas en reproduisant sans cesse et sans erreur le même plan que l’architecte saura construire l’édifice qui lui ressemble. Ce n’est pas par la seule imitation des maîtres que l’artiste deviendra créateur.

Le leurre de la culture donnée à tous — cette fameuse démocratisation culturelle portée aux nues depuis André Malraux — consiste justement à faire croire qu’en don-nant à tous l’accès aux oeuvres, on ferait oeuvre d’éducation du peuple. Cette démarche, confiée autant à l’École qu’aux institutions culturelles, montre ses limites. Pensé ainsi, le plus de culture ne profite qu’à ceux qui ont déjà beaucoup et éloigne encore davantage ceux qui n’ont rien, ou plutôt ceux à qui l’on dit qu’ils n’ont rien.

Vouloir mesurer les résultats de l’éducation à l’issue d’une scolarité obligatoire (même repoussée à 18 ans) par les apports d’une culture commune relève de ce même leurre : faire croire qu’il suffirait de donner plus et, pourquoi pas, plus longtemps pour que cela marche. Ce leurre est encore aggravé lorsqu’il se double de l’erreur de croire (ou de faire croire) que seule l’École serait garante de transmission, réduisant ainsi sa mission à l’enseignement et niant la démarche globale et parta-gée –dans et hors l’École- qu’est l’Éducation.

Même pour créer un ciment corporatiste au sein d’organisations syndicales en mal de projet commun, cela ne peut guère faire illusion longtemps. Sans socle, la statue des uns sera bancale, celle des autres s’écroulera et seuls ceux qui possèdent des fondations solides pourront se satisfaire de leur chef-d’oeuvre : la reproduction sociale et culturelle a de beaux jours devant elle !

Il ne s’agit certes pas de nier l’indispensable enrichissement culturel de tous, mais de l’aborder autrement. La culture ne peut se limiter à un patrimoine à transmettre. Elle est un perpétuel mouvement fait de découvertes et de constructions, d’héritages et d’appropriations. Au coeur même des difficultés sociétales que nous vivons actuellement se niche une profonde crise culturelle. Le modèle de la transmission d’une culture constituée, imposée à tous (celle qui apprenait à tous les « petits Français » leurs ancêtres les Gaulois ou celle qui cherche à normer l’identité française) n’a pas de sens et ne peut être acceptée. Pour autant, rien — ou si peu de chose — n’a été mis en place pour permettre l’émergence d’une culture partagée en construction : une culture qui rende à la fois compte de notre appartenance commune à un ensemble de valeurs humanistes partagées et respecte la diversité des individualités et des parcours. Cette démarche de démocratie culturelle reste à construire et, pour l’accompagner, notre système d’Éducation dans son entier (scolaire et non scolaire) doit profondément se réformer.

Le changement passe donc par la refondation.

La refondation demande de poser de nouvelles fondations. Ces nouvelles fondations doivent être communes à tous, garanties à tous. Elles doivent mobiliser toutes les forces de la Nation dans son système d’Éducation.

Nous appelons ces fondations le socle commun rénové parce que nous ne partons pas de rien. Parce que, bien que dénaturée et dévoyée, cette démarche s’est déjà invitée dans l’institution. Elle a déjà fait bouger les lignes. Contre certains conservatismes, les enseignants, la communauté éducative se sont emparés de cette nouvelle logique qui articule contenu et processus, connaissances et compétences, savoirs constitués et démarches instituantes.

Pour les éducateurs que nous sommes, l’idée que les différences (sociales, culturelles, économiques…) puissent être exacerbées par l’éducation, n’est pas acceptable. L’Humain, le Citoyen de demain ne sera émancipé qu’à la condition que son éducation première ait fait de lui un être sensible, critique, au libre arbitre, capable de maîtriser la complexité des choses et leur inscription dans l’histoire, les langages, des approches intellectuelles et physiques. Un être capable de bâtir sa vie de manière autonome et de la vivre de manière active au sein de la collectivité.

Denis ADAM

Secrétaire national

« Education, Culture et Société » de l’UNSA éducation

Ivry-sur-Seine, le 28 août 2012

 
 
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