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SE-UNSA 93


 Par SE-UNSA 093
 Le  lundi 26 mai 2014

le CSP veut- il la mort du socle ?

 
 

La question est provocatrice et les membres du Conseil Supérieur des Programmes qui ont reçu le SE-Unsa le 19 mai pendant plus de deux heures nous ont assuré que non.

Ils partagent notre conviction que les contenus actuels de la scolarité obligatoire, leur conception, leur définition, leur didactisation, leur évaluation, leur certification doivent être modifiés pour répondre avec succès aux enjeux de la démocratisation scolaire.

Ils sont convaincus qu’un socle commun redéfini doit mettre l’accent sur les compétences (« je sais utiliser mes connaissances et toutes les autres ressources disponibles pour agir »).

Ils sont convaincus que notre façon d’évaluer (les notes, les moyennes et les examens traditionnels) est contre-productive.

Ils sont convaincus que tous les personnels impliqués dans la formation des jeunes Français doivent se former à une pédagogie plus porteuse de réussites et moins génératrice d’inégalités.

C’est ce qu’ils nous disent.

Pourtant, ce n’est pas ce que le CSP a transcrit dans son projet du 16 mai soumis à l’avis des principales organisations syndicales, dont la nôtre.

Le SE-Unsa a exprimé des critiques fortes sur ce projet.

  • Il introduit une rupture non-justifiée avec le socle précédent, dont on ne voit pas en quoi elle améliorera les apprentissages des élèves mais qui déstabilisera les enseignants. Il abandonne les 7 piliers hérités des compétences-clés européennes au profit de 5 domaines de formation hétérogènes (pour faire simple, un domaine listant des « préalables », les langages fondamentaux, un domaine « méthodologique », un domaine « comportemental », deux domaines « culturels ») difficilement évaluables.
  • Il ne prend pas en compte dès la rédaction des contenus la question de l’évaluation et de la validation et laissera les enseignants désemparés face au problème. En ce sens, il ne propose aucun progrès par rapport au socle précédent.
  • Il n’est pas pensé en acquis pour les élèves, mais bien toujours dans une logique de transmission de contenus pour accéder au lycée général et technologique. Parce qu’il vise l’excellence culturelle pour tous, il ne garantit rien à personne. En ce sens, il ne change rien à la situation actuelle et aux programmes scolaires tels qu’ils existent.
  • Il ne part jamais des questions des enfants et des jeunes, de leurs interrogations ici et maintenant, il ne prend pas en compte ce qu’ils apprennent du monde en dehors de l’école, dans leur famille, avec leurs copains, dans les médias. Seule l’école serait capable de les faire grandir.
  • Il oublie tout simplement un des objectifs fixé par la loi, préparer à la vie personnelle et professionnelle.

Pour résumer, il ne marque pas de rupture significative avec les programmes actuels, hormis l’introduction explicite des outils nécessaires aux apprentissages.

C’est grave ! L’occasion est historique : il ne faut pas la manquer.

Il ne faut pas la manquer pour tous les élèves, ceux qui réussissent scolairement comme ceux qui échouent. Il ne faut pas la manquer pour tous les enseignants qui souffrent des prescriptions inadaptées, des discours contradictoires, des compromis politiques qui les placent dans des dilemmes professionnels insolubles.

Le SE-Unsa est un militant du socle commun. Il est exigeant mais surtout il est constructif. Son projet pour le socle commun est ici.